Gestion du BBDA : L’administration est-elle une continuité?

Gestion du BBDA : L’administration est-elle une continuité?

L’administration est une continuité, a-t-on l’habitude d’entendre. Mais, peut-on en dire autant de la direction générale du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) ? Entre juin 2016 et juin 2023, ce sont trois directeurs généraux qui se sont succédé dans cette maison de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins.

Loin de faire le procès de chacun d’eux (ce qui n’est pas d’ailleurs notre intention), ce qui nous préoccupe c’est la dynamique des actions entreprises qui tend à se relâcher.

Le 29 juin 2016, un entrepreneur culturel et un communicateur averti, Wahabou Bara s’est installé dans ses fonctions de directeur général du BBDA. Il venait d’hériter de la gestion de Kouliga Nikièma. L’ex-manager d’artiste, diplômé de la filière Arts, gestion et administration culturelles (AGAC) de l’Université Josep Ki-Zerbo était bien rompu aux arcanes du paysage culturel et artistique. Walib Bara, comme le surnomme ses pairs du show-business n’était donc pas un inconnu dans l’inconnu. Il a relevé des faiblesses du BBDA et a travaillé à combler le vide sur l’existence de la culture du droit d’auteur au BBDA, compris dans son contexte national ; le faible taux de recouvrement des redevances, entre autres. D’ailleurs, son successeur Samuel Garané lui reconnaît les réalisations suivantes : la mise en place de l’Assemblée générale du BBDA, l’opérationnalisation du premier plan stratégique de développement du BBDA 2017-2020 qui a favorisé l’augmentation des collectes, fonds d’Aide aux membres âgés (AMA), la Commission d’identification des œuvres littéraires et artistiques (CTIOLA), l’adoption de la loi 048-2019/AN portant propriété littéraire et artistique. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2020/12/24/bbda-les-realisations-de-wahabou-bara-en-quatre-ans-de-gestion/

Pendant le management de Walib Bara, les actions de plaidoyers se sont multipliées auprès des utilisateurs d’œuvres de l’esprit. Des responsables de formations et partis politiques ; des promoteurs de cabinets médicaux, cliniques et polycliniques ; des propriétaires des buvettes, maquis, bars, restaurants, salons de coiffure, sans la moindre contrainte, s’acquittaient des redevances du droit d’auteur grâce à une campagne de sensibilisation adaptée. Lire aussi :https://kulturekibare.com/2020/10/30/droit-dauteur-en-periode-electorale-10-formations-politiques-a-jour-au-bbda-avant-louverture/

Les recouvrements, les rencontres, les plaidoyers, etc. étaient médiatisés dans le seul but de galvaniser les brebis galeuses à payer les droits d’utilisation des œuvres. Jamais le BBDA n’avait autant communiqué et sensibilisé sous l’ère Bara. Loin de jouer le griot, c’est un fait indéniable. Lire aussi :https://kulturekibare.com/2021/07/26/bbda-le-nouveau-dg-samuel-garane-et-ses-4-axes/

Nul n’est irremplaçable. Le 22 juillet 2021 M. Bara a passé le témoin à Samuel Garané, juriste et administrateur des services touristiques. Ce dernier, discret, entendait consolider les acquis et faire adopter des textes pour achever la plénitude juridique de la loi 048-2019/AN portant propriété littéraire et artistique ; optimiser le recouvrement en capitalisant les actions de son prédécesseur sur la sensibilisation ; rendre la gestion des droits collectifs plus transparents ; impliquer de nouvelles technologies ou les nouvelles formes d’exploitation des œuvres littéraires et artistiques. Malheureusement, Samuel Garané n’a pas disposé de temps, puisqu’il est remplacé en janvier 2023.

Si l’administration est vraiment une continuité, les résultats engrangés par Wahabou Bara et l’élan de Samuel Garané devraient servir d’appui et d’orientation pour le successeur, malgré l’instabilité de l’institution. Le nouveau DG du BBDA, le docteur Hamed dit Patindeba Patric Lega en est-il conscient ? Rien n’est moins sûr.

En six mois de gestion, il semble diriger le curseur de son management sur un plan de retraite et de protection sociale pour tous les acteurs culturels. Malheureusement, ses actions sont moins explicites et moins visibles. Les termes juridiques et/ou techniques doivent être nécessairement clarifiés et accessibles pour le citoyen lambda en général et l’artiste membre en particulier. Il faut alors utiliser la manière et surtout le canal qu’il faut pour la sensibilisation et la vulgarisation de sa vision, car la culture du droit d’auteur n’est pas encore intériorisée. L’élan du nouveau DG du BBDA, Patric Lega nous laisse pour le moment perplexe. Il est impératif pour lui de recadrer le tir avant qu’une certaine opinion ne fasse son procès avant l’heure.

La Rédaction

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