Cinéma burkinabè : Ça nous saoule maintenant les mêmes thématiques

Cinéma burkinabè : Ça nous saoule maintenant les mêmes thématiques

A Ouagadougou, capitale du cinéma africain, les films se suivent et se ressemblent. Depuis les cinq dernières années, le 7e art burkinabè fait montre d’une monotonie sans précédent au regard du contenu des différentes productions cinématographiques. Adieu Belle-mère ; 15 avril ; Trompe-moi, si tu peux ; Ouaga Zoodo ; Congé de mariage ; La folie du millionnaire ; Ma belle-sœur à tout prix ; Biba ou la Cité de la passion, la liste est très longue. Les scénarii et les histoires, comme on le constate, tournent autour du nombril de l’autre moitié du ciel.

Autrement dit, ce sont des films à l’eau de rose d’un goût douteux qui sont régulièrement servis aux cinéphiles burkinabè. Sommes-nous en panne d’inspiration, ou à court d’idées? Une chose est sûre, nous sommes, incontestablement, en face d’un cas patent de manque d’imagination. L’argument de l’absence de ressources financières pour justifier une telle léthargie ne vole pas haut.

Pour paraphraser, l’un des premiers présidents de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), nous dirons que les réalisateurs, scénaristes, acteurs, producteurs, manquent moins de ressources que d’imagination. Evitons de laisser se développer en nous la maladie congénitale de Nollywood. La grosse industrie cinématographique nigériane, en dépit de sa prospérité indéniable, est restée prisonnière du piège des sempiternelles thématiques (amour et sorcellerie, essentiellement). Ce qui est valable pour le Nigéria l’est également pour le Burkina Faso. Il est temps de sortir des sentiers battus du cinéma monotone.

La politique de l’isolationnisme, tenons-le pour dit une fois pour toute, n’existe pas ou du moins n’existe plus dans le 7e art. Ceux qui ont tenté l’expérience (Chine, France, Etats-Unis, etc.) en revendiquant un certain cinéma centré sur leur culture ont fini par rentrer dans les rangs. Le monde, on ne cessera jamais de le dire, est devenu un village planétaire. Les cinéphiles des quatre coins du monde doivent invariablement se retrouver dans toutes les histoires racontées au travers d’un film par n’importe quel réalisateur ou scénariste.

Lorsqu’un journaliste a demandé au réalisateur chinois, John Woo, le secret de son succès en Europe et aux Etats-Unis, celui-ci a tout simplement répondu que les « américains et les européens se retrouvent » dans ses films. C’est pourquoi, l’on assiste régulièrement à des productions cinématographiques franco-américaine, sino-américaine, franco-chinoise. Les exemples de ce type de collaboration peuvent être multipliés à souhait.

Notre époque actuelle est caractérisée par une abondance d’informations et d’événements à nulle autre pareille exploitables à partir de plusieurs sources (Médias, Internet, Réseaux sociaux, etc.). A cela s’ajoutent une riche littérature et une histoire burkinabè très fournies. Ce ne sont pas les sujets de films qui manquent. Il n’est même plus nécessaire de se creuser les méninges. Nous devons tout simplement ouvrir les yeux et regarder tout autour de nous. Il revient, à tous, et particulièrement aux acteurs de notre 7e art de prendre impérativement le train de ce cinéma globalisé et mondialisé qui roule à une vitesse grand V. Le trajet inverse n’est plus possible. C’est à ce prix, à cette seule condition, que le cinéma burkinabè conquerra les cœurs de tous les cinéphiles du monde entier. Alors, au travail !

La Rédaction

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COMMENTAIRES

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    Rires 4 ans

    Cet article est très formidable!!! Bravo de dire tout haut ce que de nombreux burkinabè et cinéphiles du monde, pensent tout bas. Chapeau bas à vous. Le cinema burkinabè est vraiment devenu trop bidon, trop nul, ça frise l’énervement. Il est temps de se mettre au travail!

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    Ali Ouedraogo 4 ans

    Très belle analyse M.Malik S.Sawadogo.Le 7e art burkinabè est à la traîne.Nos cinéastes n’aillent plus au delà de la pensée du citoyen lamda.L’héritage laissé par Feu Idrissa Ouedraogo le maestro n’est pas mis en valeur par cette génération actuelle de cinéastes.