« Sira » : Du vacarme dans l’air

« Sira » : Du vacarme dans l’air

La 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), a refermé ses portes, le 4 mars 2023. Comme il est de coutume, le clap de fin braque toujours les projecteurs sur les meilleures œuvres cinématographiques qui ont aguiché émotionnellement et surtout techniquement les professionnels qui composent les différents jurys.

Alors, sur les 170 films de la sélection officielle, cette année, c’est le long métrage fiction intitulé « Ashkal » du Tunisien Youssef Chebbi qui a été désigné Etalon d’or Yennenga, le sacre suprême du FESPACO. Il est suivi d’une kyrielle de prix officiels et spéciaux dont « Sira » d’Apolline Traoré. Elle enfourche quant à elle, un Etalon d’argent.

Si la réalisatrice burkinabè a longtemps convoité l’or au FESPACO pour couronner son parcours, il faudra encore attendre. « Sira » a bien été accueilli par les festivaliers certes (guichet fermé à la première projection le 28 février 2023 au Ciné Neerwaya, sympathie des Burkinabè, pronostics favorables, propagande, etc.), mais que vaut l’avis des cinéphiles dans l’évaluation technique des œuvres par les jurys?

La forte conviction des profanes du 7e art et fans d’Apolline Traoré avait déjà rendu le verdict. Les jurys, sereins et imperturbables ont délibéré selon des critères techniques. D’ailleurs pour ces érudits du cinéma, l’œuvre d’Apolline Traoré n’était pas la meilleure ni en image, son, musique, décor, montage, interprétation féminine et masculine, encore moins en scénario.

A partir de cet instant, il fallait comprendre qu’un Etalon d’or Yennenga n’était pas une évidence pour notre compatriote. Le contraire allait plutôt surprendre et créer la plus grande controverse et une incohérence du jury officiel. Comment un film qui ne dispose d’aucun prix dans la meilleure collaboration artistique fiction long métrage peut-il se retrouver à la meilleure place ? La surprise même, c’est l’Etalon d’argent. Est-ce pour consoler les Burkinabè qui se battent pour leur chose ?

Une chose est certaine, les partenaires nationaux et internationaux d’Apolline Traoré ont délié les cordons de la bourse pour la production et postproduction de « Sira ». Le Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT), à travers le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) avec l’appui de l’Union européenne (UE), dans le cadre du Programme d’appui aux industries créatives et à la gouvernance de la culture (PAIC GC), a octroyé suite au 2e appel à projets, une subvention de 39 millions Fcfa à « Les Films Selmon » pour la production de « Sira ». Ce même long métrage fiction a également bénéficié d’un montant de 50 millions FCFA du Secrétariat technique du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (ST/CNCA) dans le cadre de la subvention de l’Etat burkinabè à la production et postproduction des œuvres cinématographiques et audiovisuelles. Que dire des soutiens financiers, matériels, etc. des autres partenaires brandés sur l’affiche officielle de « Sira » !

Au finish, la moisson semble bonne pour la bonne dame. Des Burkinabè restent peut-être peu déçus, mais la réalisatrice se frotte certainement les mains avec cinq distinctions dans le palmarès des prix spéciaux et officiels au FESPACO 2023 (prix de la meilleure réalisation Ouest-africaine, prix spécial de l’Assemblée législative de transition du Burkina Faso, prix Houphouet Boigny, prix spécial Wateraid et Etalon d’argent), le tout d’une valeur estimée à 42 millions FCFA. De l’or donc au Tunisien et de l’argent à la Burkinabè.

Comme vous le constatez, le 3e Etalon d’or Yennenga burkinabè ne sera pas pour l’instant, malgré la fixation passionnée, démesurée et arbitraire de certains Burkinabè sur le film « Sira ». Le cinéma a ses codes que les profanes n’arrivent pas à décrypter. C’est pourquoi, il est parfois sage que le jugement émotif se taise au détriment de l’œil technique. Le vacarme n’y peut rien. 

Qu’on se la prenne dit, une bonne fois pour toute, la fixation maladive des Burkinabè sur l’Etalon d’or Yennenga nous éloignera toujours de ce précieux trophée. Autrement dit, il faut éviter de réaliser des films taillés sur mesure pour le FESPACO. Il faut juste redoubler d’effort dans la formation, et réaliser des films qui répondent aux normes requises universelles. Le reste va s’imposer naturellement.

La Rédaction 

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COMMENTAIRES

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    Eugene Da 1 an

    Cet article est cependant tres negatif meme si bien sur nous respectons le choix avise du jury. L’article qui denomce des reactions emotionnelles des burkinabe a verse dans cette emotion par la negativite dand l’analyse qui laisse entrevoir a ras le bol du fait du sourien legitime des burkinabe a leur compatriote.