
« Devenir un ancêtre » de Thierry Millogo : La version chorégraphique de Djibril Ouattara
Le chorégraphe Djibril Ouattara a présenté une chorégraphie intitulée « Monnè, la nuit ne nous écoute plus » dans le cadre du projet « On se dessine un monde ». Inspirée de l’œuvre littéraire « Devenir un ancêtre » de Thierry Millogo, cette pièce est une immersion dans une boîte de nuit pour dépeindre la déconnection de la jeunesse à l'ère de la modernité.
Après trois semaines de création, la presse et les partenaires ont été invités au Centre de développement chorégraphique (CDC) La Termitière pour découvrir la pièce « Monnè, la nuit ne nous écoute plus ». Il s’agit d’une chorégraphie proposée dans le cadre du projet « On se dessine un monde » où un chorégraphe devrait s’inspirer d’une œuvre littéraire pour créer. L’initiative est du danseur, chorégraphe et formateur, Jean Robert Kiki Koudogbo. « En 2019, j’avais initié des temps de lecture avec des amis où on se retrouvait dans un café pour débattre sur un ouvrage…On s’était alors dit, et si on créait ce projet [On se dessine un monde] ? », a-t-il expliqué. Et de rappeler : « il y a eu une première session à Bobo-Dioulasso en 2022. On était soutenus par l’Institut français. Il y a eu ensuite un break qui n’a pas été un oubli du projet mais plutôt pour mieux le repenser et revenir plus fort ».
C’est dans ce contexte que le danseur chorégraphe Djibril Ouattara a proposé sa chorégraphie à partir de l’œuvre « Devenir un ancêtre » de l’écrivain burkinabè Thierry Millogo. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2021/04/26/journee-internationale-de-la-danse-lassociation-mbomen-deja-dans-le-bain-de-la-celebration/
Sa chorégraphie questionne la déconnection de la jeunesse à l’ère de la modernité. S’inspirant pourtant de l’œuvre de Thierry Millogo, le chorégraphe transporte le spectateur dans une boîte de nuit. L’alcool coule à flot, le désir est érotique et charnel d’ailleurs sans tabou… ça danse… ça sniffe… sur fond d’exhibition. Cette ambiance libertine, de l’avis du chorégraphe n’est donc pas anodine. « J’ai voulu créer avec un contre-pied. Je n’ai pas voulu bondir directement sur le récit du livre. Nous, nous sommes où aujourd’hui en tant que jeunes ? Notre lieu sacré c’est où ? Dans les boîtes de nuit ? Parce qu’on est déconnectés, parce qu’aussi on a eu des papas qui ont été déconnectés, leurs parents également déconnectés. Et aujourd’hui on regarde les jeunes pour les juger alors que le mal vient de très loin. Beaucoup de gens ont abandonné la famille et ne connaissent plus la route du village », a soutenu le chorégraphe de la pièce.
Pour l’auteur de l’œuvre exploitée, Thierry Millogo, la création de Djibril Ouattara propose un « contraste » certes, mais elle en dit long dans le fond et le réconforte dans sa réflexion. Car le questionnement sur le passé, le présent et l’avenir à travers cette déconnection de la jeunesse se ressent aussi dans le livre.
La chorégraphie « Monnè, la nuit ne nous écoute plus » a été suivie d’une autre chorégraphie de Djibril Ouattara. Il a cette fois-ci mis en scène les stagiaires de la 5e promotion de Yeleen Don afin de leur permettre d’évacuer leurs ressentiments, leurs ressentis, etc. à travers toujours cette expression corporelle.
Le double spectacle s’ouvre au public, ce 24 mai 2025 à 19 heures au CDC La Termitière avec une entrée libre et gratuite.
Ram OUEDRAOGO
Imelda BATIONO (stagiaire)
Kulture Kibaré