Promotion du théâtre en langues maternelles : Docteur Jacob Yarabatioula et Adama Segda du MCCAT partagent leurs connaissances
La question de l’appropriation des langues nationales dans le théâtre continue d’animer les débats. Ouvert depuis hier 15 novembre 2023, à travers un panel, les communicateurs ont poursuivi, aujourd’hui, avec leurs exposés à l’amphithéâtre Bakary Coulibaly de l’Université Joseph KI-ZERBO. La secrétaire générale adjointe du Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) à, Adama Segda et le directeur général de l’Ecole nationale de l’administration et de magistrature (ENAM), Jacob Yarabatioula ont partagé leurs connaissances autour du thème : « Théâtre en langues maternelles, une question d’identités culturelles ».
C’est dans le cadre de la 3e édition des Rencontres internationales de théâtre en langues maternelles (RITLAMES) que s’est tenu ce panel. Deuxième du genre, les deux panelistes du jour n’ont pas manqué, à leur tour de se pencher véritablement sur l’utilisation des langues nationales dans le théâtre. Doit-on se renfermer dans nos langues ou alors s’ouvrir ? Quels sont les enjeux de la création artistique ? Lire aussi : https://kulturekibare.com/2023/11/15/les-ritlames-2023-une-ceremonie-douverture-sur-fond-de-reflexion-sur-le-theatre-en-langues-nationales/
Pour le paneliste, l’enseignant chercheur, docteur Jacob Yarabatioula, par ailleurs directeur général de l’Ecole nationale de l’administration et de magistrature (ENAM), l’artiste qui crée a naturellement des objectifs à atteindre. Ainsi, quelles peuvent être ses attentes à travers un projet de création ? Culturelles ? Politiques ? Economiques ? Il faudra, de sa conviction, tenir compte des enjeux géopolitiques, économiques, etc. « Est-ce que le public comprend l’œuvre ? Est-ce que la langue s’adapte au public ? Est-ce que souvent les artistes prennent la dimension économique de leur œuvre, pour maintenant tirer toutes les conséquences liées à l’œuvre dans son essence ? », s’est-il interrogé. Il est certes avéré, à l’entendre toujours que la langue est fondamentale pour représenter les identités culturelles. C’est bien de s’affirmer, précise-t-il, mais il ne faut pas se renfermer. D’ailleurs, il informe que « même en Arabie Saoudite, où les gens veulent faire venir l’arabe pour enseigner ici, ils scolarisent leurs enfants en anglais ».
L’autre panéliste est un cadre du Ministère burkinabè de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT). Adama Segda, secrétaire générale adjointe (SGA) dudit département, s’est quant à elle penchée sur les avantages de l’appropriation des langues maternelles dès la base. Prendre en charge les langues nationales dans les corps d’enseignement devient, de son avis, nécessaire et indispensable. Elle ne voudrait pas se prononcer à la place du ministère en charge de l’éducation nationale et de la promotion des langues nationales, mais elle souhaiterait que des stratégies soient mises en place, non seulement au niveau des pouvoirs publics, mais aussi au niveau du secteur privé. C’est pourquoi, elle salue d’ores et déjà l’engagement et la démarche des RITLAMES. « C’est une très bonne démarche à encourager et à soutenir, techniquement et financièrement pour que la question de la langue soit mieux valorisée. Et qu’on sente dans l’avenir que nous sommes en train d’inverser la tendance de sorte que chacun puisse être fier de dire qu’il comprend sa langue, fier de communiquer avec les autres dans sa langue », a apprécié Adama Segda.
Parmi, les participants du jour, nous apercevons Odile Sankara, présidente des Récréâtrales (Résidences panafricaines d’écriture, de création et de recherche théâtrales). Bien éclairée, après les deux communications, elle nous fait part de son impression. « La pluralité des langues est nécessaire, parce que le monde est devenu une planète et pour que la planète puisse vivre, il faut que la singularité puisse être forte et ancrée. C’est pour ça qu’aujourd’hui, nous, en tant que praticiens de théâtre, nous nous interrogeons sur la langue française qui a été la langue du théâtre, alors qu’il existe d’autres langues. Je pense qu’aujourd’hui, pour élargir notre champ lexical, d’actions et d’activités, il faut que nous nous appropriions aussi nos langues pour aller vers notre public. Ça, c’est fondamental », a-t-elle laissé entendre.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré