Il y a le parc, il y a le musée…

Il y a le parc, il y a le musée…

Le Burkina Faso, jusqu’à une certaine époque manquait  d’un lieu formel de restauration et de conservation des souvenirs de son identité. La création d’un Musée national interviendra le 13 novembre 1962. D’abord rattaché à la Présidence du Faso, il sera plus tard érigé en Etablissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique, doté d’un Conseil d’administration, à partir de mars 2002. Aujourd’hui, le Musée national du Burkina Faso (MN/BF) est sous la tutelle du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme.

Notre « Plus qu’un lieu de mémoire… » (slogan) est aménagé sur un terrain de 29 hectares, à Ouagadougou. Il abrite quelques bâtiments administratifs, des salles d’exposition, un théâtre d’à-peu-près 500 places, etc.  L’établissement offre à voir aux Burkinabè et au reste du monde près de 14 000 objets ethnographiques, archéologiques, contemporains et divers.

Mais, rendez-vous compte que la maison de préservation et de restauration de notre patrimoine identitaire, en 60 ans d’existence, ne dispose ni d’infrastructures adaptées ni de moyens technologiques et techniques adéquats pour un conditionnement satisfaisant des œuvres. D’ailleurs, le potentiel des musées semble méconnu du public burkinabè. Pis encore, les institutions muséales, chez nous ici, sont considérées comme de dépotoirs d’antiquité. Il y a problème.

Lire aussi : https://kulturekibare.com/2022/05/23/culture-et-developpement-durable-le-pouvoir-des-musees/

Il serait alors judicieux et ingénieux de balayer ces clichés et d’investir sérieusement dans nos musées. Certains pays l’ont compris. Le Burkina Faso, traine encore le pas. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2020/02/12/biens-culturels-burkinabe-se-trouvant-en-france-restitution-daccord-infrastructures-museales-adequates-dabord/

Après les « Habitas du Faso » en 2021, qui mettent non seulement en valeur les savoirs et savoir-faire de onze groupes ethniques, nous avons assisté à la pose de la première pierre, le 20 juillet 2023, des travaux de construction d’une infrastructure moderne au sein du MN/BF. Il s’agit d’un parc de loisirs d’une superficie de 4500 mètres carrés. Il comprendra une piscine à vague, une piscine avec des toboggans géants, une piscine pour les enfants, une salle polyvalente de  600 places, un restaurant de 350 places, un pep dénommé le village, le tout avec un parking automobile de 230 places. D’un coût de 5 milliards FCFA le projet est réalisable en 18 mois à travers un partenariat public privé (PPP).

Ce parc avec toutes les commodités récréatives possibles, si l’on y croit, ne reflète cependant ni le visage ni l’identité du Burkina Faso comme le cas des onze « Habitats du Faso ». Il va juste servir d’appât pour une fréquentation accrue du MN/BF.

Il y a d’un côté le parc et d’un autre côté le musée. Ne troquons pas les commodités du parc aux galeries d’exposition du musée. Avons-nous pris toutes les dispositions nécessaires pour établir le lien direct entre les loisirs et le passage oblige dans les salles d’exposition ?

Nous osons croire que l’implantation du joyau en vue, ne vise pas seulement à créer des emplois, occuper l’espace inexploité, engranger des recettes considérables pour le MN/BF. Et si c’est l’objectif, nous passerons à côté de la plaque. Il faudrait faire en sorte que cette infrastructure moderne contribue à faire du musée, un musée et non le nid de la dépravation des mœurs. Alors ouvrons l’œil et le bon !

La Rédaction 

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