Fonds de soutien aux créations artistiques : Les remerciements dans les clips et chansons sont-ils nécessaires ?

Chez nous au Burkina Faso, il y a des institutions qui s’investissent de plus en plus dans la promotion des œuvres culturelles et touristiques. Il y a, entre autres, le Fonds de promotion culturelle du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (FPC-BBDA) et mieux encore, le Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT). Ces structures étant sous la tutelle du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) subventionnent les différentes créations avec des sommes dérisoires.

Malgré les ressources limitées du secteur de la culture et du tourisme, avec un budget annuel  2020 revu à la hausse et estimé à seulement 8 milliards de FCFA, les artistes n’arrêtent toujours pas de créer, de proposer des œuvres au public grâce à ces institutions de financement.

Alors, dans le mécanisme de financement des projets artistiques par le MCAT et ses structures dérivées, rien n’indique que le bénéficiaire d’un fonds doit mentionner en terme clair les partenaires techniques et/ou financiers sur les œuvres artistiques. Mais pourquoi ces artistes, musiciens surtout nous crèvent la vue et aussi les tympans avec des louanges dans leurs clips et chansons ?

L’on est tenté de s’interroger de façon explicite, pourquoi la bonne majorité des clips, tague le BBDA, le FDCT, le MCAT et bien d’autres institutions publiques et/ou privées dans leurs expressions artistiques ?

De toute évidence, cette envie de l’artiste, tendant à exprimer sa reconnaissance à ses partenaires, n’est pas en soi décousu de tout sens. Mais force est de constater que cette démarche d’afficher, de mentionner ou de taguer les structures étatiques et/ou privées sur les œuvres, détériore la fibre ou la matière artistique de la création.  

Que pensez-vous d’un clip avec des « Remerciement au MCAT /Remerciement au BBDA/Remerciement au FDCT… » ? Comment appréciez-vous  une œuvre artistique qui cite des gourous « Merci maman Chantal Compaoré/Merci maman Sika Kaboré/Merci EBOMAF ou Abdoul Services » ? Certains réalisateurs dans le cinéma vont jusqu’à insérer la publicité souvent sans aucun lien avec l’histoire du film.

Ces comportements, quoi qu’on dise tendent à dénaturer l’esprit, la substance artistique de l’œuvre. Ces types d’œuvres « souillés » de tas de compliments tombent dans les œuvres institutionnelles/publicitaires. Ou soit l’on choisit de faire de la création artistique ou soit l’on fabrique des œuvres publicitaires commandées.

Une création artistique est avant tout une œuvre de l’esprit, une inspiration, une histoire, un vécu, un fait, etc. Elle ne doit pas perdre tout son sens en tombant dans une publicité décalée. Les remerciements et autres dédicaces peuvent se faire simplement sur la jaquette de l’œuvre ou mieux encore sur les réseaux sociaux à travers les différents comptes de l’auteur. Là, c’est plus intelligible et plus acceptable.

La Rédaction