Tournée mondiale de certaines vedettes burkinabè : Illusion !
Sur l’échiquier musical mondial, les vedettes burkinabè, ayant en ce moment le vent en poupe ou les stars locales les plus célèbres sont presque méconnues des grands circuits de distribution. Force est de constater qu’elles ne sont adulées qu’à l’intérieur de leur pays.
Si, quelques-unes, cependant, dans leurs efforts conjugués multiplient de plus en plus les voyages, au niveau continental, européen, américain, etc. c’est souvent pour un show uniquement devant une poignée de compatriotes. Des cas sont légions à travers des manifestations/kermesses/soirées/nuits culturelles au Canada, aux Etats-Unis d’Amérique, en France, En Allemagne, en Italie, etc. Autrement dit, c’est la diaspora burkinabè qui invite ses compatriotes pour des prestations pendant ses activités culturelles. Ni plus ni moins.
Au cours d’une interview réalisée par nos confrères de Faso7, la star ou encore le maillot jaune de la musique moderne au Burkina Faso, Dez Altino l’a, en toute humilité et en toute franchise avoué. « La musique burkinabè s’exporte un peu, mais difficilement, parce que la plupart sont en voyage pour la communauté. Pour ça, je ne parle pas d’exportation de la musique. Pour moi, c’est comme si tu joues au Burkina Faso. C’est comme par exemple quitter ici pour aller jouer pour les Burkinabè en Belgique. Pour moi, tu joues toujours au Burkina Faso. Moi, je ne peux pas parler d’exportation. Voyager c’est autre chose, l’exportation de la musique burkinabè, c’est autre chose », a confié le « Prince national ».
Une confidence qui vient lever le voile sur ces « tournées » à l’international de certaines vedettes/stars burkinabè. Non content de voyager avec un visa touriste en lieu et place d’un visa de travail en bonne et due forme, toute la campagne de communication élaborée laisse percevoir la conquête de mélomanes d’autres pays. Et pourtant, il n’en est souvent rien !
La plupart de ces tournées internationales sont une illusion (volontaire ou involontaire). Et elle continue de gagner du terrain. A un certain moment donné, il faut s’arrêter, il faut se regarder dans le miroir et avoir le courage d’affronter son reflet. Seul le talent intrinsèque peut garantir un véritable marché au-delà de ses propres frontières et non une supercherie.
Nous n’affirmerons pas que la musique burkinabè ne s’exporte pas. Il y a bien des artistes burkinabè qui ont réussi et qui réussissent dans cette conquête musicale mondiale. Ces véritables ambassadeurs sont souvent dans un format musical authentique et original qui, relativement est très peu prisé au niveau local. Eux, ils sont intrinsèques et ne font pas dans la tendance ni dans le mimétisme musical ni dans le vacarme.
Le Burkina Faso a toujours eu une certaine notoriété sur la scène internationale avec certains artistes et/ou groupes d’artistes. Rappelez-vous du groupe bobolais Farafina, fondé par le balafoniste Mahama Konaté dans les années 70? Il a parcouru le monde et a collaboré avec Rolling Stones dans l’enregistrement de « Continental Drift ». Ces Burkinabè ont même été invités à Wembley pour un show d’ouverture du concert d’hommage à Nelson Mandela en 1998.
Le nom du Burkinabè Victor Démè est aujourd’hui inscrit en lettres d’or dans les annales de l’industrie musicale mondiale. Que dire de feu Ablo Zon ou encore de Wendlavim Zabsonré, un autre Burkinabè qui a enseigné la musique classique et la musique traditionnelle aux Conservatoires de Rouen, Grenoble ?
Ils sont nombreux ces artistes-musiciens burkinabè engagés aussi dans des projets musicaux de tournée internationale et avec des grosses pointures, mais qui malheureusement ne sont jamais sous le feu des projecteurs dans leur propre pays.
Ces artistes ne sont pas dans l’illusion comme certains. Leurs seuls défauts, c’est de se taire et de laisser parfois les imposteurs (certains artistes de la nouvelle génération, certains promoteurs d’évènements, certains pseudos journalistes culturels, etc.) propager leur ignorance tout en tronquant l’histoire. Mais, plus personne n’est dupe et le mensonge ne saura perdurer.
La Rédaction
