Mesure d’urgence du BBDA : Percevoir ou ne pas percevoir ses 30 000 FCFA ?
La pandémie du coronavirus a pour corollaire la suspension des spectacles et autres activités artistiques. Les espaces récréatifs et autres lieux de réjouissance sont hermétiquement fermés. Les créateurs d’œuvres artistiques et littéraires se retrouvent pratiquement en situation de chômage technique. Parce que, culturellement tout serait à l’arrêt. Comment alors s’en sortir économiquement en tant qu’artiste surtout en de pareilles circonstances ?
Conscient de cette situation malheureuse, le Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), a dans la foulée, pris une mesure d’urgence. Il a transformé une partie du Fonds de promotion culturelle de 2020, d’un montant de 150 millions de FCFA en Fonds exceptionnel de solidarité pour ses créateurs membres.
Un fonds pour les créateurs nécessiteux
L’intention est dûment bonne, car il s’agira d’un geste qui soulagera plus d’un. Sur plus de 7000 créateurs membres que compte le BBDA, seulement 4759 bénéficieront des 150 millions de FCFA à repartir. Chaque bénéficiaire empochera mathématiquement 31 519, 22673 FCFA et pour faire rond, disons 30 000 FCFA. Et au BBDA d’insister que ce fonds exceptionnel s’adresse plus aux artistes les plus « vulnérables » voire les plus « nécessiteux » en cette période de crise.
C’est pourquoi cette solidarité du BBDA est dite « optionnelle ». Elle sous-entend qu’il existe bien évidement des artistes « nantis » et des artistes « misérables » au sein du BBDA. Alors les premiers devraient selon le souhait de la maison de gestion collective des droits, s’abstenir de postuler en laissant l’avantage aux seconds qui en ont le plus besoin. Nécessiteux ou nantis, faut-il le percevoir ou pas ? Ça tergiverse chez les uns.
De prime abord, il faut battre en brèche cette idée susceptible de créer des frustrations. Les termes « nécessiteux », « vulnérable » ou encore « artistes qui en ont le plus besoin » ne sont-ils pas péjoratifs, frustrants ? Qui est artiste « riche » et qui est artiste « pauvre » du BBDA ? En excluant d’office les membres créateurs qui sont fonctionnaires ou salariés du privé n’est pas un choix judicieux en soi. Rien n’indique que ces derniers ne sont pas dans le besoin ou ne sont pas aussi vulnérables. Tout compte fait, ça reste une solidarité optionnelle approuvée par le Conseil d’administration extraordinaire du BBDA dont siègent des artistes fonctionnaires et autres salariés.
30 000 FCFA, une aide, un droit
L’autre fait est que cette communication du BBDA n’est pas appropriée. Elle tue complètement le mythe de l’artiste et le considère comme un mendiant larmoyant. Certains même se sont sentis insultés, dévalorisés ou même ridiculisés. Il est bien vrai que la situation actuelle d’infortune a présenté une autre vilaine face de l’artiste burkinabè, mais ce fonds d’aide reste tout de même un droit pour lui.
Car, le Fonds exceptionnel de solidarité qui est en réalité le Fonds de promotion culturelle provient de la cotisation de l’artiste membre du BBDA. Ledit fonds est alimenté à 50% de la collecte sur la copie privée et 5% de la collecte traditionnelles (Bars, maquis, radio, etc.). C’est une partie de la redevance des droits que les utilisateurs reversent au BBDA. C’est une somme qui revient de droit donc à tout créateur membre du BBDA. Alors doit-on renoncer à son droit légitime pour ne pas être qualifié de nécessiteux ?
Le paiement qui débutera le 29 avril prochain n’impliquera pas une présence physique de l’artiste au siège du BBDA. Depuis sa bicoque ou encore son château, et en un clic, le BBDA se chargera de lui déposer sa part. C’est ni vu ni connu. Vous percevez vos 30 000 FCFA ou vous ne le percevez pas, aucun service du BBDA ne dévoilera sur la place publique, les artistes qui en ont bénéficiés ou pas. Et même si c’était le cas, cette modique somme de 30 000 FCFA est le fruit de votre création. Autant la percevoir et la remettre aux personnes dont vous jugez vulnérables autour de vous ou même à des collègues artistes de votre choix. En tout cas, c’est votre droit de la toucher sans aucun complexe.
La Rédaction
