Chaos culturel artistique : Le temps de la prise de conscience

Chaos culturel artistique : Le temps de la prise de conscience

Dans son message à la Nation du 2 avril 2020 sur la pandémie du covid-19, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a énoncé des mesures d’accompagnements pour de nombreux secteurs vitaux. Pour soutenir la relance du secteur de la Culture, des Arts et du Tourisme, l’Etat a, pour ce faire, prévu un milliard vingt-cinq millions (1 025 000 000) F CFA. Un comité de réflexion sur le plan d’appui aux acteurs culturels burkinabè a été, à cet effet, officiellement installé, le lundi 6 avril 2020 à Ouagadougou. Les membres du comité sont, entre autres, chargés de déterminer les formes de préjudice, d’identifier les activités déjà programmées et non mises en œuvre du fait du covid-19, de déterminer les critères d’accompagnement pour chaque situation, de déterminer les conditions possibles d’accompagnement, etc.

Alors, au regard de l’impact négatif des mesures sanitaires (couvre-feu, quarantaine) sur le secteur de la culture, ces mesures prises par les premières autorités du pays sont à saluer. Car, de nombreuses activités culturelles, depuis l’apparition de la pandémie, ont été reportées, voire annulées. Un véritable coup dur pour les acteurs de la culture dans leur grande majorité.

Ce fonds qui sera opérationnel à l’issue des travaux des membres du comité de réflexion viendra donc comme une bouffée d’oxygène pour le secteur de la culture. Mais il est à noter que cette cagnotte de plus d’un milliard de FCFA ne s’apparente pas du tout à des frais de dédommagement à l’endroit de certains individus. Et le ministre, Sango l’a si bien relevé : « Le but de ce comité n’est pas de distribuer ce fonds comme des beignets, mais de relancer le secteur ». Il rappelle clairement que la somme allouée a donc pour finalité la relance de l’économie du secteur de la culture, des arts et du tourisme. Ça serait alors une absolue désillusion pour ceux qui penseraient déjà à renflouer leurs poches.

Ne dit-on pas toutefois qu’à quelque chose malheur est bon? La maladie à Coronavirus aura permis, en effet,  de dévoiler l’inorganisation individuelle, collective, structurelle qui caractérise le Burkina Faso. Et le secteur de la culture n’échappe pas à la règle.

La fin de l’Etat providentiel

Depuis l’instauration de la quarantaine et du couvre-feu, et la fermeture des marchés, les acteurs du secteur informel,  et notamment ceux de la culture ne cessent de demander des mesures d’accompagnement pour pouvoir vivre décemment. L’Etat est certes garant du bien-être de tous les citoyens sans exclusion, mais d’une manière générale, l’on a tendance à (trop) croire que c’est le gouvernement qui résoudra tous nos problèmes financiers.

Avec la crise sanitaire du Coronavirus, l’on se rend compte que le gouvernement burkinabè, à l’instar de ceux de la sous-région, est incapable d’anticiper et de gérer correctement les problèmes. L’Etat ne dispose pas de moyens illimités. Alors comment veut-on que ce même gouvernement puisse gérer  la situation financière des Burkinabè, et en particulier des acteurs culturels? C’est une grosse illusion de croire le contraire. Le Coronavirus et ses répercussions économiques ne seront sans doute pas la dernière crise que connaîtra le monde y compris le Burkina Faso. Il appartient donc aux Burkinabè, et aux acteurs culturels en particulier de méditer sur les enseignements que vient de nous donner le Covid-19.

 Il faut dès lors anticiper, se projeter dans l’avenir. Bref, il faut « mouiller le maillot » au propre comme au figuré pour donner une autre dimension à sa carrière. Le temps est venu pour nos acteurs culturels de se mettre résolument au travail. L’ère de l’Etat providentiel n’existe presque plus. Il est nécessaire de se départir, une bonne fois pour toute, de la mentalité de l’éternel assisté. Verra-t-on  Jay-Z, 50 Cent, Béyoncé, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Serges Beynaud, Youssou N’Dour, Fally Ipupa, etc. demander des mesures d’accompagnement à leurs gouvernements respectifs dans cette actuelle crise du Covid-19? Jamais.

Atteindre le niveau de ces stars relève, pourtant, du domaine du possible à condition de faire du travail, de la détermination, et de l’engagement, ses alliés.

 La Rédaction

CATEGORIES
MOTS-CLES
Partager