« Le marchand » : Quand on « deale » le désert sur scène
« Le marchand » est à l’affiche les 4, 5 et 6 octobre 2024 au Théâtre Soleil, à Ouagadougou. Nous étions à sa deuxième représentation. C’est une pièce théâtrale qui aborde les questions sociopolitiques majeures qui ont secoué ou continuent de secouer l’Afrique. Ecrit et mis en scène par Thierry Oueda, ce spectacle est un véritablement questionnement sur les enjeux du désert du Sahara.
« Le marchand » est une pièce théâtrale écrite et mise en scène par le dramaturge burkinabè, Thierry Oueda et par ailleurs directeur de Théâtre Soleil. Jouée en 2023 en Allemagne par des comédiens allemands et burkinabè, le metteur en scène a décidé de la programmer dans son pays en ce mois d’octobre 2024, grâce au soutien de partenaires dont Goethe Institut au Burkina Faso. Mais cette fois-ci, Thierry Oueda invite exclusivement la sixième promotion de l’école de théâtre du Théâtre Soleil : « Atelier de l’acteur » pour les différents rôles.
Le spectacle fait une immersion dans le passé colonial. Les grandes expéditions et les empires coloniaux qui ont secoué l’Afrique; la traite négrière; la conquête maladive du désert du Sahara (toujours d’actualité); entre autres sont abordés. Le dramaturge rappelle les grandes décisions historiques prises sur l’Afrique sans les Africains, décrit les conséquences de l’esclavage, pointe du doigt le « deal » des multinationales dans le Sahel.
Vous découvrez dans ce spectacle, des hommes d’affaires allemands faire des pieds et des mains pour acquérir une bonne portion du désert du Sahara. Ces soi-disant investisseurs tentent de « dealer » avec un richissime nomade. Ils utilisent alors tous les moyens de pression : corruption, intimidation, création d’emploi au profit de la jeunesse, développement d’une économie d’échelle, amélioration des conditions de vie des populations, patati patata… pour y parvenir.
La mise en scène dresse des tableaux de l’histoire, une sorte de mémoire pour mieux interroger cette nouvelle conquête des terres africaines. Le jeu scénique le résume si bien à travers la danse chorégraphique, les marionnettes, les comptines mélancoliques ou encore la narration. L’agencement des tableaux choque et vous révolte parfois.
Dans le dénouement de « Le marchand », Thierry Oueda tranche. Le désert du Sahara n’est pas une valeur marchande bien qu’il regorge des ressources précieuses. C’est plutôt un patrimoine, un héritage qui mérite d’être préservé pour les générations futures.
La dernière représentation se poursuit, ce dimanche 6 octobre à 20 heures au Théâtre Soleil, pour un prix d’entrée de 1000 FCFA. Et vous devez nécessairement la (re)voir pour peut-être mieux comprendre cette conquête maladive actuelle de certaines zones de l’Afrique.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré