Politique culturelle : Et si l’administration publique n’était pas une continuité

Politique culturelle : Et si l’administration publique n’était pas une continuité

Notre planète fait face à une réalité appelée mondialisation. C’est l’uniformisation culturelle du monde. Dans cet environnement, les cultures dites « supérieures » imposent leurs visions, leurs modèles ou leurs politiques aux cultures  dites « inférieures ». Depuis la période coloniale à nos jours, les différentes facettes de domination, de pillage, de destruction des savoir et savoir-faire des peuples noirs ont évolué sur d’autres formes. Pourtant, avons-nous pris l’habitude de le dire : la culture constitue le socle de développement d’un pays.  Elle est donc la boussole d’une société. Mieux, c’est la ressource essentielle pour un Etat conscient qui cherche à  s’affirmer dans le temps et dans l’espace. Conscientes, nos élites ont alors élaboré des politiques culturelles pour construire leur développement. Malheureusement, nous sommes toujours à l’époque de beaux discours et des constructions phraséologiques sans aucune réelle volonté politique de s’imposer par la culture.

Le Burkina Faso n’a attendu qu’en 1985, au cours donc de la période révolutionnaire, pour admettre le statut de ministère plein en charge de la culture, non rattaché à un autre département. Sinon que depuis 1971, date de la création du Ministère de l’Education Nationale et de la Culture par le Gouvernement de l’époque, la culture n’était qu’un simple département rattaché. Elle subira d’autres affiliations à plusieurs autres ministères que sont le sport, la jeunesse, la communication, l’information, etc. Il a fallu, une prise de conscience pour arriver à un ministère plein, qui encore, adjoint aujourd’hui, art et tourisme. Ces différentes fortunes de la culture montrent la complexité du secteur à administrer et à gérer de façon efficace.

Il y a du politique dans le culturel burkinabè, et chaque régime selon ses intérêts, façonne le département culturel à sa guise au risque d’oublier que la route de développement économique, politique, industriel, social, … passe aussi par la culture. La Chine, le Japon, les Etats-Unis, sans s’y attarder, l’auraient compris. Le Burkina Faso du président visionnaire, Thomas Sankara, aussi, d’où l’érection d’un ministère de la culture plein en 1985. Pourquoi son esprit ou sa vision de la promotion et de la valorisation de la culture n’est pas poursuivie ?

Quel que soit le dynamisme des acteurs culturels privés, il faut une politique culturelle réelle, affichée, sincère et franche de l’Etat pour faire bouger les lignes. En la matière, de tas de documents d’orientations, de propositions, de recommandations par des experts du domaine,  ne manquent pourtant pas dans les tiroirs. Mais qu’est-ce qu’on en fait réellement ? Pourtant, l’administration est une continuité, n’est-ce pas ?

Dans la Stratégie Nationale de la Culture et du Tourisme (SNCT) 2018-2027, la vision à l’horizon 2027 est, entre autres de faire du Burkina Faso, « une référence culturelle et touristique fondée sur des valeurs culturelles partagées et disposant d’une industrie culturelle et touristique forte et compétitive qui participe au rayonnement économique et social de la Nation ». Discours après discours, documents après documents, les mêmes recommandations se poursuivent sans une volonté de travailler à mettre en œuvre celles déjà existantes. Pourtant, la répétition étant pédagogique, l’administration est une continuité, n’est-ce pas ?

Quels défis allons-nous relever si l’administration culturelle publique, n’est pas en réalité une continuité ? Les politiques culturelles se font et se défont après chaque vote ou à chaque régime.

En réalité, il n’y pas de politique, il n’y a que des politiciens qui naviguent à vue avec en priorité les intérêts de leurs partis politiques. Nous sommes à l’aune des prochaines élections présidentielle et législative. Alors tabouret, écoutons-les parler et faisons encore leur procès sur le plan culturel en 2025.

La Rédaction 

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