« Fonds spécial cinéma » : Double faveur pour les acteurs du 7e art

« Fonds spécial cinéma » : Double faveur pour les acteurs du 7e art

Le Burkina Faso a subi un énième coup d’Etat de son histoire, le 30 septembre 2022. Les raisons de ce changement au plus haut niveau de la fonction politique traduisent, sans doute, une véritable intention de rompre avec les vieilles habitudes et surtout avec les erreurs du passé.

Il est, en effet, prévu, sauf cataclysme, dans les prochaines semaines, la formation d’un nouveau gouvernement. Cependant, si l’administration est une continuité, comme nous avons coutume d’entendre, cela n’appelle pas nécessairement à maintenir certaines décisions politiques inopportunes qui peuvent davantage fragiliser le tissu social. Bien au contraire, il faut s’appuyer sur les bourdes pour rectifier le tir et rattraper vite les manquements qui peuvent être préjudiciables à tous les acteurs.

D’ailleurs les secrétaires généraux des différents ministères qui viennent de recevoir les pleins pouvoirs pour agir en ordonnateurs ou en gestionnaires du cordon de la bourse (pour faire simple) doivent déjà, eux aussi, s’inscrire dans cette dynamique de gestion éclairée et lucide. Celui du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) ou le prochain ministre éponyme est alors interpellé. Tout doit être mis en œuvre  pour éviter de tourner en rond.

Le 26 septembre 2022, la désormais ancienne ministre en charge de la culture, Valérie Kaboré, installait le secrétaire technique du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (ST/CNCA), Evariste Pooda. Ce dernier devrait normalement mettre en place un Fonds spécial cinéma où seront logés les 1 milliard 500 millions FCFA pour l’achèvement des films burkinabè, dit-on en vue d’être compétitifs à la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Cette information nous laisse perplexes, car il faut avoir le courage de le dire, la gestion de ce fonds par le ST/CNCA semble illégitime et même mal pensée.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe officiellement depuis 2016 un Fonds de développement culturel et touristique (FDCT). Mieux, les acteurs du cinéma bénéficient déjà dudit fonds pour le financement de leurs productions. Pourquoi affecter encore ces 1 milliard 500 millions FCFA au ST/CNCA ? Il aurait été judicieux et ingénieux de les diriger directement vers le FDCT pour la répartition.

Et si les acteurs des autres filières de la culture (arts de la scène, arts plastiques, livre, etc.) doivent également disposer d’un Fonds spécial, que deviendra donc ce FDCT ?

C’est pourquoi nous percevons l’affectation des 1 milliard 500 millions FCFA du dernier gouvernement au ST/CNCA, dans la forme et même dans le fond, comme un panier de crabes.

Cette politique « divisionniste » aura pour conséquence de créer une espèce d’injustice au sein de l’ensemble des acteurs de la culture avec la triste impression d’une certaine « double faveur » pour les professionnels du cinéma. C’est-à-dire que ces derniers ont la possibilité de bénéficier de deux fonds : les appels à projets du FDCT et bien évidemment le Fonds spécial cinéma en vue. Ce qui n’est pas moralement ni techniquement admissible. Ou peut-être que l’on se trompe éperdument et qu’une fois que ce Fonds spécial cinéma mis en place, tous les acteurs du 7e art se verront disqualifier d’office des appels du FDCT.

A l’intention donc de l’actuel secrétaire général du ministère en charge de la culture et éventuellement du futur ministre de la culture, il serait très avisé de reverser, à notre humble avis, au FDCT ces 1 milliard 500 millions F CFA afin de rétablir l’ordre normal des choses.

La Rédaction

CATEGORIES
MOTS-CLES
Partager

COMMENTAIRES

Wordpress (0)