Comédiens burkinabè: L’anglais, le sésame pour une carrière internationale
Langue officielle dans plus de 75 pays pour plus de 2 milliards de personnes, l’anglais est aujourd’hui devenu la langue numéro Un dans de nombreux secteurs, tels le commerce, les technologies, la science, la communication, etc. Elle permet d’accéder à des postes à plus haute responsabilité, de développer son entreprise ou sa carrière. Autrement dit, l’homme ou la femme qui parle et comprend anglais peut avoir accès à un nombre illimité de ressources, et se voir ouvrir de nombreuses portes dans plusieurs domaines d’activités dont le Cinéma.
En effet, la langue de Shakespeare est devenue, depuis plusieurs années, la langue principale de l’industrie du cinéma. Quoi de plus normal quand l’on sait qu’Hollywood est le générateur du divertissement mondial, et fait figure de locomotive en ce qui concerne le 7e art. De nombreux réalisateurs et acteurs français ou chinois l’ont très tôt compris. Et grâce à leur parfaite maitrise de la langue anglaise, ils réalisent des films hors de leur pays ou tournent dans de grosses productions américaines. L’on peut citer, entre autres, Louis Letterier, Luc Besson, Ang Lee, Yuen Woo-Ping, John Woo, Jean Réno, Isabelle Huppert, Juliette Binoche, Omar Sy, Gérard Dépardieu, Vincent Cassel, Jackie Chan, etc. La liste est très longue. Nos réalisateurs, acteurs et comédiens parviendront-ils à s’inscrire dans cette dynamique, très prometteuse pour leur carrière? Combien sont-ils à pouvoir s’exprimer en Anglais?
Ces interrogations amènent un autre constat amer. Peu d’acteurs de notre cinéma, toute branche confondue, ne songent véritablement pas à embrasser une carrière internationale. Nul ne rêve de faire partie de la grande machine hollywoodienne. Pourquoi? En plus du manque d’ambition et de vision, la maitrise de la langue anglaise constitue incontestablement, la principale raison et barrière de cette situation dans laquelle se trouvent les grands noms de notre 7e art, principalement les acteurs.
Le manque d’ambition
De grands acteurs, notre pays en compte à la pelle (Abdoulaye Komboudry, Hyppolite Ouagrawa dit M’ba Bouanga, Eugène Bayala dit Oyou, Joseph Tapsoba alias Chocho, Delphine Ouattara, etc). Le temps est venu de sortir des sentiers battus. Une carrière artistique et cinématographique ne saurait se limiter au Burkina Faso, et dans une moindre mesure à la sous-région (Côte d’ivoire, Mali). Il faut aller au-delà. Et cela relève du domaine du possible.
Le cas de l’acteur émérite burkinabè, Issaka Sawadogo est assez évocateur. Après, entre autres, le prix de la Meilleure interprétation masculine au Festival du film francophone de Namur (Belgique) en 2005, le prix du Meilleur acteur au Teheran international Film festival, en Iran (2014), le prix du Veau d’Or au Pays-Bas, le prix du Best black actor night film au festival Tallinn, en Estonie (2015), il a obtenu, en novembre 2019 à Abuja (Nigéria), le prix du Meilleur acteur francophone, lors des Zulu African Film Academy Awards (ZAFAA). D’aucuns mettront en avant la chance ou encore le talent. Ils ont, peut-être, en partie raison. Lors de cette cérémonie de distinction, d’autres burkinabè (Kady Traoré, Rihanata Zongo, Oumar Dagnon) ont, en effet, été primés. Mais, l’acteur Issaka Sawadogo, en plus de son talent incontesté, a la particularité, très rare sous nos cieux, de jouer en français, anglais et norvégien. De telles compétences linguistiques constituent indiscutablement la voie royale pour figurer dans tout casting aux quatre coins du monde. C’est le lieu pour les uns et les autres de s’inspirer de son exemple. En moins d’un flagrant manque d’ambition, il est temps de ménager sa monture pour aller loin, pour reprendre. Les moyens d’apprendre une autre langue sont légions à notre époque. Une chose est sûre, comme l’a dit, l’acteur américain d’origine chinoise, qui a réussi à Hollywood, Bruce Lee: « Ne crains pas l’échec. Ce n’est pas l’échec, mais le manque d’ambition qui est un crime…« .
La Rédaction