Financement extérieur et créations artistiques : Si l’on n’y prend garde…

Financement extérieur et créations artistiques : Si l’on n’y prend garde…

Vous êtes-vous déjà interrogés sur le budget d’une création chorégraphique ou théâtrale ? Il existe des productions à moindres coûts, mais également à des coûts exorbitants. Les créations artistiques, le plus souvent engagées, répondent à un besoin, un objectif et une vision. La finalité n’est pas nécessairement économique. C’est pourquoi il faut savoir faire la part des choses et relativiser les filières dans la collecte de données sur l’économie de la culture au Burkina Faso.

Il est évident que le producteur d’une pièce théâtrale ou d’une danse chorégraphique qui investit des centaines de millions de FCFA n’oserait pas fixer le prix d’un ticket d’entrée du spectacle à 1000 FCFA voire 2000 FCFA. Pourtant, c’est le constat sous nos cieux. Les économistes diront que ce n’est pas rationnel. Pour les sociologues, ce comportement n’est non plus irrationnel.

Certains artistes ou espaces culturels, les plus professionnels, s’investissent dans leurs créations, non pas pour faire fortune mais pour répondre à un besoin (projet, programme, etc.). Ils travaillent sur des thématiques précises ou sur des faits qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Leurs créations se justifient par les bonnes raisons qui guident leur choix. Ils sont complètement dépendants des bailleurs étrangers d’où parfois leur vulnérabilité. Le Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) est légion.

Et si le politique africain percevait autrement l’art/l’artiste (comme un instrument de développement qualitatif et non un outil ludique destiné à amuser les populations), il allait mieux se pencher sur les sources de financement des entreprises créatives. A défaut, les acteurs culturels sont obligés d’explorer ailleurs pour la mobilisation de fonds conséquents. Logique non?

Les partenaires techniques et financiers (PTF) extérieurs ou encore les bailleurs de fonds étrangers qui financent les créateurs africains en général et ceux burkinabè en particulier ne le font pas pour les beaux yeux de nos peuples. Ils ont des attentes, ils ont toujours des intérêts. Ce n’est pas pour rien, ils proposent des canevas et des lignes directrices stricts à respecter. Il faut savoir lire parfois entre ligne pour comprendre que certains fonds s’inscrivent dans de vaste programme de changement social, parfois inadapté au contexte africain.

Ne vous étonnez point, dans un avenir proche, de constater des œuvres artistiques burkinabè promouvoir des phénomènes, jugés jusque-là, irrecevables dans le pays de Joseph Ki-Zerbo. Ce n’est qu’une question de temps, nous allons nous renier, du moins certains, pour des financements inappropriés, et qui sont aux antipodes de nos valeurs intrinsèques. Dans cette mondialisation/globalisation, les cultures dites « inférieures », « sous-développées », « en voie de développement », « émergentes », « tiers-mondistes », etc. vont se rallier sous des contraintes financières. Car, la main qui reçoit ne décide de rien. C’est un fait.

La seule alternative, pour ne pas céder c’est l’investissement dans l’art et l’artiste. L’Art (avec grand A) doit servir d’outil et d’instrument efficace pour la résistance et la véritable reconquête de l’identité africaine. Il serait très ingénieux de trouver des financements endogènes conséquents pour les créations locales afin d’éviter le pire. Le gouvernement burkinabè est interpellé. Et pendant qu’on y est, quels rôles les institutions financières, les téléphonies mobiles, etc. peuvent jouer dans les financements (gros budgets) de nos entreprises créatives? Il y a de la matière à cogiter. La réflexion est alors ouverte.

La Rédaction

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