Musée national : Onze « bébés » à choyer

Musée national : Onze « bébés » à choyer

Le Musée national met en valeur les habitats traditionnels de onze groupes ethniques du Burkina Faso, à travers un mini village bâti dans sa cour, à Ouagadougou. A travers cette initiative, c’est un pan essentiel de notre culture commune qui est donné à voir aux Burkinabè et ceux qui visitent le pays.

L’acte posé célèbre en plus, la diversité culturelle entre les différentes ethnies et les différentes similitudes qu’elles ont en partage.

Ce projet sur les habitats traditionnels est chargé de symboles d’autant plus qu’il fait un clin d’œil aux liens qui unissent les communautés dans ce contexte si difficile pour le pays des Hommes intègres où le vivre ensemble est quelque peu ébranlé.

Promue par l’ambassadrice de bonne volonté du Musée national, la productrice et réalisatrice de film, Apolline Traoré, ce joyau a drainé du monde à son inauguration le 31 mai 2022. Chaque Burkinabè devrait faire un tour dans ce village pittoresque qui célèbre en quelque sorte l’unité nationale et notre communauté de destin.

En somme, une très belle initiative qui mérite une fois de plus d’être saluée et encouragée.

Toutefois, ces « Habitats du Faso » suscitent diverses interrogations. La principale est sans doute celle-ci : sur quels critères ont été conçus ces onze habitats ?

A défaut de reproduire une soixantaine d’habitats (ce qui serait d’ailleurs laborieux et coûteux), l’initiatrice a peut-être fait de son mieux pour faire correspondre plus ou moins le nombre d’habitats à celui des ethnies réparties dans les trois grandes familles ethniques que compte notre pays : Voltaïque (mossé, gourmantché, gourounsi, lobi-dagara), Mandé (sénoufo, bissa, samo) et Sahélienne (peuhl, touareg…). C’est du moins la déduction que nous pouvons en tirer jusqu’à preuve du contraire.

En attendant, il faut également, si ce n’est déjà fait, que le contenant de chacun des habitats présente les principaux outils, objets, tissus caractéristiques, voire le mode de vie de ces communautés. En outre, qui dit musée dit fréquentation. C’est l’autre défi donc à relever.

En plus du public, une sensibilisation ou une grande campagne de communication doit être lancée au cours des vacances scolaires qui s’annoncent et même à l’entame de la rentrée scolaire 2022-2023 pour « conquérir » les élèves et étudiants. Et cela, comme on le voit, demande davantage de moyens. Apolline Traoré en est certainement consciente.

Une chose est sûre. Lors de la cérémonie au Musée national, la ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Valérie Kaboré, suite à une requête de la cinéaste, a promis que son département accompagnera ce projet. Croisons les doigts pour que cela ne soit pas un vœu pieu. Car, ces habitats traditionnels, au-delà la joie de leur mise en place, doivent être sérieusement entretenus, voire renforcés. Et c’est ici que le département en charge de la culture ainsi que les plus hautes autorités du pays doivent être interpellés.

Au regard de l’entretien très discutable déjà réservé aux différents objets exposés au Musée national, il est tout à fait légitime de s’inquiéter du sort qui sera réservé à ces onze habitats traditionnels. D’ailleurs le cas des Fourneaux de Tiwèga et des Ruines de Loropéni inscrits au patrimoine de l’humanité est assez révélateur de cet état de fait. Peut-être que faire vivre/entretenir chaque communauté représentée (permanence de groupes sociaux) dans son habitat identitaire pourrait mieux contribuer à la préservation de ces joyaux. En tout cas, il faudrait bien prendre soin de ces onze « bébés ».

La Rédaction

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