« Première gaou » : Entre clichés et réalités sur l’Afrique

« Première gaou » : Entre clichés et réalités sur l’Afrique

« Première gaou » est un spectacle de la comédienne et humoriste belgo-congolaise, Cécile Djunga. C’est un seul en scène qui dépeint le dépaysement d’une Afro-descendante. Un voyage drôle, plein d’insolites et d’anecdotes. Le spectacle est attendu très prochainement en Europe. Nous étions déjà en salle pour la toute première représentation, le 28 avril 2023, à l’Espace Grâce Théâtre, Ouagadougou (Burkina Faso). Et pour tous ces Européens qui s’impatientent, nous vous proposons une lecture critique.  

Suite à une crise identitaire doublée d’une dépression amoureuse, la comédienne belge d’origine congolaise qui se découvre un talent en humour, est prise dans une aventure à la fois drôle et préoccupante. « Première gaou » est le couronnement d’une quête interne et externe des pièces manquantes du puzzle. Humour théâtralisé ou théâtre humoristique ? En tout cas, le spectacle ne relève pas du classique.

Dans cette aventure, Cécile Djunga convoque le choc culturel. Durant une heure et demie, elle vous installe confortablement à bord, à la découverte de sa mère Afrique. Elle vous expose des faits insolites dans les rues de Kinshasa (RDC), des anecdotes dans les boîtes de nuit ivoiriennes, les dérives de son adaptation à un nouvel environnement, etc.

L’humoriste dans sa naïveté, aurait cru que l’écosystème africain fonctionne comme celui de l’Occident. Elle va, de fil en aiguille, réaliser qu’il ne suffisait pas d’avoir une peau noire ou de porter un patronyme africain pour être bien accueilli. Elle se rend vite à l’évidence et à ses dépens. Elle se sent ridicule parfois dans certains milieux. Ses difficultés la plongent dans une véritable crise identitaire. Mais, elle découvrira par  la suite, une caractéristique intrinsèque en Afrique : la solidarité inconditionnelle. Son regard change, ses yeux s’ouvrent. Elle commence à réaliser qu’il faut prendre du recul sur les préjugés et autres clichés sur l’Afrique.

Lors de la première représentation de « Première gaou » à Ouagadougou

Le jeu de la comédienne combine un langage artistique digeste, des voix préenregistrées, des vidéos, d’effets sonores, de la musique et de la danse. L’histoire est racontée avec un ton drôle. Elle parodie son émerveillement et ses maladresses.

Cécile transcende dans « Première gaou », les techniques traditionnelles du théâtre et de l’humour pour proposer un spectacle métis. Son occupation scénique bien arrimée à l’éclairage, accroche et tue toute monotonie. Les voix-off et les bruitages meublent de façon cohérente son récit.

« Première gaou » est plus que de l’humour, plus qu’un one woman show. C’est simplement un spectacle hybride qui théâtralise le vécu en se servant des outils techniques et artistiques du moment pour produire une diversité d’émotions sur la scène. C’est une représentation totale qui sait allier art et communication pour marquer l’engagement d’une fille à la recherche de ses origines.

Fidèle LANKOUANDE (Collaborateur)

Kulture Kibaré 

CATEGORIES
MOTS-CLES
Partager

COMMENTAIRES

Wordpress (0)