Remettre sur orbite ces salles de spectacles moribondes

Remettre sur orbite ces salles de spectacles moribondes

Certaines salles de spectacle au Burkina Faso sont de plus en plus abandonnées, délaissées ou déviées de leur destination première. Du mythique Théâtre populaire Désiré Bonogo au Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané, en passant par le Jardin de la musique Reemdoogo ou encore la Maison du peuple, le constat est assez amer. La situation de ces infrastructures  commande que tout observateur avisé de la scène culturelle burkinabè s’y penche.

Datant de la révolution, le Théâtre populaire Désiré Bonogo inauguré en 1986, a perdu son lustre d’antan : peintures blanchies par le temps, podium et escaliers (ou sièges) dans un état de décrépitude très avancée…Que dire du Jardin de la musique Reemdoogo qui s’apparente, aujourd’hui, en une terre en jachère ?

Les spectacles programmés, au cours d’une année, dans cet endroit, peuvent se compter du bout des doigts. Contrairement au CENASA qui semble quelque peu tenir la route ces dernières années, le Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané semble avoir dévié de ses objectifs premiers. Il abrite désormais et même essentiellement, de plus en plus des activités purement  politiques. Dans le fond, il n’  y a rien de mal à cela, sauf que sa destination première a été purement et simplement reléguée aux oubliettes.

Or, dans le magazine « Burkina Faso-République de Chine (Taiwan) – 20 ans d’amitié et de solidarité: 1994 – 2014 », publié aux Editions LeFaso, on y lit clairement que le palais a été « baptisé au nom de Jean-Pierre Guingané, homme de CULTURE et DRAMATURGE burkinabè (…) Il est le premier grand complexe CULTUREL de la ville de Ouagadougou, offrant un cadre d’expression pour les groupes de sport et de culture ». Et ce n’est pas un hasard, si ce palais comporte, entre autres, deux salles d’exposition, une salle de répétition, et des loges pour…artistes.

En somme, il urge de se pencher sur la gestion de ces infrastructures et autres sites accueillant les spectacles. Une action massive de revalorisation et/ou de réfection, associée à une vision claire et nette, est plus que nécessaire. Oui, il faut les états généraux de ces infrastructures moribondes. Que la mairie de la ville de Ouagadougou prenne véritablement le problème à bras le corps.

Lorsqu’il s’agit d’un complexe sportif burkinabè qui ne répond pas aux normes internationales la FIFA sanctionne, ça provoque un tollé. Vite les journalistes sportifs multiplient les émissions (télé et radio), enflamment la toile et contraignent naturellement les Autorités à sortir de leur zone de confort. Sans attendre, des mesures idoines sont prises pour y remédier et vite fait. Peut-on en dire autant de la culture et des arts ? Comparaison n’est pas raison mais la raison se conforte parfois dans la comparaison. 

Le Théâtre populaire Désiré Bonogo a urgemment besoin de renaitre de ces cendres afin de pouvoir jouer son rôle premier. Il en est de même pour le Jardin de la musique Reemdoogo ou encore la Maison du Peuple. Ils ne répondent pas aux besoins des acteurs des arts et de la scène. C’est perceptible. Peut-être que la rénovation du Théâtre populaire Désiré Bonogo est déjà entreprise, parce que le maire de la ville de Ouagadougou, Armand Béouindé avait promis lors du Festival Dialogues de corps, l’année dernière, de s’y pencher.

Alors, il serait très judicieux et ingénieux désormais d’associer tous les acteurs des arts de la scène dans la rénovation et la construction de ces types d’infrastructures destinées aux arts de la scène. Les scénographes, les dramaturges, les comédiens, les administrateurs culturels, les ingénieurs de son, etc. doivent être consultés. 

Tenons-le pour dit, le Théâtre populaire, le Jardin de la musique Reemdoogo, le Palais de la jeunesse et de la culture, etc. doivent être remis sur orbite. C’est un impératif.  Comment expliquer une telle situation dans un pays dit culturel? Faut-il imputer la faute à l’Etat ou plus exactement aux gestionnaires de ces salles ? Loin de nous l’idée d’engager une chasse aux sorcières, ni de vouer qui que ce soit aux gémonies, il faut situer la responsabilité et inviter les plus compétents à une gestion efficace et efficiente de nos espaces culturels. Sinon, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets et dans un éternel recommencement.

La mairie de Ouagadougou, les gestionnaires de ces salles susmentionnées, le Gouvernement burkinabè, le ministère en charge de la culture, les promoteurs de spectacles et les acteurs culturels sont tous, sans exception co-responsables de l’état et de la gestion calamiteux de ces infrastructures à caractère culturel. Ne courons pas le risque que ces salles « disparaissent » ou utilisées à d’autres fins comme cela a été le cas avec certaines salles de cinéma.

La Rédaction

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