Les Grandes Nuits du conte 2024 : Une apothéose sur fond de maîtrise du feu
Les rideaux sont tombés sur la 6e édition de Les Grandes Nuits du conte, le 24 novembre 2024. Au Palais du Samand Na Kansenga, démonstration de la maîtrise du feu par les forgerons et prestations artistiques ont permis aux festivaliers de se dire au revoir sur une note de satisfaction.
Après les deux premières soirées au Musée national du Burkina Faso (MNBF), l’équipe technique et artistique de Les Grandes Nuits du conte a élu domicile au Palais du ministre du Mogho Naaba, le Samand Na Kansenga pour l’apothéose. A l’affiche, prestations artistiques et la maîtrise du fer et du feu au vu et su du public. Car, l’une des justifications de cette tribune des arts du récit et de l’oralité est aussi la promotion et/ou la valorisation des savoirs et savoir-faire du patrimoine culturel identitaire. C’est dans cette optique que l’international conteur, Kientega Pingdewindé Gérard dit KPG, désormais San Naaba Kuilig Bounda de Saaba, Riim Biiga de Ramessoum a jugé nécessaire de joindre aux spectacles, la démonstration publique de la réduction du fer. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2024/11/24/les-grandes-nuits-du-conte-2024-une-deuxieme-soiree-tout-feu-tout-flamme/
Pour cette dernière touche de la 6e édition de Les Grandes Nuits du conte, il a fait venir différentes castes des forgerons du Burkina Faso et d’ailleurs pour maîtriser le feu ardent, non pas qui brûle, rassure-t-il mais qui symboliquement consolide le tissu social.
« Le feu qui est ici, ce n’est pas un feu qui brûle, ce n’est non plus un feu qui blesse. C’est plutôt un feu qui soigne, qui réunit, qui rassemble et qui unit. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus ici pour que le grand Samand puisse transmettre le message de tous les forgerons qui sont venus ici pour pouvoir magnifier le feu qui soigne l’inertie de l’esprit et non le feu qui brûle. Et notre objectif, c’est de pouvoir transmettre ce message au grand Samand pour qu’il puisse transmettre ce message à son tour au grand Mogho Naaba afin qu’on puisse redynamiser les forges qui sont au Burkina Faso, parce que malheureusement les gens ne savent plus ce qu’est la forge », a expliqué le fondateur de Les Grands Nuits du conte, San Naaba Kuilig Bounda dit KPG.
A l’entrée du Palais du Samand Na Kansenga, un fourneau servant de réduction du fer a été installé pour la démonstration. Tout festivalier, à son arrivée bute curieusement sur ce joyau avant d’accéder à la scène artistique. Une démonstration a permis à tous de suivre de bout à bout le processus de la réduction du fer chez les forgerons et surtout la maîtrise du feu ardent.
Pour l’hôte du jour et par ailleurs parrain de l’évènement, Samand Na Kansenga, la démonstration des différents forgerons sur la réduction du fer est une revalorisation de nos valeurs d’antan. Aussi, poursuit-il ce que KPG propose à travers les contes est une invite à la source, à l’éducation de base… « L’éducation est aujourd’hui laissée à la portée de la télévision et des réseaux sociaux. Mais si nous repartons à la source, vous allez constater un véritable changement. Il y a des situations que nous vivons aujourd’hui qui peuvent s’expliquer par le fait que nous avons laissé nos racines. Le message est donc simple : que chacun retourne à la source », a-t-il soutenu.
Après l’éclairage des lanternes sur la réduction du fer, place aux prestations artistiques pour le dénouement de la soirée. Le comité d’organisation dirigé par Pacôme Kaboré a d’abord permis aux jeunes artistes émergents de s’exprimer devant une pléthore d’autorités administrative et coutumière surtout. Tour à tour, conteurs, slameurs, vedettes de la musique moderne et traditionnelle ont « mis le feu » (comme on le dit dans le jargon) à la scène. KPG conteur himself, Tanya, Joey Le Soldat, le célèbre chansonnier traditionnel Paul Sebgo ont créé une atmosphère chaleureuse marquant l’apothéose de la 6e édition de Les Grandes Nuits du conte sur une note perceptible de satisfaction.
Sans omettre ses différents partenaires clés (Ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Burkina Faso, le MCCAT, le MNBF et Kulture Kibaré), le promoteur KPG leur a réitéré ses profonds remerciements pour leurs soutiens multiformes.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré