Mise en scène de la pièce « De la chaire à la chair » : L’approche tri frontale de Rosine Kondombo
Le projet mise en scène au féminin, a connu son épilogue, dans la soirée du 9 novembre 2023 à Ouagadougou, à travers une restitution de spectacle. C’est la pièce de théâtre « De la chaire à la chair » de Boubacar Dao qui a permis de percevoir le travail de mise en scène de Rosine Kondombo. A la différence de Balguissa Ouédraogo et de Alimatou Ouattara, cette bénéficiaire a utilisé une approche tri frontale pour jouer son spectacle.
« De la chaire à la chair », c’est la pièce du Burkinabè Boubacar Dao, distinguée Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) de la Semaine nationale de la culture (SNC) 2008, que l’une des trois bénéficiaires, Rosine Kondombo a décidé d’exploiter. Son exercice a consisté à la mettre en scène dans le cadre du projet mise en scène au féminin. A l’entendre, sa motivation sur ce texte repose sur la thématique sensible qui est l’abus sexuel en milieu scolaire. « Quand je suis allée à la recherche de l’œuvre, quand je l’ai lue, elle m’a beaucoup touchée, parce que je me suis dit que ce sont des thèmes qu’on n’aborde pas souvent. De la manière que l’auteur a écrit le texte, cela m’a frappé. J’ai alors décidé de l’exploiter », a-t-elle expliqué.
En capitalisant ses acquis de la formation auprès de Yasmine Kano, Ildevert Meda, Azoumi Laure Guiré et Paul Zoungrana, Rosine Kondombo va proposer, dans sa mise en scène, une approche libre. « Je me suis appuyé sur ce qu’on nous a montrées », indique-t-elle.
Son spectacle raconte l’histoire d’une jeune fille passionnée, très obsédée de son enseignant. Dans son fantasme, elle va fabriquer toute forme de mensonges avec la bénédiction de son père afin de faire condamner ce pauvre enseignant de pédophilie. Mais, elle finira par des aveux, se résigner .
Dans sa mise en scène, Rosine Kondombo utilise, dit-elle, un tri frontal (les spectateurs suivent la pièce de trois côtés). Mieux, certains comédiens se fondent dans la masse d’abord avant de s’inviter dans le jeu. « Je veux surprendre le public, parce que s’il est fixé sur la scène principale, il sait ce qui va s’en suivre certainement », a confié la jeune metteuse en scène.
Pour sa première mise en scène d’une pièce d’auteur, elle semble satisfaite. Il en est de même pour l’auteur du texte, Boubacar Dao. « Je pense que sa (ndlr Rosine Kondombo) lecture du texte, à travers le spectacle est formidable. Je suis émerveillé », a-t-il apprécié.
D’un œil plus technique du formateur Paul Zoungrana, sa stagiaire a présenté un espace tri frontal, assez complexe. Cependant, souligne-t-il, elle arrive à faire voyager les uns et les autres tout en gardant une relation avec le public, et sans briser le quatrième mur ou le brise par moment. A l’instar des deux autres bénéficiaires, Balguissa Ouédraogo et Alimatou Ouattara, M. Zoungrana a manifesté aussi toute sa satisfaction. « Techniquement, je trouve que les trois ont essayé d’explorer ce qu’elles ont reçu dans les différentes techniques de mise en scène et elles n’ont pas été complexées. Elles ont gardé beaucoup de liberté », a-t-il fait savoir. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2023/11/09/le-reveil-le-bapteme-de-feu-de-alimatou-ouattara-dans-la-mise-en-scene/
Ce troisième spectacle marque l’épilogue du projet mise en scène au féminin, coopté par l’Association Grâce Théâtre du Burkina. Anatole Koama qui est le coordonnateur du projet se réjouit du dénouement. « Vous avez vu tout le travail qui a été accompli. Quand on pense que ce sont vraiment des novices, des gens qui sont venus, qui ont été formés en si peu de temps et qui ont su écouter et rester attentifs, leur travail me satisfait », a-t-il informé.
Une restitution du spectacle qui n’a pas laissé le partenaire financier, le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) indifférent. Car, c’est lui, avec l’appui de l’Union européenne, dans le cadre du Programme d’appui aux industries créatives et à la gouvernance de la culture (PAIC GC) qui a subventionné à plus de 26 millions FCFA le projet mise en scène au féminin. « Dans la mise en œuvre du projet, ils ont pu former 10 jeunes femmes dans le métier de metteuse en scène. Il y a également eu trois représentations, c’est-à-dire des créations artistiques qui sont sorties après la formation et que le public de la ville de Ouagadougou a pu suivre pendant les trois jours. Nous pouvons alors dire que le projet a pu atteindre les objectifs et les résultats escomptés », a salué Simon Yaméogo, représentant du FDCT.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré