Etats généraux du Fonds de promotion culturelle : Les protagonistes et le BBDA en conclave
Dans l’optique de rendre davantage dynamique les créations de ses membres, le Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), a initié une rencontre d’échanges, le 17 février 2021 à Ouagadougou, avec les protagonistes du Fonds de promotion culturelle (FPC). Il s’agira de faire les états généraux du FPC, d’identifier les difficultés et de faire des propositions concrètes et réalisables pour améliorer les conditions de la création.
Le Fonds de promotion culturelle (FPC) du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA) ne cesse de faire des émules dans les différentes filières de création. Ce service est pourtant créé pour améliorer les conditions de la création des œuvres de l’esprit et leur promotion sur le plan national et international. Chaque année, le BBDA procède à une sélection des meilleurs projets par filière de création afin de les accompagner financièrement ou techniquement. Ce fonds de soutien au profit de ses membres créateurs uniquement est appelé, Fonds de promotion culturelle (FPC ). Les conditions d’éligibilité, la procédure de sélection, la légitimité du comité constitué, le montant alloué, entre autres sont parfois remis en cause par un certain nombre de postulants.
Pour pallier à ces insuffisances, le BBDA a initié un cadre d’échanges francs et constructifs avec tous les protagonistes du FPC. Il s’agit des états généraux dudit fonds. « Pour nous, il était important de convoquer les membres du Conseil d’administration, de l’Assemblée générale qui sont les instances légales du BBDA. Mais également, tous ceux qui ont eu à gérer ce Fonds de promotion culturelle et certaines personnes ressources afin de pouvoir échanger sur les insuffisances relevées et proposer des perspectives pour mieux dynamiser ce fonds avant l’appel à projet, prévu en début mars prochain », a expliqué d’emblée le Directeur général du BBDA, Wahabou Bara. Il espère que cette démarche participative va trébucher sur des propositions concrètes et réalisables.
Les difficultés évoquées par certains acteurs
Après que la responsable du service FPC, Mariam Cissé ait fait son exposé sur le FPC, la réaction des participants n’a pas attendu. Les créateurs des filières musique, littérature, art graphique et plastique, cinéma-audiovisuel, art dramatique (théâtre et chorégraphie), ont décrié, selon eux, l’octroi du FPC aux mêmes bénéficiaires, la crédibilité du comité de gestion du FPC, le manque de suivi des projets retenus, etc.
A en croire Sékou Oumar Sidibé dit « Inspecteur Rock », participant, le problème du FPC au niveau de la catégorie cinéma-audiovisuel, concerne, dit-il, le rapport prestataire-artiste. Dans l’attribution du FPC, le BBDA demande un apport personnel de 25% au bénéficiaire avant de compléter les 75%.
Dans l’explication de M. Sidibé, les auteurs et réalisateurs n’ont pas toujours cet apport personnel de 25%. « Et dans ces 75%, les auteurs, réalisateurs demandent à ce que tu leur donne une part. Et d’autres se plaignent et s’en foutent même de la qualité de l’œuvre qui va se réaliser. C’est ça vraiment le véritable problème de rapport entre prestataire, réalisateurs ou auteurs », a déploré « Inspecteur Rock » en tant que prestataire dans certains projets.
Pour le danseur chorégraphe, Bienvenue Bazié, représentant la filière danse, « le BBDA accorde le FPC deux fois par an avec une réalisation dans les trois mois. Ce qui est un délai très court pour nous, puis qu’il faut aller assez rapidement. Par contre, nous avons besoin du temps. La réalisation d’un projet nous prend deux ans, entre la recherche des fonds et la réalisation par exemple de l’œuvre pour espérer avoir quand même une bonne diffusion », a décrié celui-ci.
Aussi participante, l’auteure et comédienne, Edoxi Lionnelle Gnoula représentant la FENATHEB, a pointé du doigt quant à elle, le faible montant alloué du FPC pour la création dans la filière théâtre. « Ce que l’on donne pour le financement ne peut pas réaliser une œuvre dans mon domaine par exemple », a-t-elle révélé. Elle a proposé que le BBDA soutienne, dans sa catégorie (théâtre), un projet avec un financement conséquent que d’accompagner plutôt plusieurs autres avec des sommes dérisoires. « Si le BBDA arrive un jour à mettre 40 millions FCFA, dans une création théâtrale, on dira vraiment qu’il a soutenu. Cela sera une vraie subvention que de donner à 40 personnes un million de franc chacun », a-t-elle suggéré.
Sans nier les difficultés exposées, Blandine Yameogo, artiste-danseuse et comédienne, Vice-présidente du Comité de gestion du FPC a rapporté, être parfois surprise des dossiers constitués par certains postulants pour le FPC. « Parce qu’il y a des gens qui n’arrivent pas à bien constituer les dossiers. Il y a par exemple des engagements qu’il faut légaliser mais qui ne sont pas faits. Il y a des clés USB jointes aux dossiers souvent illisibles », a-t-elle confié. Et d’ajouter « en tant qu’artiste, il faut savoir ce que tu veux ».
Les travaux ont débuté ce matin au siège du BBDA et se poursuivent jusqu’au 18 février 2021. Jean-Marc Guébré alias Petit Jeanot, représentant l’Union nationale de musique enregistrée (UNAM), espère voir des améliorations du FPC au terme des 48 heures d’échanges.
Malick SAAGA