Dez Altino : Le nouveau cap

Dez Altino : Le nouveau cap

Le 29 octobre 2022, Dez Altino a donné un spectacle devant des milliers d’hommes et de femmes acquis à sa cause musicale. La cuvette du Canal Olympia Ouaga 2000 a presque refusé du monde, dans son espace spectacle. Mélomanes, fans, personnalités politiques, autorités coutumières, artistes nationaux influents et toute la crème du monde culturel étaient tous présents. Face à cette énergie débordante du public, la star nationale qui était à l’honneur n’avait d’autres choix que de relever ce grand défi artistique.

Il est 22 heures et quelques minutes, Dez Altino est annoncé. Mais, personne ne l’aperçoit. Sur la scène, ce sont ses musiciens qui font le show, d’entrée de jeu. La chorégraphie des danseurs laisse percevoir de fortes énergies.

Un projecteur est braqué sur un homme au milieu des spectateurs. C’est Dez Altino. Assis sur un trône et vêtu de blanc, il est porté par ses « gorilles ». C’est l’émotion dans la foule. Dez Altino entonne un chant du terroir moaga truffé de mythes et de légendes. Il reprend ensuite l’hymne national avec le public en chœur. Puis, dans une chanson triste, il fait doser le tempo et s’exprime sur un air mélancolique. Le sens des phrases traduit l’amertume, la souffrance, etc. Dez Altino recherche la voie tracée et surtout le salut, à entendre ses mots. C’est alors qu’un vieux sage apparaît. Il s’agit de l’international conteur, KPG. Canne en main, il s’adresse à Dez Altino en parabole. Le conteur est précis et concis dans son oralité. Il raconte, conte, explique, conseille, oriente et guide le « prince national ». Dez Altino chante son histoire et enchaîne ses autres œuvres du répertoire de la soirée. Chaque titre a toujours un lien avec l’autre.

Dans le dénouement du spectacle,  on constate que le « prince national » qui a été conduit au pouvoir par la masse a été triomphalement brandi, au finish comme un trophée.

Le début du spectacle ne dépeint-il pas la situation politique actuelle du Burkina Faso? Espérons que le dénouement avec le nouvel homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré (le choix des insurgés) en soit ainsi.

Dez Altino, pour ceux qui suivent l’artiste depuis son entrée en scène en 2006, n’était pas à ce niveau de spectacle. D’ailleurs, il a, à maintes reprises, été reproché d’être un « artiste du play-back ». Il a cloué les becs par le travail acharné.

La Rédaction de Kulture Kibaré, il y a deux ans, fustigeait les prestations live linéaires de l’artiste. « On apercevait un Dez Altino qui tentait de s’inscrire dans une nouvelle dynamique, avec d’autres rêves. L’intention et l’approche salutaires, ont vite été écourtées. Puisque Dez Altino continue de prester de la même façon. Ses prestations live nous laissent de plus en plus indifférents », avions-nous écrit le 21 décembre 2020.

« Tout change, tout évolue, seuls les imbéciles ne changent pas », chante la star ivoirienne, Alpha Blondy. Courber l’échine, c’est la marque des grands Hommes. Et Dez Altino, conscient, s’est humblement résigné à prendre en compte toutes les critiques et observations des mélomanes avertis, des journalistes et de toutes ces personnes qui, de façon franche et sincère l’ont interpellé.

L’exploit du 29 octobre 2022 restera historique, une leçon d’humilité d’une célébrité qui accepte les suggestions et autres apports quelle que soit la manière. Dez Altino fait un grand saut dans sa carrière. Pour nous, c’est le nouveau cap d’une carrière plus ambitieuse.  Le spectacle a été pensé, réfléchi et cohérent. Ce n’était pas un concert avec des chansons alignées et indépendantes. Non. Il y a eu une mise en scène avec les orientations du comédien, dramaturge et metteur en scène burkinabè, Aristide Tarnagda.

Dez Altino a compris cet enjeu artistique. Il faut se l’avouer, il marche vers la cour des grands artistes. Qu’il maintienne cette dynamique et se dissocie de la marche de la masse tout en construisant toujours ses spectacles avec un directeur artistique et un metteur en scène. Nous avons la ferme conviction que c’est le véritable chemin du succès à l’international.

La Rédaction  

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