Kader Kaboré, sculpteur et designer-industriel : Un artiste qui façonne les objets jetés à la poubelle en œuvres d’art

Kader Kaboré, sculpteur et designer-industriel : Un artiste qui façonne les objets jetés à la poubelle en œuvres d’art

L’art plastique et graphique a plusieurs facettes. Chaque artiste, selon son imaginaire sculpte l’univers à sa guise. Au Burkina Faso, Abdoul Kader Kaboré est de cette trempe de créateurs qui cherchent à réinviter la roue dans les arts de la sculpture du bois et des métaux.  Sculpteur et designer industriel, il s’est donné pour penchant, la récupération des objets jetés à la poubelle pour les façonner en objets esthétiquement utilitaires. Il fait dans l’ameublement, la décoration des jardins, les accessoires d’ornement de maisons à partir du bois, des métaux et autres objets détournés de leurs usages. C’est le designe industriel. De quoi s’agit-il ? Du haut de sa quinzaine d’années d’expérience, l’artiste a accepté nous ouvrir son univers, le 29 juin 2020 au Centre Kayiiri à Ouagadougou où il exerce.

Nous sommes dans le quartier Goughin, rue 9.32, Ouagadougou. Une parcelle fait office d’un dépotoir de bois usés, de métaux et autres débris organiques. En s’approchant de plus près, nous constatons également des objets d’arts exposés : meubles sculptés, peintures, tableaux, masques, engins à deux roues de la vieille époque, etc. Au cœur de ce tohu-bohu est érigé un atelier de soudure, une salle de filage, etc. C’est l’espace de recherche et de création de Abdoul Kader Kaboré, qui se définit, artiste sculpteur et designer industriel. Nous sommes dans les enceintes du centre Kayiiri, l’univers de la transformation des objets usés en objets d’art et esthétiquement utilitaires.

Nous sommes dans l’univers du design industriel. Il s’agit des meubles et autres œuvres d’arts décoratifs à partir de débris organiques usés et récupérés dans les poubelles et autres dépotoirs. « C’est de créer en fait un univers décoratif à partir des ordures, des déchets et autres objets usés », explique Kader Kaboré. Il faut aller puiser au fond de son génie créateur pour proposer une œuvre d’esprit qui sort de l’ordinaire, tente-t-il de faire comprendre.

Le designer industriel est selon notre artiste, différent du menuisier ou du soudeur. Même si tous confectionnent des meubles et autres accessoires pour les maisons, le designer industriel s’identifie plus à l’artiste qu’à l’artisan, confie Kader Kaboré. « Dans mon domaine, la combinaison des matériaux et la décoration sont artistiques. Parce que ça sort de l’ordinaire ».

Mais d’où est née cette vocation pour le design industriel ? Kader Kaboré raconte que tout est parti du centre Lukaré en 2006. Manœuvre touche-à-tout, assez curieux, il aidait tout le monde en intervenant dans les différentes chaînes de production. C’est de là, qu’est née cette passion du design des meubles. En 2012, il se voit couronner en marge du Salon International et de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), meilleur artisan créateur.

Il saisit aussitôt l’opportunité à travers une bourse pour se former à l’Ecole internationale de design à Paris (France). En six (6) mois d’apprentissage, Kader Kaboré avoue avoir appris et découvert tellement de savoir-faire sur l’assemblage des matériaux. « J’ai beaucoup appris sur l’assemblage des matériaux, les finitions, etc. Ce qui m’a vraiment impressionné, c’est de travailler mes croquis sur une machine 3D alors que j’avais l’habitude de les dessiner avec un stylo et une feuille. Il y a aussi le partage d’expérience, le frottement de culture sur l’atelier métal et tout. Et j’avoue que c’était très enrichissant », témoigne-t-il.

Aujourd’hui, il s’est installé à son propre compte au centre Kayiiri en association avec l’autre icône de la récupération burkinabè, Sahab Koanda. Ensemble, ils ont décidé de fédérer leur savoir-faire artistique pour mieux dépeindre la vie. Kader Kaboré, comme nous l’avons mentionné plus haut travaille sur tout ce qui est textile, bois, métal, etc. Il propose des créations qui vont avec la vie, le monde et l’univers des êtres.

Kader Kaboré

Ses œuvres d’art diffèrent d’un besoin à un autre. Il y a par exemple des meubles qui répondent à un esthétique culturel, à la fois décoratifs et utilitaires comme les armoires, les tables, les chaises, les bureaux, les canapés, les buffets, etc. Kader façonne aussi les nattes pour extraire des tableaux assez significatifs et décoratifs. Le secret de notre sculpteur et designer industriel réside dans son approche et sa philosophie. Il crée du brut dans le brut. « J’essaie de sculpter du bois brut dans du bois brut sans vraiment sculpter des parties », dit-il.

Kader reçoit des commandes depuis le Benin, le Canada, la France, l’Allemagne, le Mali, etc. Ses produits et services varient entre 5000 FCFA et plus de 33 millions de FCFA lorsqu’il s’agit des commandes de meubles, a-t-il précisé. Toutes ses œuvres sont créées, montées et finies au centre Kayiiri. Il dispose d’un atelier de soudure, de filage où exercent quelques jeunes passionnés du domaine. Il essaie de former et transférer ses connaissances à la génération future pour mieux promouvoir le design industriel au Burkina Faso.

Malick SAAGA    

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