Sauvegarde du patrimoine culturel : Dans l’univers du « Bougo » (devin)
Dans le but de préserver le patrimoine culturel, l'association Koombi Culture s'est rendue les 21 et 22 octobre 2023, respectivement à Balolé et à Koala. Une immersion dans la forge traditionnelle et dans l’univers du « Bougo » et qui en dit long sur nos us et coutumes.
KPG (extrême gauche) engagé dans la sauvegarde du patrimoine culturel
Depuis quelques mois, l’association Koombi Culture multiplie les sorties dans quelques localités du Burkina Faso. Elle est préoccupée par les symboliques d’une minorité. Son souci, comprendre pourquoi certaines habitudes, de plus en plus, tendent à disparaître. Avec le soutien d’ASOR (American society of overseas research), le conteur Kientega Pingdewendé Gérard dit KPG, dans le cadre de son projet « sauvegarde du patrimoine tangible et non tangible » entreprit de visiter les forgerons du village de Balolé, dans le département de Tanghin Dassouri et le « Bougo » (ou devin) du village de Koala, dans la province du Passoré. Lire aussi :https://kulturekibare.com/2023/07/14/sauvegarde-du-patrimoine-culturel-koombi-culture-asor-et-ikam-bf-sengagent-avec-de-nouveaux-outils-technologiques/
A Balolé, selon le témoignage sur place, la pratique de la forge traditionnelle nécessite toujours une initiation. La fabrication des objets de la forge demande une certaine technique et une maîtrise, transmises de père en fils et perpétrées de génération en génération. « J’ai appris le travail avec mon père. C’est transmis de génération en génération. Mais ce n’est pas tout le monde qui peut apprendre le métier de forgeron », confie le forgeron Landaogo Nikiema.
Pratiquer la forge nécessite un savoir-faire
A entendre, l’un des doyens de la forge, Paul Nikièma, forger le fer est une tradition qui doit demeurer dans le temps et dans l’espace. « Chaque enfant apprend le métier de son père des qu’il commence à grandir. Si quelqu’un vient pour apprendre, nous allons accepter l’enseigner. Mais ce métier comporte un côté mystique qui ne s’enseigne pas au hasard. Donc, on ne peut pas donner tous les renseignements à un étranger. Par exemple en ce qui concerne la foudre, les forgerons ont des secrets, qu’ils ne se partagent pas facilement », révèle-t-il.
Dans le village de Koala, nous découvrons le « Bougo » ou « Bougba ». C’est un devin, une personne qui a le don de voir dans l’avenir et d’aider avec des concessions pour éviter les catastrophes. « Il est habité par de pouvoirs surnaturels qui lui permettent de communiquer avec la nature. Il voit ce que le commun des mortels n’est pas capable de voir », nous informe le « Bougo » du village de Koala. Toujours selon ses confidences, en pays moaga par exemple, le « Bougo » est chargé de protéger sa communauté et la préserver des malheurs à travers des sacrifices. « Il intercède entre le peuple et les forces mystiques afin d’obtenir des faveurs », renchérit-il. Chez le « Bougo », chaque problème y trouve sa solution.
Le « Bougo » du village de Koala
Mais comment devient-on « Bougo » ? Il y a des conditions et des préalables. « Quand tu deviens devin, tu passes 33 jours dans la brousse. Tu dois revenir avec 66 recettes. Ce sont les génies et les petits génies qui nous donnent les recettes. C’est Dieu et toi seul », confie le « Bougo » de Koala.
KPG et son équipe attentifs aux confidences
Avec la modernité, l’introduction des religions dites révélées, certaines habitudes et symboliques sont menacées d’où l’engagement de l’association Koombi Culture dans ce projet de « sauvegarde du patrimoine tangible et non tangible ». « Je demande à tous de ne pas oublier la tradition et de tout mettre en œuvre pour sa pérennisation. Demandons toujours aux ancêtres. Il faut que le peuple soit uni car c’est l’union qui bâtit un pays. Gardons bien nos traditions, parce que si nous la dispersons, ça deviendra peine perdue. C’est ce que j’ai à dire au peuple », cri de cœur du « Bougo » de Koala.
Salif GOUEM (stagiaire)
Kulture Kibaré
