Showbiz musical burkinabè : S’adapter
Aujourd’hui, à l’ère du numérique et d’internet, les systèmes ou les modes de fonctionnement se transforment à la vitesse de l’éclair. L’adaptation aux nouvelles règles semble à ce titre la seule issue. Malheureusement, la musique ou du moins les artistes musiciens burkinabè donnent l’impression de ne pas avoir pris la mesure de l’ampleur de ces nouvelles mutations. Pourquoi?
C’est un secret de polichinelle que la vente de CD ou même digitale de chansons ne rapporte plus comme ce fut le cas naguère. D’aucuns ont vite fait de pointer un doigt accusateur sur le piratage. Mais, est-ce vraiment la faute au piratage? Comme, nous le savons, c’est pratiquement devenu un jeu d’enfant de télécharger une vidéo sur YouTube et ne garder que le son ou encore de s’inscrire sur Shopify et avoir, contre paiement d’une modique somme, des millions de chansons. Qu’est-ce à dire? Le business de la musique est-il mort ou sur le point de l’être? Non! Il s’est simplement (re)adapté. Alors, se pose cette question de fond : « Comment nos artistes musiciens peuvent-ils profiter de cette révolution musicale en ce 21e siècle? »
Tout d’abord, il y a la licence. C’est à dire, le droit pour un artiste de vendre sa musique aux chaînes de télévision, radio et même aux films. C’est par exemple le cas de la chanson Ye mama de Fally Ipupa et Toofan. Elle fait en effet, partie de la bande-son du film Un prince à New-York 2, mettant en vedette le célébrissime acteur américain, Eddie Murphy. Les droits d’auteur de cette bande son, à défaut de donner le vertige ne sont cependant pas à négliger.
Aussi, dans un contexte marqué par la Covid-19, et son cortège de mesures barrières édictées, il est devenu, pour le moment, très compliqué d’organiser des concerts, comme c’était le cas avant la survenue de la pandémie à coronavirus. C’est pourquoi, il est temps de penser comme un entrepreneur tout court et au sens plein du terme. Nous ne parlons pas ici d’entrepreneur culturel, concept aux contours flous. Mais, là n’est pas l’objet de notre propos. Pour revenir à nos moutons, disons qu’il est temps pour les artistes musiciens burkinabè, la bonne majorité, de penser comme des entrepreneurs, des hommes et femmes d’affaires. Il ne s’agit pas de vendre de la musique, encore moins de vendre soi-même à la sauvette ses CD (ce qui n’est pas mal en soi). Mais, il s’agit plutôt de voir grand en ayant (ou en créant) une entreprise pour vendre autre chose, et ce, en se basant sur la notoriété de l’artiste, fut-elle relative. A titre d’exemple, la chanteuse barbadienne, Rihanna, grâce à son entreprise de cosmétique, «Fenzy», a réalisé, en une année, un chiffre d’affaire de 700 millions de dollars (plus de 300 milliards F CFA).
A l’international, la plupart des vedettes de la musique possèdent, non pas un maquis ou une buvette, mais une entreprise formelle, organisée. Toutefois, pour les chanteurs et chanteuses burkinabè qui ne sentent pas une âme d’entrepreneur, il existe également un autre moyen plus rentable et à la portée de toutes les bourses.
A l’instar des autres pays du continent, le Burkina Faso regorge depuis quelques années de jeunes et talentueux développeurs et qui ne demandent qu’à démontrer leur savoir-faire à travers leurs start-ups. Ils pourraient, par exemple, être sollicités pour créer une application mobile qui tiendra lieu de revue ou magazine personnel du chanteur. L’application donnera ainsi des informations exclusives sur l’actualité de l’artiste. Celui-ci pourra même parfois y faire des live, et ce pour un abonnement périodique (via Moov money, Orange money, carte VISA ou Paypal pour l’international). Cette autre solution, comme on le voit, a l’avantage de permettre au chanteur d’avoir un revenu ou une entrée d’argent régulière…
D’autres solutions existent également. Il est possible, par exemple, de créer une boutique avec des produits (chemises, robes, tee-shirts, tasses de café, ustensiles de cuisine, etc.) où est gravé soit le nom de l’artiste, son logo soit certaines des phrases de ses chansons. Nos artistes peuvent également donner des concerts live sur YouTube, mais uniquement pour leurs abonnés payants. YouTube dispose, en effet, depuis quelques temps de cette nouvelle fonctionnalité. Le groupe J-Pop Blacklink en a fait l’expérience pour ses 280 000 abonnés, et a récolté, en moins de deux heures, 10 millions de dollars (plus de 5 milliards F CFA).
Vous conviendrez que les opportunités et les possibilités de vivre dignement de sa musique au Burkina Faso, et surtout en cette période de crises sanitaire et sécuritaire, sont innombrables. La musique peut mener à tout. C’est aux artistes musiciens burkinabè d’être entreprenants pour ne pas disparaître.
La Rédaction
Merci