Crise au Burkina Faso : L’indifférence de nos artistes
La terre des Hommes intègres jadis, est dans l’agonie. Crise sécuritaire, crise politique, crise économique, crise sociale, crise alimentaire sont le lot des maux perceptibles. La nation est en péril. Mais, certains citoyens, leaders d’opinion en l’occurrence, laissent percevoir leur insouciance et leur indifférence. Qu’en est-il ?
Rendez-vous compte que malgré les décisions et actions politiques jugées illégitimes, qui prévalent, avec pour corolaire la fragilisation du tissu social et le risque d’effondrement total de la nation, aucun leader parmi les artistes burkinabè n’a daigné bomber le torse, monter au créneau et prendre ses responsabilités à travers sa voix et actes pour remettre sur orbite la patrie.
Comme nous le savons, il est pourtant du rôle de l’artiste de préserver la recherche de vérité et de liberté même s’il est parfois contre-courant des paradigmes existants. Anticonformiste et non un déviant social, l’artiste, le vrai, qui a toujours une longueur d’avance sur son peuple doit se prononcer quand sa nation est en péril. Et pourquoi le Burkina Faso, presqu’au bout du rouleau, l’injustice, l’insécurité, l’impunité, l’iniquité, l’inégalité ne sont plus décriées avec fougue par cette nouvelle génération d’artistes ? Ont-ils fermé le clapet subitement pourquoi ? Des poules mouillées ? N’ont-ils pas les couilles nécessaires ? Et leur responsabilité sociale alors ? Lire aussi : https://kulturekibare.com/2021/11/22/situation-nationale-le-silence-coupable-des-artistes-leaders/
Et pourtant, faire de l’art, c’est s’engager. S’engager, c’est revendiquer. Revendiquer, c’est défendre ses idées, assumer et inciter les autres à les adopter. Et tout artiste quelle que soit sa discipline est engagé. Sam’s K Le Jah et Smockey, on se souviendra toujours, au péril de leur vie s’étaient farouchement opposés en 2014 au projet de modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè. Ils ont mobilisé, sensibilisé et marché pour faire barrière à un régime puissant de Blaise Compaoré. Ils y sont arrivés contre vents et marrées. Ils ont été en retour, payés en monnaie de singe. Pis, ces deux artistes ont été plus tard traités de tous les noms d’oiseaux (corrompus, manipulateurs, faux types, etc.) par leurs détracteurs. En tout cas, à y voir clair, nos deux « révolutionnaires » qui étaient très déterminés sont aujourd’hui, presque réduits au silence. On ne les sent plus. Ont-ils passer le flambeau à leurs jeunes collègues? En tout cas, on ne sent plus rien bouger du côté des artistes si ce n’est des créations d’hommage aux FDS espérant en contrepartie un soutien du ministère en charge de la culture.
Tout artiste, de notre avis, est engagé. Nous n’avons donc pas que deux artistes aux Burkina Faso. Ils sont si nombreux. Une bonne partie d’entre eux, chante la « révolution » et la fuit sur le terrain. C’est dommage ! Où sont-ils alors ? Aucun n’a bronché face au retour inopportun de Blaise Compaoré. Ils gueulent malheureusement sur les réseaux sociaux sans actions concrètes. Sous d’autres cieux, on aurait pu voir des personnalités culturelles s’afficher et s’assumer.
L’artiste, c’est aussi celui qui est en mesure de défier les systèmes et dépasser les limites des cadres imposés. C’est pourquoi, en tant que la « voix des sans voix », il devrait arriver à avoir son mot à dire dans la succession d’évènements délicats qui bouleverse son pays. La responsabilité sociale de l’artiste dans ces circonstances déplorables au Burkina Faso est aussi de s’engager à travers des actes pour une nation prospère. Bob Marley était un artiste. Sam’s K Le Jah et Smockey jou-aient bien leur rôle. Mais ça, c’était avant !
Selon Albert Camus « le temps des artistes irresponsables est passé ». Il faudra maintenant jouer clairement sa partition, être utile, avant qu’il ne soit trop tard. Ce qu’on demande à l’artiste burkinabè, le vrai, c’est de mettre son art au service d’une cause. Un point barre !
La Rédaction
