Soutien aux PDI : Ces acteurs culturels méritent le Respect
Le Burkina Faso fait face depuis janvier 2016 à une recrudescence des attaques terroristes sur son sol. Cette situation a plongé, au fil du temps le pays dans une profonde crise sécuritaire. Dans un tel contexte le déplacement des populations vers des zones moins exposées aux attaques barbares est devenu presque quotidien. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Burkina Faso, ce sont 1 902 150 Personnes déplacées internes (PDI) qu’enregistrait le Burkina Faso à la date du 30 avril 2022. Cinq mois après, n’avons-nous pas dénombré plus, puisque les alertes et les attaques sont récurrentes ?
Le gouvernement burkinabè et ses partenaires, depuis la crise sécuritaire essaient tant bien que mal de venir à bout de ce mal. Dans cette dynamique, les acteurs du monde culturel et artistique (du moins certains) ne sont pas restés indifférents.
Des artistes burkinabè, face à la double crise (sécuritaire et sanitaire) ne manquent pas d’efforts pour exprimer leur générosité envers les PDI. Si les uns se contentent de créer des chansons d’hommage et de soutien, les autres, bien plus concrets et pragmatiques se déplacent de site en site, bravant tous les risques possibles pour occuper et animer les PDI.
L’international danseur chorégraphe burkinabè, Salia Sanou en prélude de la préparation de « Dialogue de corps » 2020 avait présenté un groupe de danseurs, exclusivement des PDI et des réfugiés maliens recueillis et initiés à la danse dans le cadre du projet Hors Limite 3.
L’Association Kalfa à travers le projet « Suuduu Fina » a animé des ateliers artistiques dans les sites de PDI, a partagé des repas communautaires, a offert des kits scolaires et a parrainé des enfants PDI à Pazani (Centre), à Bisnogo et Louda (Centre-Est). Ce sont plus de 42 ateliers qui ont été dispensés au profit de 45 enfants PDI.
Que dire de l’artiste chanteur célèbre, Dez Altino qui continue de multiplier ses actions de générosité envers les PDI dans cette double crise? Encore récemment, il s’est rendu à Ouahigouya (Nord), loin des projecteurs, pour offrir des vivres aux PDI. Le prince national comme on l’appelle affectueusement dans le milieu, s’est aussi investi dans une chanson d’hommage aux PDI.
L’Association burkinabè des femmes artistes musiciennes (ABFAM) n’est pas en reste. Elle a, à tarvers Maï Lingani et quelques membres tendu une main généreuse aux PDI de l’arrondissement 6 de la ville de Ouagadougou.
Tous ces champions de la générosité parmi méritent plus qu’un banc. Ils ont mis la main à la pâte avec les moyens dont ils disposent pour aider des Burkinabè en difficulté face au triste sort actuel.
Cependant comme nous l’avons relevé, à plusieurs reprises, dans les colonnes de Kulture Kibaré, une majorité du monde de la culture traine le pas dans cet élan et donne l’impression de ramer à contre-courant.
Ils sont pourtant plus de 10 000 artistes créateurs en activité au Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA). Que font alors les autres ? Le pire, c’est cette indifférence de certaines corporations d’artistes. Ont-elles du cailloux à la place du cœur?
Tous autant que nous sommes, nous sommes des filles et fils d’un même pays, d’une même nation. Presqu’absents au temps fort de la COVID-19 où toutes les couches de notre société ont mis la main à la poche afin d’offrir des gels, masques, certains acteurs culturels ont plutôt préféré jouer la carte de la victimisation et des plaintes quant à l’arrêt ou à la morosité de leur secteur d’activité.
En tout cas, un constat se dégage de cette situation du Burkina Faso : la majorité de nos acteurs culturels est plutôt dans la réception que dans le don. Autrement dit, bon nombre d’entre eux, adorent recevoir plutôt que de donner. Ils sont sous une éternelle assistance de l’Etat ou des partenaires financiers du Burkina Faso.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Espérons donc qu’ils seront nombreux à emboiter le pas de ces artistes qui méritent le Respect des Burkinabè.
La Rédaction