« Village cinéma » : Un mort-né

« Village cinéma » : Un mort-né

A la suite de la gestion du fonds de l’Etat de 1 milliard 500 millions FCFA pour la production et la post-production des œuvres cinématographiques, le Secrétariat technique du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (ST-CNCA), est à une autre étape de ses privilèges. Chargée de conduire le processus de création du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (CNCA), cette structure purement administrative, a alors annoncé le 20 juin 2023 à Ouagadougou, un projet ambitieux.

Il s’agit du « Village cinéma ». Il va consister à sortir de terre un complexe cinématographique et audiovisuel, avec toutes les commodités possibles de conception, de création, de production, de post-production, d’exploitation et de distribution d’œuvres cinématographique et audiovisuelle. Autrement dit, il s’agira de créer un CENTRE où les professionnels du 7e art peuvent entrer avec une idée et en ressortir avec un produit qui répond aux normes et autres exigences du marché cinématographique.

La réalisation du « Village cinéma » sous-entend la construction de la clôture et du bâtiment administratif, la construction des infrastructures techniques et complémentaires, l’équipement en matériels de bâtiments administratifs, des infrastructures techniques et complémentaires, l’acquisition de la logistique.

Et, jusqu’à preuve de contraire, il n’existe pas au Burkina Faso, un édifice moderne adapté de productions cinématographique et audiovisuelle. Ce vide n’est pas uniquement perceptible dans le 7e art. Le manque d’infrastructures dans le secteur culturel et artistique au Burkina Faso est connu. Ni le Théâtre, ni la Musique, ni la Danse, entre autres n’en disposent.

Avec le « Village cinéma » (s’il venait à voir le jour), le pays des Hommes intègres pourrait véritablement affirmer sa notoriété dans l’industrie du cinéma au niveau sous régional voire international. Sinon, jusque-là, « la capitale du cinéma africain » n’est que vain mot.

Ce projet ambitieux paraît si judicieux, indispensable et même nécessaire. Seulement, sa réalisation qui relève d’une structure ADMINISTRATIVE, encore moins du ST-CNCA, nous préoccupe tant. Nous pensons d’ailleurs que le secrétariat technique n’avait même pas sa raison d’être, puisque nous disposons déjà, d’une Direction générale de la culture et des arts (DGCA), mieux une Direction du cinéma et de l’audiovisuel. Bref, n’ouvrons pas ce chapitre qui n’est pas l’objet de notre analyse. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2022/12/12/les-1-500-000-000-fcfa-du-cinema-des-doubles-financements-pour-faire-la-meme-chose/

Revenons donc à nos mots et tons. Soyons francs et sincères. Est-ce le rôle de l’Etat de réfléchir sur la faisabilité, de mener une étude architecturale, d’identifier un terrain, de construire et d’équiper un « Village cinéma » ? Il peut y prendre part, mais sans piloter le projet. En principe, c’est aux acteurs du secteur privé de la cinématographie et de l’audiovisuel de les concevoir et de les soumettre à l’administration publique qui, à son tour, créera toutes les conditions propices et favorables, au mieux, faire des plaidoyers auprès de partenaires techniques et financiers (de préférence nationaux) pour la réalisation.

Nous savons éperdument comment sont gérés les joyaux culturels et artistiques publics au Burkina Faso. Nul besoin de faire un dessein.

Ayons donc tous le courage de le dire, le projet « Village cinéma » est un mort-né entre les mains du ST-CNCA. Loin d’éprouver un certain pessimisme, nous sommes réalistes.

La plus grande industrie mondiale du cinéma implantée dans la banlieue de Los Angeles, Hollywood n’est pas l’œuvre du gouvernement américain. Il s’est érigé grâce aux investissements de producteurs privés. Le cinéma américain a toujours revendiqué, depuis ses origines une certaine indépendance vis-à-vis du monde politique. Et certaines figures américaines s’étaient toujours opposé des mesures de protection politique dont bénéficieraient pourtant les industries cinématographiques française, québécoise, etc. Tous les mastodontes de Hollywood sont des producteurs privés. Ce sont eux qui ont fait de la banlieue hollywoodienne, le plus grand centre mondial de l’industrie du cinéma.

Le véritable développement d’une industrie cinématographique burkinabè repose sur des initiatives privées ambitieuses.   Et, c’est pourquoi, le projet « Laadowood » de Hippolyte Ouangrawa dit M’Babouanga aurait dû être entendu, promu, soutenu et accompagné. C’est aussi un grand complexe de productions de films qui devrait abriter plusieurs édifices dont un grand studio de tournage, des salles de maquillage, d’habillage, une boutique, un magasin, et une salle de projection. Est-ce que « Laadowood » qui a été présenté en 2019 est-il différent du « Village cinéma » ?

Nous rêvons tous voir une industrie du cinéma burkinabè rivaliser avec Hollywood, Nollywood et même Bollywood. Mais, au regard des actions et efforts dispersés, nous sommes loin d’y arriver. Travailler en synergie d’actions, fédérer nos intelligences, s’accepter, minimiser les frustrations pourraient, en amont, nous être utile. Nous savons alors ce qui nous reste à faire. Il faut rendre à César ce qui est à César !

La Rédaction

CATEGORIES
MOTS-CLES
Partager

COMMENTAIRES

Wordpress (0)