Musique : Pourquoi ces artistes échouent ?

Musique : Pourquoi ces artistes échouent ?

Au Burkina Faso, le travail de la plupart des musiciens professionnels et même amateurs se résument en trois activités essentielles : composition, enregistrement, et interprétation. En se contentant de ce strict minimum, nos artistes sont voués, sans le savoir, à un échec programmé.

En effet, se contenter uniquement du côté artistique et faire fi de tout l’aspect «business» de son projet musical, c’est saboter sans le savoir sa carrière artistique. Tout artiste musicien, selon le site spécialisé MarketingMusical.fr, doit considérer sa carrière musicale comme une entreprise, et agir en véritable entrepreneur.  Et cela passe par la maîtrise d’un certain nombre de facteurs qui font toute la différence entre les artistes soucieux de leur carrière et ceux qui la «tuent» avant qu’elle ait pu démarrer.

De prime abord, le chanteur ou la chanteuse qui souhaite vivre de son art doit connaitre «son» public. Qui sont les amateurs (ville, pays, âge, sexe, réseaux sociaux utilisés, habitudes de consommation de musique, artistes préférés, passions, intérêts, opinions, valeurs) de mon genre musical ? Ne pas identifier clairement son audience, c’est s’envoler musicalement avec déjà du plomb dans l’aile.

Aussi, l’autre erreur qui maintient les artistes musiciens burkinabè dans la léthargie est l’absence d’un site web. En  plus de ses réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter…), l’artiste qui veut gagner en professionnalisme et en résultat, doit se doter d’un véritable site web pour promouvoir (lecteur de musique, concerts, vidéos, biographie, actualités, etc.), et surtout contrôler son image. Combien sont-ils les artistes burkinabè qui disposent d’un site web ou d’une liste d’emails de ses fans? Or, cette liste, tout comme le site web, est le meilleur moyen sur Internet pour vendre sa musique, créer une connexion unique avec ses fans et avoir une carrière qui dure. Et comme déjà souligné, plus d’une fois,  dans les colonnes de Kulture Kibaré, pour un artiste, c’est se faire Hara-Kiri que de ne pas faire usage de Youtube ou de la vidéo.

Un manque de vision

Youtube est, par exemple, le premier lieu de découverte de musique dans le monde. Ne pas y être présent constitue une faiblesse. Ce réseau permet en effet de publier régulièrement des vidéos centrées sur les chansons originales, reprises, clips, coulisses, etc. du chanteur ou de la chanteuse. C’est pourquoi, au regard de toutes ces exigences, qu’il est indispensable et vital de se concentrer sur sa spécialité (musique) et confier les autres tâches à une solide équipe de professionnels  (agent, manager, producteur, réalisateur de clip, tourneur, webmaster, etc.).

Lors des conférences de presse dédicaces, de nombreux artistes et leur prétendu staff restent évasifs, ou vagues quand vient le moment de décliner leurs stratégies de promotion ou leurs projets, après la sortie de l’album. C’est le signe flagrant d’un manque d’objectifs, voire d’absence de visions. Comme dans tous les projets, il est nécessaire d’avoir des objectifs à court terme (de 6 mois à 1 an) : concerts, ventes, réseaux sociaux, clips vidéos, composition, enregistrement ; à moyen terme (de 1 an à 3 ans) : tournée, formation d’une équipe, médiatisation, droits d’auteur ; et à long terme (de 3 ans à 10 ans) : tournée internationale, signature avec un label, parrainages, collaborations majeures, etc.

En matière d’art, les goûts ne se discutent pas. Un artiste doit donc intégrer cette vérité immuable : beaucoup valideront sa musique et beaucoup la rejetteront. D’où l’inutilité de tenter de répondre, sur les réseaux sociaux, aux critiques infondées ou non construites. Réagir aux attaques personnelles, ou rumeurs est tout simplement une perte de temps. Cette tâche revient, sous d’autres cieux, au «service communication» de l’artiste.

Des artistes burkinabè en disposent-ils ? La quasi-présence  ou les « directs » ont certes fait la notoriété de certains artistes dans des pays de la sous-région, mais mal maîtrisés ou utilisés, ils peuvent, comme tous les facteurs, relevés plus haut, affecter dangereusement le capital crédit d’un artiste auprès des mélomanes, et partant ruiner insidieusement sa carrière.

La Rédaction

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COMMENTAIRES

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    André Bama 4 ans

    Merci frère pour ça. Très pertinent comme argument.