Modèle économique théâtre/musique : Deux disciplines, deux approches

Modèle économique théâtre/musique : Deux disciplines, deux approches

Il est courant d’entendre, au Burkina Faso, que le théâtre ne contribue pas au même titre que la musique dans l’économie de la culture. Cette perception, loin d’être scientifique est biaisée, et même loin de réalité. C’est une aberration de l’affirmer.

Nous avons deux disciplines artistiques différentes qui ont chacune une approche différente, mais elles contribuent toutes les deux au développement. Quel développement? C’est la question qu’il aurait fallu se poser.

Alors, si les musiciens ont une approche marketing qui les rend plus visibles et plus présents sur tous les différents canaux traditionnels et numériques de communication, ce n’est pas toujours le cas chez les praticiens du théâtre. En tout cas, au Burkina Faso, quand on évoque culture et showbiz, l’évidence est là : c’est la musique. De même la Stratégie nationale de la culture et du tourisme (2018-2027), a clairement constaté que « la musique est l’une des plus importantes filières des industries culturelles et créatives au Burkina Faso de par le nombre d’acteurs qui y interviennent ». Le développement n’est pas la croissance démographique, encore moins la croissance économique uniquement. Il intègre cumulativement plusieurs paramètres de la vie.

D’un côté, on a des acteurs de la musique qui s’exhibent, créent le buzz pour accroître leur visibilité et s’imposer sur l’échiquier musical. De l’autre côté, on a des professionnels du théâtre qui travaillent discrètement dans les espaces de création sans tambour ni trompette. Cette dernière catégorie, malgré sa visibilité réduite dans les canaux de communication nationaux, émerge pourtant à l’international. Certains Burkinabè mêmes pèsent dans les grandes organisations mondiales des arts de la scène notamment dans le théâtre.

Chacune de ces deux disciplines a ses codes, son approche, sa philosophie, etc. Les vedettes de la musique ne poursuivent pas nécessairement les mêmes objectifs que les praticiens du théâtre. Pourquoi alors leur imposer un même modèle économique ?

C’est pourquoi, ceux qui comparent très souvent ces deux arts, en termes de contribution au développement économique, ont tort. Il faut, de notre humble avis, éviter d’évaluer la musique et le théâtre avec les mêmes outils, les mêmes indices et les mêmes indicateurs de développement économique.

La musique, a le plus souvent une approche rationnelle de l’homo oeconomicus (maximiser le profit en utilisant ses ressources), tandis que le théâtre au Burkina Faso a une approche très souvent sociale ou communautaire, fondée sur le principe de l’homo sociologicus (agir selon les bonnes raisons en tant qu’acteur social inséré dans des dynamiques de conflits comme de coopération).

Comment comprendre que la production d’une pièce de théâtre peut coûter jusqu’à 50 millions Fcfa voire plus, pour une distribution de 1000 Fcfa le ticket d’entrée à la représentation? Pensez-vous que l’objectif c’est la rentabilité économique?

Le théâtre entre dans le processus de développement social. Sa pratique, ici, en dit long. C’est un fait. Le politique ou l’économiste, profane du théâtre, peut se pencher sérieusement sur le modèle économique pour mieux appréhender cet univers.

En attendant que des études scientifiques viennent nous éclairer davantage, il faut désormais éviter ces comparaisons qui frisent parfois le ridicule. La réflexion est donc ouverte.

La Rédaction    

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