Marché des arts : L’économie des danses traditionnelles au cœur des échanges
Juste après l’ouverture officielle du Marché des arts dans le cadre de la 21ème édition de la Semaine nationale de la culture (SNC), le 29 avril 2024, à la Maison de la culture Mgr Anselme Titianma Sanon, les festivaliers ont pris part aux panels. « Financement et économie des danses traditionnelles », c’est le thème qui a retenu le plus notre attention. Il a été développé par l’expert en financement des industries culturelles et créatives (ICC), Yaya Soura par ailleurs directeur des études et de l’assistance technique du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT).
C’est en marge de la Journée internationale de la danse, célébrée chaque 29 avril, que la commission spécifique du Marché des arts de la Semaine nationale de la culture (SNC) en collaboration avec le Centre d’information et de réflexion pour le développement de l’économie de la culture (CIRDEC), a sans doute pensé ce thème interpellateur : « Financement et économie des danses traditionnelles ». C’est le directeur des études et de l’assistance technique du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), Yaya Soura qui a été sollicité en tant qu’expert en financement des industries culturelles et créatives (ICC) pour développer le sujet et mieux éclairer les lanternes des participants.
Selon donc le paneliste, la danse traditionnelle est une sous filière qui relève toujours de l’économie informelle. Le véritable problème qui se pose est la structuration de ce domaine qui regorge pourtant d’initiatives à travers des animations presque quotidiennes dans les villages, les provinces et les régions du pays. Regrette l’expert, les adeptes font cependant de cette occupation une activité occasionnelle et non une profession.
Après avoir égrené les indicateurs d’une économie informelle des danses traditionnelles, il évoque un autre obstacle : l’emprise de la fonction traditionnelle et de préservation qui n’encourage pas l’innovation et le renouvellement de la création artistique. « La danse traditionnelle a un ancrage traditionnel territorial qui fait que le pas de danse est unique et ne peut pas évoluer. Je vois danser régulièrement les Lobi, les Dagara, etc. et je me suis souvent posé la question est-ce que véritablement, ils ne dansent pas la même chose ? », a soutenu Yaya Soura. Egalement, pour lui, les questions de la rémunération, l’absence d’une protection sociale, la faible déclaration des œuvres, la faible formation liée au faible niveau d’instruction des acteurs des danses traditionnelles sont légion.
Alors, dans un tel environnement peut-on s’appesantir sur des opportunités de financement pour l’émergence d’une économie des danses traditionnelles ? Pour notre expert, c’est possible car les mécanismes de financement déjà existants au ministère en charge de la culture à travers le FDCT ou le Fonds de promotion culturelle (FPC) du BBDA, etc. sont perceptibles. A l’entendre toujours, d’autres niches existent à travers des actions de la diaspora ou des communautés nostalgiques à leur musique du terroir. Il note aussi une floraison des festivals de musique et danses traditionnelles qui peuvent constituer un véritable vivier économique.
En définitive, confie-t-il, des marchés existent, il faut juste savoir saisir les opportunités. Pour ce faire, il invite les acteurs de la musique et danses traditionnelles à se structurer, à s’organiser artistiquement tout en disposant d’un staff managérial, à répertorier des marchés et des niches au niveau de la diaspora, à développer des projets de développement culturel, etc.
L’exposé a suscité un engouement au regard des échanges. Les participants, pour la plupart des directeurs de festivals, des tourneurs, des universitaires, des artistes, etc. qui suivaient attentivement n’ont pas manqué de façon clairvoyante et même passionnée d’infirmer ou confirmer certains propos de la communication. Toute chose qui conforte la commission spécifique Marché des arts sur le choix pertinent du thème.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré