Etat d’urgence et pratique artistique : Quelles œuvres pour l’effort de guerre ?

Etat d’urgence et pratique artistique : Quelles œuvres pour l’effort de guerre ?

Le gouvernement burkinabè a déclaré l’état d’urgence, depuis le 30 mars 2023, dans huit régions du pays. Cette nouvelle mesure vient encore restreindre certaines libertés des populations.  Mais, le jeu en vaut la chandelle, parce que la survie de la patrie en dépend.

A quand la fin des attaques terroristes au Burkina Faso ? A quand la paix ? Dans un mois ? Deux ans ? Une décennie ? Nul ne saurait répondre avec certitude.

Après avoir souffert des restrictions liées à la Covid-19, de l’interdiction de « réjouissance populaire », de l’annulation ou des reports d’évènements culturels, des « deuils nationaux », les acteurs culturels doivent une fois de plus faire face à un questionnement réaliste. Quel(s) comportement(s) en faveur de l’effort de guerre sollicité par la Transition ?

Dans ces moments de doute et de forte incertitude où l’on demande de fédérer les intelligences et les énergies pour libérer le pays de la nébuleuse, les artistes, dans cet élan de solidarité généralisé, ne devraient-ils repenser leur pratique artistique ? Lire aussi : https://kulturekibare.com/2019/09/25/et-si-le-cinema-burkinabe-commencait-a-rever/

« L’art est le résultat du travail de la collectivité ou d’un individu qui crée à partir des réalités de sa société », c’est ce qu’affirme le docteur Souleymane Ganou, dans son ouvrage « Pour une anthropologie de la création musicale, clip vidéo, identité culturelle et développement », même si l’auteur précise que « créer à partir des réalités ne rime pas forcément avec la reproduction des modèles sociaux dans l’art, mais c’est aussi dépasser ses réalités dans une perspective de changement de données séculaires ». Il est assez clair que l’artiste est influencé par la société. Il peut aussi influencer son environnement et changer le cours des choses.

Alors, adopter une pratique artistique qui répond aux besoins du moment, paraît si judicieux, indispensable, nécessaire et très opportun dans la situation actuelle du pays des Hommes intègres. Nous ne sommes pas dans une situation normale de paix et qui offre un vaste champ de libertés d’agir, de faire et de penser. Nous sommes en guerre et le devoir nous appelle tous. A défaut de s’enrôler au front, il faut se montrer plus utile à accompagner la lutte.  

Il y a certes eu des actions de collectes de fonds et de vivres au profit des PDI. Il y a même eu des œuvres théâtrales, musicales, cinématographiques et chorégraphiques qui se sont penchées sur le contexte du Burkina Faso, à travers des créations perceptibles d’hommage, de louange des héros, etc. Mais force est de constater que les œuvres ludiques du genre « bouges tes fesses… saute moi le champagne … je t’aime, moi non plus… embrasse-moi bébé… » continuent d’animer les espaces. On ne peut pas se permettre de faire la fête pendant que les uns tombent au front et les autres s’entassent péniblement dans les sites de Personnes déplacées internes.

Ce qu’il nous faut, au risque de nous répéter, ce sont des œuvres qui questionnent et participent à l’effort de guerre, des œuvres qui requinquent, mettent en exergue la bravoure des forces combattantes, etc. Il nous faut une pratique artistique qui va avec la situation.

Quant aux acteurs culturels, autres qu’artistes, développer des initiatives patriotiques de soutien, de communication, de sensibilisation, etc. serait la bienvenue. C’est en cela que le projet « La Grande Nuit du Patriotisme » sous l’égide du militaire chanteur, Kezi est à saluer. Il s’agit d’un cadre qui vise à galvaniser les FDS et les VDP, à encourager toute forme d’élan de recherche de la paix, de la cohésion sociale, de l’unité nationale sur fond de spectacles chorégraphiques, de concert musical, de messages de galvanisation, de promotion du vivre ensemble, etc. N’est-ce pas ingénieux, opportun et utile dans le contexte actuel ? Fermons donc la parenthèse, un tant soit peu, des œuvres ludiques et restons focus sur tout ce qui peut permettre aux Burkinabè d’engranger des victoires.

La Rédaction

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