« Pourriture noble » : Quand Smockey rit de la politique fallacieuse

Nous sommes en pleine campagne électorale au Burkina Faso. Et c’est justement en cette période que le rappeur « grande gueule » choisit pour sortir, le 11 novembre 2020, son nouveau single,  « Pourriture noble ». Dans cette trouvaille musicale, Smockey rit de la politique fallacieuse dans une allure satirique.  

Comme un phénix, Serge Martin Bambara dit Smockey refait surface en période électorale. Le rappeur burkinabè le plus engagé est resté fidèle à lui-même. Sa dernière inspiration musicale est une parodie du contexte politique actuel. Il fustige ces systèmes politiques aux mœurs douteuses, espiègles et sournoises. La « Pourriture noble » peut bien résumer la situation d’aujourd’hui. Puisque c’est la campagne électorale en ce moment et certains hommes politiques immoraux, irraisonnables et irraisonnés n’hésitent pas à promettre même le « Dieu créateur » aux populations. Dans cette chanson satirique, le rappeur envoie ses pamphlets sans filtre. Pouvait-on attendre moins de lui ?

Dans le fond, qui est-ce que Smockey indexe lorsqu’il clame en toute douceur : « pour être député maire ou gouverneur. Mon programme c’est partager le beurre. Distribuer des prébendes à l’entourage. Le pognon ça fait monter les suffrages. Je suis certes corrompu mais pas seul. Mes électeurs n’ont pas que de la gueule » ?

Ces fausses et viles promesses, le rappeur n’est pas dupe. Comme s’il connaissait par coeur la leçon de certains saltimbanques politiques en temps de campagne, il cite un de leur chapitre à travers ce passage, « et vous récolterez de grands ouvrages. Mon argent ne peut pas avoir d’odeur. C’est une sinécure pour les deux joueurs. Et je vous réduit vos impôts et vos charges ». Smockey est peut-être dans le secret des dieux, en tant que leader du mouvement de la société civile, Balai Citoyen, qui veille au grin, que ne sait-il pas des bévues politiques en Afrique ?

Pour lui, « l’intégrité c’est bon pour le moral, mais ça ne grossit pas son capital ». A qui fait-il allusion ? A ces renégats qui, au nom de Thomas Sankara s’empiffrent leur panse ou qui d’autres ?

Smockey confie ironiquement aimer la pourriture, parce qu’elle est la graisse de son système. Et quand tout le pays va mal, cela fait grossir son capital. Il fait honneur aux scélérats, il vide les caisses de l’Etat, cet argent du contribuable, devient des dessous de table.  Pour sa belle allure remarquable, honorée et respectable, Smockey invite les uns à l’appeler Honorable ou bien son Excellence.

« Pourriture noble » est une antithèse. Et si une pourriture se veut noble, il faudra l’entretenir comme dans la technique des vignobles de la région d’Alsace (France), explique Smockey, celle qui consiste à répandre expressément du champignon parasite sur le raisin avec pour effet de faire remonter le taux de sucre dans le fruit, permettant donc de réaliser un des meilleurs vins blancs du monde. Et si ces systèmes politiques fallacieux sont la solution, élisez-les aussi et laissez-les sortir les populations de la souffrance.

« Pourriture noble » est soutenue par un court-métrage qui dépeint bien ces pouvoirs politiques et leurs systèmes machiavéliques.

Malick SAAGA