Koba Boubacar Dao, Président de la SAGES : « L’édition de mes œuvres ? Bien sûr que j’y pense »

Koba Boubacar Dao, Président de la SAGES : « L’édition de mes œuvres ? Bien sûr que j’y pense »

Koba Boubacar Dao est un comédien, metteur en scène et dramaturge burkinabè. Directeur artistique de la Compagnie Athéna Théâtre, il est depuis septembre 2017, le Président de la Société des Auteurs, des Gens de l’Ecrit et des Savoirs (SAGES). Désigné ambassadeur du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA) en 2019, pour avoir été l’auteur ayant récolté plus de droits dans la filière littérature, selon le BBDA , il vient de céder sa part du Fonds exceptionnel de solidarité au profit des créateurs les plus vulnérables. Kulture Kibaré l’a rencontré pour vous.

Kulture Kibaré (K.K) : Vous arrivez à la tête de la SAGES en 2017. Avez-vous été proposé par une tierce personne ou vous avez été élu par vote ?

Koba Boubacar Dao (KBD) : Je suis effectivement arrivé à la tête de cette association, regroupant la plupart des écrivains burkinabè, en septembre 2017. C’était à l’occasion d’une Assemblée générale qui s’est tenue à Ouagadougou. Il convient de préciser que la SAGES a été créée en 2011. Elle a eu comme premier Président, le Docteur Dramane Konaté. Il me semble également important de rappeler qu’en 2015, il était déjà prévu de procéder au renouvellement des instances. Cependant, le contexte de l’époque n’était pas si favorable. Des membres du Bureau national n’étaient pas disponibles. Le Président Konaté siégeait au Conseil national de la Transition. Il s’est montré favorable à la mise en place d’un Comité ad hoc de quatre (4) membres qui avait pour principales missions d’assurer la gestion des affaires courantes de notre association et de préparer cette Assemblée générale qui s’est tenue en septembre 2017, comme j’évoquais précédemment.  Il n’est pas superflu de mentionner que j’ai présidé ledit comité ad hoc.

La politique du nouveau président Koba

K.K : Élu président de la SAGES, quelle a été votre politique pour permettre à la structure d’atteindre ses objectifs ?

KBD : En réalité, la politique que nous avons mise en œuvre est celle dont le Bureau exécutif a été mandaté par l’Assemblée générale. Nous avons d’abord entrepris la restructuration, l’implantation, la redynamisation et la promotion de la SAGES. Nous avons œuvré à l’amélioration de la communication entre les membres par la création d’un groupe et d’une page Facebook et nous avons pris l’initiative d’un groupe WhatsApp des membres.

K.K : En 3 ans déjà, quelles sont les actions fortes que vous avez menées ?

KBD : Nous avons d’abord poursuivi les actions déjà initiées et conduites par notre structure : l’organisation de dédicaces au profit des membres, les conseils, l’organisation de la Rentrée littéraire du Faso, les cafés littéraires, les tournées des écoles, des cérémonies d’hommages à des auteurs, la participation aux éditions du Salon internationale du Livre de Ouagadougou (FILO). Nous avons en outre apporté notre contribution à l’élaboration du projet de loi d’orientation du livre et de la lecture publique au Burkina Faso. Nous avons également œuvré à susciter l’intérêt et l’adhésion des jeunes auteurs. A ce jour, nous sommes parvenus à obtenir un registre des adhérents. Nous avons aussi pu procéder au lancement officiel de la carte de membre de l’association. Pour nos activités de formation, les plus jeunes n’ont pas été omis. A leur intention, nous avons pu mener des activités de promotion littéraire et de formation aux métiers du livre et en art oratoire grâce à une subvention du Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT). Ce sont là quelques-unes des plus représentatives de nos actions, pendant notre mandat.

Koba Boubacar Dao

 

K.K : En tant qu’auteur, combien d’œuvres littéraires publiées disposez-vous sur le marché national et international ?

