Directeur de casting : Le chainon important manquant dans certaines productions cinématographiques
Au cinéma, le directeur de casting ou la directrice de casting est chargé de trouver les acteurs. Or, un simple coup d’œil sur les productions cinématographiques du Burkina Faso, révèle un constat. La plupart des fiches techniques des films burkinabè font plus ou moins mention d’un directeur ou une directrice de casting (Cf. Wikipédia, Allocine.fr, etc.).
Cela, comme c’est le cas dans certains pays tel la France, est sans doute dû à la crise économique ambiante à laquelle nous assistons depuis quelques années. Ainsi, la baisse des entrées à chaque sortie de film, et la rareté des financements ont conduit, peut-être, de nombreux réalisateurs et producteurs à accorder moins de temps aux castings, et donc d’importance au directeur ou directrice de casting.
Aussi, des réalisateurs, au regard de ces facteurs, et parfois par absence de professionnalisme ou mû par la «gourmandise», préfèrent porter la double casquette de réalisateur et de directeur de casting. «De nombreux producteurs et réalisateurs se passent du directeur de casting. Ils se chargent eux-mêmes de [recruter] leurs acteurs. Il y a aussi le fait que des professionnels, [en raison des maigres cachets ou de l’amateurisme de certains cinéastes], refusent de ‘’caster’’ pour des productions locales, et ne se positionnent que sur les projets internationaux », ajoute le directeur de casting professionnel ivoirien, Jacques Kouao (in Life Magazine, N°1555, Juillet 2019).
Par ailleurs, l’on comprend aisément le comportement de certains producteurs et réalisateurs burkinabè, notamment au regard des exigences du travail en amont du directeur (trice) de casting dans la chaine de production. Les rencontres et castings sont au cœur de son quotidien. Après avoir échangé avec le réalisateur sur les différents profils dont il a besoin pour son film, le directeur de casting part à la recherche du ou des artistes correspondant au mieux aux rôles à jouer. S’appuyant sur son carnet d’adresses et sur sa connaissance des acteurs et actrices en activité, il enchaîne les rendez-vous puis les essais pour dénicher la perle rare.
Les acteurs pacotilles
Epaulé par des assistants, il multiplie les séances d’essais, et est amené à se déplacer régulièrement en fonction des lieux de tournages ou des lieux d’essais. Il réalise parfois des « castings sauvages » allant dans la rue pour y trouver des profils nouveaux et non professionnels. «Lorsque vous organisez un grand casting, et que vous n’avez pas les profils que vous voulez, vous sortez dans les rues, vous regardez les gens passer, cela peut-être dans n’importe quel endroit…En général, je procède par une série de questions. Et à partir de cela, je sais si la personne peut rentrer dans un certain rôle. (…) Un acteur doit savoir conduire, danser, chanter, courir…Parce lorsqu’un acteur ne possède pas toutes ces compétences, il passe à côté de sa chance. Personnellement, quand je suis sur un casting, j’ai horreur de la pacotille», confie Jacques Kouao, sans faux-fuyant.
Une certitude demeure. On ne vise pas l’Etalon d’or ou des prix à l’international en s’inscrivant dans une logique de débrouillardise ou de l’à peu près. C’est pourquoi, il est indispensable de mettre toutes les chances de son côté, en ne négligeant aucune étape de la production. L’obtention d’un trophée, nous rétorquera-t-on, n’est pas une fin de soi pour un réalisateur. Faut-il pour autant servir des films de piètre qualité ou des navets aux cinéphiles burkinabè avec en toile de fond un mauvais casting?
Le directeur de casting joue, faut-il l’admettre, un rôle essentiel dans l’élaboration d’un film. Chez le producteur ou la maison de production, il est la troisième personne la plus importante juste après le réalisateur et le scénariste. C’est lui qui, par sa vision d’ensemble, peut rééquilibrer une distribution (casting) déséquilibrée. Sa place et son rôle sont donc primordiaux dans le déroulement de la pré-production. Il est régulièrement reproché à nos acteurs et comédiens la pauvreté de leur jeu à l’écran.
Le recours systématique et obligatoire à un directeur ou une directrice de casting pourra assurément pallier cette lacune congénitale de notre 7e art. Cette démarche, comme on l’a vu, aura, également, entre autres, l’avantage de révéler de nouveaux talents (et Dieu sait qu’il en existe !), et par conséquent consacrer le renouvellement de la « classe dirigeante » des acteurs et comédiens burkinabè.
La Rédaction