Littérature : Autopsie d’une «insurrection inachevée» de Bruno Jaffré

Littérature : Autopsie d’une «insurrection inachevée» de Bruno Jaffré

Biographe de Thomas Sankara, l’écrivain Bruno Jaffré vient de publier «L’insurrection inachevée. Burkina Faso 2014 ». Il y évoque, entre autres, le déroulement des deux journées de ce soulèvement, et la mise en place de la transition.

En deux jours d’insurrection, les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè est parvenu à chasser du pouvoir Blaise Compaoré, qui dirigeait le Burkina Faso depuis l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. Qui en sont donc les acteurs, les leaders ? Où les insurgés ont-ils trouvé   les ressources pour se soulever contre la gabegie d’un homme et de sa clique ? Quelles leçons en tirer ?

Ce sont, entre autres, à ces questions que l’écrivain français, Bruno Jaffré tente de répondre dans son tout nouvel ouvrage, «L’insurrection inachevée. Burkina Faso 2014 », grâce à une multitude de photos, de références, de faits et de récits.

Composé de 312 pages, le livre comporte 10 chapitres, et un épilogue. De «L’indépendance à la Révolution » à « La Transition inachevée… », en passant par  « La révolution populaire et démocratique » ; « La consolidation du pouvoir de Blaise Compaoré » ; «Les moments forts qui vont structurer l’opposition à Blaise Compaoré» ; « (…) L’homme de la Françafrique… » ; « Les prémices de l’insurrection » ; « L’insurrection» ; « La mise en place de la transition… » ; « Une transition réformatrice » ; «Le coup d’Etat  le plus bête au monde », cette œuvre de Bruno Jaffré est sans conteste, d’une portée historique.

« L’histoire ne termine pas le présent et le futur, mais elle permet en partie de l’expliquer. Nous avons donc remonté le temps, raconté l’émergence de la résistance à la dictature, dans des conditions difficiles, mais comme le début d’une vague qui va grossir avec le temps, que rien n’arrêtera lorsqu’elle aura la force de venir à bout de tous les obstacles, mis sur son chemin vers la liberté », signale-t-il dès les premières pages.

Un pouvoir honni

Outre les repères historiques, l’auteur, on le devinera aisément, cite deux grandes références, à savoir Thomas Sankara et Norbert Zongo, des « modèles de lutte et de sacrifice ».  Ces deux personnages, est-il convaincu, ont inspiré la révolte, et lui ont fourni l’énergie nécessaire pour faire tomber les murs. «Ces forces accumulées de nombreuses années, et renforcées par d’immenses manifestations à partir de juin 2013, se sont alors déversées en deux jours sur les symboles d’un pouvoir honni… », écrit-il.

Les pages suivantes seront consacrées à la difficile mise en place de la  transition, le rôle quelque peu ambigu des organisations de la société civile (OSC), l’adoption de lois progressistes par le Conseil national de Transition (CNT), etc. Il  aboutit à une conclusion sans concession : « l’insurrection et la transition ont produit des acquis importants. Mais le retour des anciens collaborateurs de Blaise Compaoré au pouvoir, avec toutes les dérives qui l’accompagnent, et la crise politique que vit le Burkina, devraient au contraire inciter à un retour introspectif et critique sur les rôles des uns et des autres au cours de cette période». En définitive, comme relevé en sa quatrième de couverture, ce document se veut une analyse approfondie des rapports de force en présence, du jeu des acteurs principaux de ce moment décisif de l’histoire du pays des hommes intègres, pour aboutir à une histoire vivante, incarnée et captivante de cette insurrection inachevée.

Bruno Jaffré est, entre autres, l’auteur de nombreux ouvrages sur le leader de la Révolution d’Aout 83 (« Burkina Faso : les années Sankara, de la Révolution à la Rectification » ; « Biographie de Thomas Sankara, la patrie ou la mort » ; « Thomas Sankara, La liberté contre le destin »).

Corneille ZONGO

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