Wedra, artiste chanteuse : Un recours aux sources justifié

Wedra, artiste chanteuse : Un recours aux sources justifié

Artiste chanteuse burkinabè, Wedra fait dans la musique urbaine d’inspiration traditionnelle. Accueillie par les mélomanes burkinabè en 2008, elle a, à travers son single « Crimador », négocié timidement son entrée dans l’arène musicale. Après un premier album « Faso drapeau » en 2012, elle ne fera véritablement parler d’elle qu’en 2015 avec son second single  « Zounogo ». Malgré la fortune du tube, le second album « Coller-serrer » en 2016, ne connaîtra pas le succès tant espéré. Après un black-out, qui a duré quatre (4) bonnes années, la chanteuse refait surface avec un nouveau single intitulé « Boum fan nè daarè » en cette année 2020, en prélude de son prochain album. Dans ce présent échange, le 3 juillet 2020 à Ouagadougou, Kulture Kibaré s’est appesantie sur l’actualité de la chanteuse et sa nouvelle philosophie musicale.

Entre 2016 et 2020, Awa Ouédraogo à l’état civil dite Wedra, a disparu de la scène musicale. Elle vient de signer son retour avec un nouveau single intitulé, « Boum fan nè daarè » (chaque chose a son temps). Il s’agit d’une chanson inspirée du terroir yadega et qui tourne en boucle depuis quelques jours, sur sa chaîne Youtube.

Native de Gourcy, Wedra après, avoir exploré plusieurs tendances urbaines dont le coupé décalé, s’est alors résignée. Désormais, c’est dans le tréfonds des rythmiques de sa région, dans le Nord du Burkina Faso, qu’elle va puiser sa substance musicale, son inspiration pour mieux s’affirmer. Quelles sont les motivations d’un tel recours aux sources ? « Si tu sais d’où tu viens, tu dois savoir où tu vas. Aujourd’hui, avec le coupé décalé ou l’afrobeat, je ne pourrai pas aller m’imposer au Nigéria ou en Côte-d’Ivoire avec leurs musiques à eux. Je ne m’engage plus dans ces styles, car ce n’est pas de chez moi. Je préfère demeurer dans mon warba ou mon liwaga qui est pur. Je sais que c’est cette identité de chez moi qui m’amènera loin, demain », a répondu la chanteuse. Et d’appuyer ses propos avec un cas concret. « Quand les organisateurs des trophées de récompense de femme de feu au Bénin, sont rentrés en contact avec moi, ils sont d’abord allés sur Youtube pour écouter ma musique. Ensuite ils ont découvert que je faisais de la musique traditionnelle du Burkina Faso. Et même mon style vestimentaire traditionnel les a émus. Ils m’ont dit clairement que c’est ce qu’ils recherchaient, puisque chaque artiste de chaque pays devait présenter une marque identitaire ».

Alors, entre le Bénin et la France, Wedra avoue sans complexe avoir défendu son identité culturelle en se sentant dans sa peau. « En Europe, c’était pareil. C’était la même chose quand je suis arrivée. Je donnais des cours de danse de liwaga aux jeunes français », a-t-elle confié.

Il était alors évident  qu’elle se penche sérieusement sur un nouveau format musical identitaire, d’où sa rupture avec les variétés et autres tendances d’ailleurs qui ont pignon sur rue au Faso, a-t-elle laissé entendre. Aujourd’hui, elle a compris que c’est une nécessité pour elle de recourir à la musique du terroir pour mieux conquérir le monde. « Si tu as une belle voix utilise-là pour valoriser ta culture et non pas pour t’exhiber ou pour montrer ce que d’autres pays défendent », s’est-elle indignée.

 Son nouveau single « Boum fan nè daarè » plante le décor. Elle annonce les couleurs de son prochain album de huit (8) titres, entièrement enregistrés en live au studio, Hope Musik. C’est une recherche musicale qui a réunie des virtuoses du monde musical avec en ligne de mire, l’émérite bassiste du groupe Kalyanga, Samuel Zabsonré qui assure la direction artistique de l’album.

Wedra a promis du Wedra. Un nouveau vent, une nouvelle dimension musicale avec son projet qui arrive. Les fans l’attendent et ne s’en reviendront peut-être pas. Mais, ça sera du « Wedra ».

Malick SAAGA  

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