Le plagiat dans la musique burkinabè : Parlons-en !

Le plagiat dans la musique burkinabè : Parlons-en !

Le jeune artiste musicien burkinabè, Kayawoto a été mêlé dans une affaire de plagiat avec son clip « Vinoogo » où il est en featuring avec le chanteur camerounais, Tenor. La vidéo a en effet été retirée de la plateforme Youtube au grand dam des mélomanes et des fans de l’artiste. En lieu et place d’une explication rationnelle, Kayawoto a préféré, dans un direct Facebook, s’attaquer à des personnes jalouses qui seraient tapis dans l’ombre et dont la seule mission est de le voir échouer ou bloquer son ascension fulgurante.

Personne au Burkina Faso, en tout cas jusque-là, n’est assez puissante pour manipuler Youtube en lui ordonnant sous des motifs fallacieux de supprimer tel ou tel clip vidéo. Youtube est une grande entreprise, rigoureuse qui est peut-être au-delà de tout soupçon de malveillance. Le plaignant a sans doute fourni à Youtube des preuves tangibles et palpables sur le supposé plagiat de Kayawoto. Au « roi de la Maouland » et son équipe de prouver le contraire et d’œuvrer à rétablir le clip vidéo de « Vinoogo ». Chose faite quelques jours après. Toutefois, cette situation doit interpeller les autres artistes musiciens.

Car, de nombreux artistes burkinabè utilisent de plus en plus, des mélodies d’autres artistes sans pour autant avoir l’autorisation de les exploiter. Ce n’est pas du tout professionnel et sérieux. Certains le font à dessein pour rester au cœur d’une polémique afin de booster davantage leur image en bien ou en mal. Au Burkina Faso, cette stratégie est minimisée mais ailleurs, on paie très cher pour cette chourave.  La chanteuse Nourat, par exemple, a-t-elle eu l’autorisation d’utiliser la mélodie de la célèbre chanson « Buffalo Soldiers » de l’immortel chanteur jamaïcain, Bob Marley, dans son morceau en hommage aux FDS burkinabè ? Elle saura mieux vous répondre.

L’occasion faisant le larron, parlons-en alors ! Le plagiat est, selon Wikipédia, une faute d’ordre moral, civil ou commercial, qui peut être sanctionnée au pénal. Il consiste à copier un auteur ou accaparer l’œuvre d’un créateur dans le domaine des arts sans le citer ou le dire, ou à s’inspirer d’un modèle que l’on omet, délibérément ou par négligence, de désigner.

Dans la pratique, il n’est pas interdit de reprendre et de traduire une chanson d’un autre artiste. Mais pour cela il faut citer son auteur. Malheureusement, les procès sur le plagiat sont de plus en plus répandus dans l’industrie musicale aux quatre coins du monde.

Le Monde, dans sa publication du février 2020 nous informait dans ses colonnes que Robin Thicke et Pharrell Williams ont été condamnés pour avoir plagié Marvin Gaye. Des cas sont tellement légions aux USA et partout ailleurs aussi en Europe.

Dans le monde de la musique, il n’est pas rare de reconnaître des mélodies, de trouver un air de ressemblance entre deux morceaux, car facilement identifiables. Il existe, en outre, des logiciels qui identifient le pourcentage de plagiat dans un texte, même traduit.

L’avocat Damien Riehl, un spécialiste du droit d’auteur, aussi musicien et développeur, avec son compère Noah Rubin, ont créé un algorithme capable de générer toutes les mélodies possibles. Cet algorithme explore toutes les combinaisons mélodiques. L’astuce est d’avoir converti ces différentes mélodies en MIDI (Musical Instrument Digital Interface), qui est un format de fichiers dédiés à la musique et utilisés pour la communication entre instruments électroniques, contrôleurs, séquenceurs et logiciels de musique.

Autrement dit, selon toujours l’article de presse, c’est un « format dans lequel les notes ne sont que des chiffres, qui sont peu ou pas protégées par les droits d’auteur. Ainsi, la mélodie do, ré, mi, ré, do, convertie en fichier MIDI devient 1, 2, 3, 2, 1. Difficile d’envisager un procès pour une suite de chiffres dans ces conditions ». Et à l’intention de nos producteurs et artistes musiciens, il faut dire que Damien Riehl et Noah Rubin ont mis ces mélodies en ligne sur le site Internet Archive (https://archive.org) et aussi le code de l’algorithme qui les a générées.

Ces mélodies n’ont plus aucun droit réservé ou d’auteur. Elles sont comparables aux œuvres tombées dans le domaine public. Ainsi tous les musiciens du monde et donc du Burkina Faso qui exploiteront ces mélodies ne courent pas le risque d’être poursuivis pour plagiat. Il suffit de se payer les services d’un compositeur très outillé dans ce type d’algorithme pour lire les codes sur le site. A défaut d’inspiration, il faudra tout simplement faire désormais appel à internet pour la création. Dans un tel environnement où la technologie évolue à la vitesse éclaire, la créativité artistique ne va-t-elle disparaître et laisser place à du déjà-entendu ou du déjà-vu ? Ce qui serait suicidaire pour tout artiste.

Quoi qu’il en soit le plagiat ou encore la contrefaçon doit cesser dans le milieu de la musique burkinabè surtout. Le monde (musical) est devenu un gros village où tout le monde s’entend, s’écoute et se voit. Alors faites preuve de recherche et de créativité pour ajouter de la terre à la terre.

La Rédaction

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