Streaming musical : La rémunération des artistes au cœur des échanges à Ségou

Streaming musical : La rémunération des artistes au cœur des échanges à Ségou

« Le marché du streaming musical et la rémunération des artistes », c’est le thème qui a fait l’objet d'une table ronde au Centre Culturel Kôrè de Ségou, le 1er février 2024. Experts, artistes et autres acteurs culturels, en 120 minutes se sont véritablement penchés sur la problématique de la rentabilité économique des plateformes de streaming en Afrique, tout en proposant des pistes de solutions.

Ce sont des experts culturels, des enseignants chercheurs, des artistes, des entrepreneurs culturels, des créateurs de contenus, entre autres qui sont invités à cette table ronde. Face à des participants visiblement curieux et passionnés, les différents panélistes, assez nombreux, n’avaient pourtant pas plus de deux minutes, pour partager leurs connaissances et expériences sur « Le marché du streaming musical et la rémunération des artistes ».

Des interventions, il se laisse comprendre que le streaming est un moyen technologique qui permet aujourd’hui, aux artistes et autres créateurs de contenus de diffuser et d’être rémunérés. Si ce nouvel outil semble être plus rentable ailleurs (dans l’industrie musicale américaine ou celle occidentale….), force est de constater que dans la plupart des pays africains, l’applicabilité de la monétisation à travers le streaming musical notamment Youtube, se pose avec acuité.

Les panelistes avaient chacun quelques minutes pour développer une communication

Selon l’un des panelistes, l’Ivoirien Guy-Constant Neza, label manager chez Believe digital, « il y a entre 700 et 800 millions d’Africains qui, quotidiennement vont sur Youtube ». Il relate à propos, une anecdote sur une télévision de gauche en France qui poste régulièrement des vidéos sur Youtube. « Ils (ndlr le rédacteur en chef et son équipe) n’ont pas la même audience lorsqu’il s’agit d’un sujet africain. S’ils disent par exemple, il y a une situation au Mali et qu’ils appellent des spécialistes pour discuter, ils ont environ un million de vue. En tout cas, ils ont une audience incroyable. Par contre, quand ils postent un contenu par rapport à la France elle-même, c’est 20 mille ou 100 mille vues. Ils se sont alors réunis et se sont dit que l’Afrique est intéressante », a témoigné le panéliste ivoirien. L’Afrique, déduit-il, a de potentiels consommateurs, mais pourquoi les grands détenteurs de plateformes de streaming ne sont pas équitables en termes de monétisation en Afrique?

L’Afrique doit-elle réclamer légitiment ses droits ? L’Afrique doit-elle rester silencieuse dans la peau d’une victime ? L’Afrique ne doit-elle pas aussi envisager de s’approprier un tel outil aussi puissant ? Quelle est la part de responsabilité des politiques au niveau national ou supranational africain ?  Les préoccupations, les questionnements et autres réactions des uns et des autres fusent de partout.

Docteur Hamadou Mandé (gauche) et Luc Mayitoukou (droite)

Pour l’enseignant chercheur, homme de théâtre et expert culturel burkinabè, docteur Hamadou Mandé, la problématique est assez perceptible au plan politique et même au niveau des actions. Il n’existe pas, à l’en croire, un dispositif qui protège les artistes africains et les politiques culturelles. Qu’il s’agisse de l’écosystème local ou régional, certaines politiques sont dépassées vis-à-vis de l’évolution du monde actuel.

Les textes qui sont adoptés au niveau local ou sous régional, affirme-t-il ne sont ni appliqués ni adaptés au besoin du moment. Le panéliste burkinabè décrie également l’individualisme et la dispersion des acteurs, qui ne constituent pas un cadre de réflexion collective pouvant générer une pensée collective et créer une capacité d’aller en rangs serrés vers une conquête de marché. « La question de la rémunération se pose de façon claire. L’Afrique, quand on veut imager, est la vache laitière actuellement. On a une contribution importante, mais on a un retour sur investissement presque nul », a regretté le docteur Hamadou Mandé. Il va pointer du doigt une démission d’une part de l’Etat soit par ignorance, soit par incapacité dans cette économie de la culture générée par le streaming, et d’autre part une démission des organisations internationales.

Salle comble pour le thème développé

Il estime qu’il est donc nécessaire de fédérer les énergies pour aller vers un travail de lobbying qui va amener et les Etats et les Organisations régionales et sous régionales à se saisir de la question sur la rémunération des artistes africains à travers le streaming.

Il faut rappeler que la table ronde a connu la participation de plusieurs icônes de la culture. Ce sont l’artiste engagé Didier Awadi ; l’entrepreneur culturel Luc Mayitoukou ; le professeur de littérature et civilisations africaines à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, Ibrahima Wane ; entre autres.

Malick SAAGA depuis Ségou

Kulture Kibaré

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