Cérémonies de récompense au BF : Du miroir aux alouettes

Cérémonies de récompense au BF : Du miroir aux alouettes

Le Burkina Faso dispose d’un potentiel culturel et touristique qui a besoin d’être valorisé et promu. Les initiatives qui ont pour finalité la propagande de notre patrimoine culturel sont à encourager. Alors, il n’est pas rare, au-delà des actions de l’administration publique (SNC, SIAO, FESPACO, Prix de l’entrepreneur touristique, etc.), de voir des acteurs culturels du privé faire des mains et des pieds pour promouvoir la culture, les arts et le tourisme. C’est certainement dans cette dynamique que les festivals et autres manifestations culturelles sont initiés.

Cependant, il faut distinguer le bon de l’ivraie dans cette floraison d’initiatives culturelles. Qu’est-ce à dire ?

Toutes les manifestations culturelles ne sont pas à encourager, à plus forte raison soutenir. Et sans tomber dans les affirmations gratuites, faisons donc un petit diagnostic des cérémonies de distinction des acteurs culturels au Burkina Faso.

D’abord, il y a les Kundé ou les trophées de la musique burkinabè. Créé en 2001, l’événement est arrivé à asseoir sa réputation et un intérêt quelconque chez certains acteurs de la filière musique. Nous saluons cette initiative. Mieux, si les Kundé n’existaient pas, il fallait les créer.

Malheureusement, ce business rapporte gros à Salfo Soré dit Jah Press et à sa bande qu’aux lauréats. 20 ans près, aucun des 20 sacrés Kundé d’or ne marche sur le panthéon de la musique africaine voire mondiale. Succès ou échec ? A chacun son opinion. Lire ici : https://kulturekibare.com/2020/03/20/kunde-dor-20-ans-deja-sans-un-veritable-impact-sur-ses-laureats/

En tout cas, de notre observation, les Kundé très subjectifs, tendent d’année en année, à fragiliser le tissu social artistique. Il y a un grand malaise. Ce qu’on leur reproche, ce sont les critères flous et non aboutis (absence d’indicateurs clés dans la plupart des catégories), mais surtout le caractère très partial (juge et partie de certains membres de l’organisation des Kundé). Quelle crédibilité peut-on accorder à un tel évènement si ce n’est le pari gagné de l’organisation ? Excepté ça, les Kundé se décrédibilisent d’édition en édition.

Autour des Kundé gravitent des évènements similaires, mal ficelés, sans fond et sans aucun intérêt pour les acteurs qu’on promeut, lire ici : https://kulturekibare.com/2021/02/01/12-pca-une-ceremonie-sans-fond-et-sans-ame-en-perte-exponentielle-de-credit/.  Ces événements se sont bâtis sur les anomalies tant décriées du « maître » Kundé. Ce sont les Faso Music Awards (FAMA), les 12 PCA, les Marley d’or, les Cool Awards, les CANA, etc. qui, ouvertement manquent de transparence et de sérieux à travers des critères de nominations ambigus et des promesses non tenues. C’est actuellement notre plus grand dommage dans le milieu show-business. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2020/01/08/fama-marley-dor-kunde-dor-des-recompenses-sous-forte-puanteur-de-copinage/

Rendez-vous compte, que certains lauréats de ces cérémonies citées depuis 2019 (voire des années antérieures) n’ont pas encore reçu leur somme d’argent promise au-delà du trophée ! Pourtant, la plupart des promoteurs de ces cérémonies de distinction ont reçu les chèques des partenaires (BBDA). Malheureusement, destinés aux lauréats, ces derniers n’auront pas gain de cause, trois, quatre, voire cinq ans après. Ces cérémonies de distinction sont regrettablement, du miroir aux alouettes. Lire ici :https://kulturekibare.com/2021/06/02/cana-2020-josue-bananjos-laureat-reclame-ses-1-500-000-fcfa/

Nous interpellons avec la dernière énergie, le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT), le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) et bien d’autres institutions sérieuses. Vos intentions de soutenir certaines activités culturelles sont peut-être bonnes, mais ne contribuez plus naïvement à encourager cette forme de racket aussi flagrante. Ces entreprises qui poussent comme des champignons profitent aux seuls promoteurs. Ne jetez plus, s’il vous plaît, l’argent du contribuable par la fenêtre. Sinon, cela reviendrait à être le complice d’un réseau mafieux de filous.

Pour continuer à soutenir les FAMA, les 12 PCA, les Marley d’or pour ne citer que ces évènements inféconds, il faut que ces cérémonies et autres manifestations du même acabit disposent désormais d’une panoplie d’informations fiables et vérifiables. Nous proposons, avant tout accompagnement financier de l’administration publique, ces documents et justificatifs suivants :

-Etre une personne morale légalement constituée (entreprise, association, etc.) ;

-Exister dans le répertoire des festivals et manifestations culturels du Burkina Faso ;

-Disposer d’une licence d’entrepreneur culturel ou tout document équivalent;

-S’acquitter de toutes les taxes dans le cadre de l’organisation d’un évènement culturel (attestation de situation fiscale-ASF, situation cotisante d’au moins un membre de l’organisation autre que le promoteur, séances occasionnelles du BBDA, la preuve d’un accord signé entre les volontaires du comité d’organisation et le promoteur de l’activité, etc.)

-Disposer d’un bilan d’activités clair avec les recettes et les dépenses dûment justifiées ;

-Mettre à la disposition des partenaires financier la liste complète des membres du comité d’organisation et leur mode de règlement ;

-Présenter les contrats individuels de prestation des artistes de la soirée;

-Joindre les articles de presse professionnelle ayant couvert la soirée proprement dite ;

– Etc.

Nous invitons le MCCAT, le FDCT, le BBDA et bien autres institutions étatiques à être très rigoureuses et strictes sur ces justificatifs tout en évitant de se faire complices (nous insistons) de ces simulacres d’évènements culturels infâmes. Et peut-être qu’avec une lueur d’espoir, les masques vont tomber, les filous démantelés, les promoteurs professionnels de la culture identifiés, le secteur culturel désormais bien organisé, et enfin les acteurs et leurs produits culturels sérieusement valorisés et promus.

La Rédaction

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