Musique et danse funéraire chez les Dagara : Naabow sème la graine de la relève

Musique et danse funéraire chez les Dagara : Naabow sème la graine de la relève

A Dissihn, dans la région du Sud-Ouest, se déroule une formation sur la « confection/entretien des instruments de musique traditionnelle, de valorisation de la musique et de la danse funéraire chez les Dagara de la commune rurale de Dissihn ». Il s’agit d’un projet de l’association « Naabow pour la Cohésion et le Développement socio-économique et culturel de la commune de Dissihn », financé par le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) dans le cadre du 5e appel à projets classique. Pour s'imprégner des activités menées sur le terrain, une équipe du FDCT s’est alors rendue le 8 octobre 2022 à Dissihn. 

Dans la commune rurale de Dissihn, Dano, province de Ioba, dans la région du Sud-Ouest, les balafonistes (joueurs de balafon) sont de plus en plus vieillissants et la jeune génération s’intéresse très peu au balafon. C’est ce que révèle Ulrich D. Hien, coordonnateur du projet « confection/entretien des instruments de musique traditionnelle, de valorisation de la musique et de la danse funéraire chez les Dagara de la commune rurale de Dissihn ». Il faut alors sauver cet instrument visiblement symbolique qui dans l’existence des Dagara, joue un rôle social important.

Ulrich Hien, coordonnateur du projet

C’est dans ce contexte que Naabow qui est la chefferie de Dissihn, soucieux de la situation entend semer la graine de la relève pour perpétuer la tradition. L’association « Naabow pour la Cohésion et le Développement socio-économique et culturel de la commune de Dissihn » en abrégé Naabow développement, toute motivée a jugé nécessaire et impératif d’initier une formation de jeunes sur non seulement le jeu du balafon mais aussi à la confection et à l’entretien de cet instrument.

Grâce au Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) à travers le 5e appel à projets classique, Naabow développement a bénéficié d’un financement de 3 983 100 Fcfa pour exécuter son projet (d’un coût total de 4 686 000 Fcfa) au profit d’une trentaine d’enfants Dagara.

« Nous avons 11 modules qui peuvent être regroupés en 3 modules. Nous avons pour ce qui concerne le jeu lui-même, l’apprentissage, la technique… l’initiation parce qu’il faut quand même un peu plus de temps pour que les apprenants puissent jouer à la perfection. Il y a la technique de jeu des instruments comme les tambours et puis les tam-tams. Il y a également la technique de « cantation », comme c’est de la musique funèbre que nous allons leur apprendre, nous sommes dans le registre de cette musique pour nous inscrire dans le sillage du projet », a expliqué le formateur, Abbé Ferdinand Hien du Diocèse de Diébougou.

Le formateur Abbé Ferdinand Hien en pleine séance avec un deuxième groupe de participants

C’est en pleine séance à l’école de musique de Dissihn que l’équipe du FDCT, conduite par son chef de service des industries touristiques, Issa Barry a découvert une dizaine de participants sur leurs instruments respectifs.

A en croire le serviteur de Dieu, chez les Dagara, les balafons peuvent se ressembler mais ils n’ont pas toujours les mêmes fonctions. Les Dagara Lobr utilisent deux types de balafons qui sont les balafons Lob’ri et les balafons Dègar. L’apprentissage concerne les deux types de balafon. L’immersion du FDCT a constaté le jeu des balafons Lob’ri, présentés comme les balafons mineurs. « Il fallait commencer par le balafon mineur. Mineur dans les deux sens, c’est-à-dire mineur dans la tonalité et mineur aussi dans la place que l’instrument occupe dans la société. Ces balafons que vous avez vus et que les enfants étaient en train de jouer, c’est les balafons que l’on joue pour les réjouissances populaires, bien sûr de l’initiation mais aussi c’est ce balafon qu’on joue pour annoncer le début et la fin des funérailles. Nous avons commencé par ce type de balafon et dès janvier 2023, nous allons passer à l’apprentissage du grand balafon avec les tonalités majeures qui lui, occupe presque 80% de la célébration des funérailles », a soutenu Abbé Ferdinand Hien, par ailleurs directeur de l’école de musique de Dissihn.

Parmi la trentaine de participants, il y a des scolarisés et des enfants non scolarisés

Jeune participant à cette formation, Yanick Kpoda, 11 ans, nous a confié sa motivation. Pour lui, le balafon fait partie de sa tradition et il faut qu’il apprenne tout naturellement à le jouer. « J’ai appris un morceau sur les funérailles que je ne savais pas jouer. Mais, ici avec cette formation, je peux maintenant le jouer mieux », a-t-il affirmé. Même confidence chez Erica Carole Kambiré qui espère un jour jouer dans les funérailles et dans les réjouissances populaires quelle que soit la fonction qu’elle occupera plus tard dans sa vie professionnelle. « Même si je deviens journaliste ou avocate un jour, je reviendrai jouer le balafon parce que c’est ma tradition », dit-elle.

L’équipe du FDCT a encouragé les bénéficiaires. Elle a aussi saisi l’occasion pour s’imprégner de la gestion administrative du projet en attendant la restitution de la formation en début mars 2023, devant marquer la fin des activités.

Malick SAAGA

Kulture Kibaré  

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