Reconnaissance de la Nation : Les vrais acteurs culturels, les grands oubliés
Les fêtes de fin d’année sont généralement l’occasion de décerner des médailles aux dignes fils et filles de la Nation qui se sont illustrés par leur ardeur au travail dans divers domaines. C’est le signe d’une reconnaissance de tout un peuple à l’endroit de ses « enfants » y compris les artistes musiciens, les acteurs, les comédiens, les danseurs, bref le monde de la culture d’une manière générale.
Malheureusement au fil des ans, le même menu est servi aux Burkinabè. La part belle est en effet faite aux fonctionnaires de l’Etat, à une certaine catégorie de citoyens du régime du moment, notamment les politiciens. Il y a pourtant des méritants au sens propre du terme, qui sont exclus de cette extravagance fanfaronne.
Contrairement à certains pays, les acteurs du monde culturel burkinabè surtout ne reçoivent pas la reconnaissance qui leur est due. Des prix au FESPACO ou pendant d’autres manifestations du même acabit qui pullulent au pays des Hommes intègres ne sauraient remplacer cette reconnaissance officielle et nationale. Etre élevé au rang de chevalier, officier, commandeur, grand-croix, est un sentiment de fierté pour toute personne, parce que c’est tout un peuple en principe qui reconnaît le travail accompli. Mais hélas ! La reconnaissance nationale devrait se mériter surtout dans le monde culturel et ses grands noms. Car, il n’y a pas meilleur ambassadeur dans un pays que celui qui véhicule bien ses valeurs et expressions culturelles sur une grande échelle.
De mémoire de Burkinabè, combien d’acteurs culturels (artistes musiciens, comédiens, écrivains, cinéastes, scénaristes, acteurs, producteurs, etc.) ont-ils vu leurs mérites salués par la Nation ? Parlons des vrais acteurs et non de certains pitres, malheureusement et majoritairement dans le lot de ces reconnaissances de la Nation.
C’est véritablement une grosse anomalie au Burkina Faso, pays désigné à tort ou à raison, comme terre culturelle par excellence. Or, à défaut d’accompagner en toute sincérité nos véritables ambassadeurs culturels qui font d’une manière ou une autre rayonner notre culture au plan national et international, ayons la lucidité de reconnaître leurs efforts en leur témoignant toute notre reconnaissance de leur vivant.
Serge Aimé Coulibaly, l’international danseur chorégraphe dont le mérite est chanté et célébré partout dans le monde, n’a jamais été décoré à la hauteur de sa réputation dans son propre pays. Malgré sa prestation récente bien applaudie aux spectacles d’ouverture et de clôture du FESPACO 2021, il n’a pas été choisi parmi les récipiendaires ni hier, ni aujourd’hui pour recevoir sa médaille. Il y a alors de quoi s’interroger sur cette reconnaissance de la Nation burkinabè dans l’univers des arts et de la culture.
Joachim Zabsonré, père fondateur de l’Association la « Dernière Trompette » qui, par son engagement artistique et ses multiples actions, a permis à certains Burkinabè de se former musicalement n’a jamais été décoré. Pourtant, son centre fut le passage oblige de plusieurs musiciens de grande réputation. Feu Victor Démè, Kalyanga, le groupe Dernière Trompette Juniore, Yoni, Mariah Bissongo, entre autres. Le fils Zabsonré (George), chef de l’orchestre national avait été décoré, non pas au compte de l’Association la « Dernière Trompette » mais au nom du CENASA. L’autre fils du vieux Zabsonré, Wendlavim Zabsonré, un excellent musicien qui enseigne la musique classique et la musique traditionnelle burkinabè au conservateur de Lyon, est parmi les grands oubliés. La liste est assez étalée.
Notre interpellation n’a pas pour ambition de susciter ou contraindre les autorités à décerner des médailles « coura-coura » ou de complaisance à nos acteurs culturels comme ce qui est constaté maintenant. Seulement, nous tenons fermement à rappeler qu’il y a des hommes et femmes qui méritent cette médaille nationale que d’autres.
Nous appelons à la mise en place d’une structure à la stature d’un Ordre des acteurs culturels pour pouvoir proposer de concert avec les autorités des acteurs culturels à la décoration. Un syndicat partial ou un groupuscule d’acteurs culturels obscurs ne pourra pas se voir confier cette tâche. D’où la nécessité d’une structure plus sérieuse et dynamique dépourvue de querelles intestines ou autres.
La réflexion est lancée !!!
La Rédaction