KBD : En tant que dramaturge, mes œuvres font surtout l’objet de représentations théâtrales, de spectacles créés par la Compagnie Athéna Théâtre que je dirige ou par d’autres compagnies ou troupes. Plusieurs de mes textes ont été lauréats du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) de la Semaine nationale de la Culture (SNC). On pourrait évoquer Une aube sanglante (GPNAL de la SNC Bobo 2004), De la chaire à la chair (GPNAL de la SNC Bobo 2008), Cœur de pierre ou Les enfants du désespoir (GPNAL de la SNC Bobo 2010), Un cauchemar pour les hommes… (GPNAL de la SNC Bobo 2012), La danse des flammes (GPNAL de la SNC Bobo 2014). Je garde de très beaux souvenirs de certaines de mes œuvres en raison de leurs diffusions. Notamment, La reconquête de l’eau, écrite en 2013 à la demande de One drop du Canada et l’Espace culturel Gambidi du Burkina Faso pour un spectacle pluridisciplinaire. Elle a connu une centaine de représentations dans le cadre du projet Eau dans le Bassin de la haute Comoé d’OXFAM, en 2013 – 2014. Je pense également à La cambuse, en 2017, en collaboration avec la Compagnie du Fil, dirigée par Athanase Kabré : un spectacle de marionnettes joué en Europe et en Afrique. L’œuvre était à l’affiche au dernier Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA). L’édition de mes œuvres ? Bien sûr que j’y pense, en vue de donner un autre souffle à ces textes. En cette année 2020, des œuvres comme Une aube sanglante, De la chaire à la chair et Des bijoux d’arc-en-ciel (GPNAL de la SNC Bobo 2016, en poésie) devraient paraitre aux Editions Céprodif.

Aucune oeuvre éditée jusque-là 

K.K : Voulez-vous laisser entendre que vous ne disposez donc pas d’œuvre éditée ?

KBD : Sans détour, je réponds oui… Mais, heureusement, parce que le théâtre, le genre littéraire que j’exerce, reconnait surtout, en matière de publication le spectacle, c’est-à-dire, la rencontre avec le public, par le biais du spectacle… La problématique est loin d’être nouvelle. Mais, avouons que l’édition du texte théâtral lui offre encore des possibilités de promotion et de reconnaissance… Ce n’est pas que je l’ignore, mais je dois avouer que dans le contexte burkinabè, où l’édition (surtout à compte d’éditeur) relève encore du miracle, je pèse mes mots. Nous pouvons croire, que le théâtre a résolu ou contourné le problème de la rencontre entre l’œuvre dramatique et son public, en occultant l’édition. En fait, que représente le texte, avec le lecteur, sans le public, face au spectacle théâtral ? Cette théorie n’écarte point l’importance du texte dramatique dans le théâtre. D’où, la problématique de l’édition (surtout de l’œuvre théâtrale au Burkina Faso) qui se pose avec plus d’acuité que pour d’autres genres littéraires.

K.K : Vous avez été élevé au rang d’ambassadeur du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur. Et ce titre confère des critères précis. Parlez-nous de votre nomination et ensuite de vos missions.

KBD : Effectivement, en 2019, j’ai été désigné Ambassadeur du droit d’auteur, en même temps que dix (10) autres membres, pour le compte du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA). C’est un honneur, un plaisir, un privilège et une responsabilité à assumer pour chacun de nous. Nous émanons de plusieurs filières artistiques : la musique, l’audiovisuel, les arts de la scène, les arts plastiques et graphiques et la littérature. Au titre de la littérature, par exemple, nous sommes deux (2) ambassadeurs : le doyen Jacques Bouréima Guégané, poète désigné en tant qu’éditeur et moi-même, en tant qu’auteur. Les autres ce sont Augusta Palenfo, Cisby, Dez Altino, Imilo Lechanceux, Ildevart Méda, Nana Bibata, Oumar Dagnon, Saly Z et Suzanne Christelle Songa. En quoi consistent nos missions ? Nous sommes engagés à la sensibilisation des membres du BBDA, à contribuer à la sensibilisation des exploitants des œuvres protégées et à accompagner le BBDA en matière de bancarisation de ses membres. Nous menons en ce moment deux principaux plaidoyers. L’un en faveur d’une subvention étatique à accorder au BBDA pour la mise en œuvre de ses activités. Et l’autre, c’est en vue d’une perception de redevances d’exploitation des œuvres littéraire dans les établissements d’enseignement pour la reproduction par reprographie. Bien entendu, nous sommes appelés à exécuter toute autre mission du BBDA relevant de nos attributions.

Interview réalisée par Malick SAAGA

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