Insuffisance de candidatures en langue nationale/SNC 2023 : Pourquoi s’étonner ?

Insuffisance de candidatures en langue nationale/SNC 2023 : Pourquoi s’étonner ?

Bobo-Dioulasso, la capitale culturelle et économique du Burkina Faso, a accueilli du 29 avril au 6 mai 2023, l’un des plus grands évènements populaires de promotion et de valorisation de la culture et des arts du terroir. Il s’agit de la Semaine nationale de la culture (SNC). Cette biennale initiée en 1983 est aujourd’hui, un véritable espace d’expressions artistiques de tous les groupes ethniques qui composent notre pays.

En effet, le Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) qui met en compétition les disciplines artistiques traditionnelles et modernes, traduit toute la singularité de ce grand rendez-vous des communautés. Sans marginalisation ni discrimination aucune, des artistes et des groupes d’artistes des 13 régions du Burkina Faso viennent s’affronter en danse, chant, musique, littérature, etc. tout en exposant leurs savoirs et savoir-faire identitaires devant un jury.

Cette année encore, la tradition a été respectée. Mieux, le comité national d’organisation (CNO) a jugé ingénieux, nécessaire et indispensable de subdiviser les disciplines, dans la catégorie A, c’est-à-dire Arts du spectacle notamment en pool adulte. D’une part les disciplines d’expressions traditionnelles (danses traditionnelles, musique traditionnelle et instrumental, vedette de la chanson traditionnelle et les chœurs populaires) et d’autre part, les disciplines d’expressions modernes (orchestre, création chorégraphique et slam). C’est d’ailleurs l’une des innovations du GPNAL de la 20e édition de la SNC, à en croire la secrétaire technique de la biennale, Christiane Sanon.

Alors, il est de toute évidence que les expressions culturelles et artistiques traditionnelles sont, de plus en plus, promues et valorisées.

Cependant, à notre grand étonnement, dans la catégorie C, Littérature (où les disciplines concernées sont le roman, la nouvelle, la poésie et le conte pour adulte en français et en langue nationale), le concours en langue nationale n’a pas pu se tenir en raison de l’insuffisance de candidatures. Sur plus de 20 millions de Burkinabè, c’est seulement 124 manuscrits en français qui étaient en lice pour la compétition.

Il y a mille et une raisons de s’interroger sérieusement, dans un pays en quête de ses vrais repères culturels et artistiques, pour mieux se projeter dans le temps et dans l’espace. Il y a mille et une raisons de s’inquiéter n’est-ce pas ?

Effectivement, les auteurs en langue nationale, ne courent pas les rues. Soyons moins pédants pour ne pas dire qu’il y a un manque criard ou presque pas d’œuvres dramatiques, de roman, de nouvelle, de poésie ou de conte en langues maternelles.

C’est sans doute, cette situation inconfortable qui a motivé les comédiens et auteurs, Hyppolitte Kanga et Sidiki Yougbaré, à poser les jalons des RITLAMES (Rencontres internationales de théâtre en langues maternelles). Leur engagement, est justement de créer un cadre à la fois artistique, culturel et éducatif pour promouvoir, valoriser, magnifier et encourager les auteurs en langues maternelles. Ce nouvel espace qui annonce sa troisième édition les 15, 16, 17 et 18 novembre 2023 à Ouagadougou, a d’ailleurs déjà lancé et formé une quarantaine d’auteurs en mooré, fulfuldé et Djoula, en mars 2023. L’objectif est clair : alphabétiser des auteurs afin qu’ils sachent lire, écrire et créer dans leurs langues maternelles.

Par cette même tribune des RITLAMES, le duo Kanga-Yougbaré, saisit l’occasion à chaque édition pour rendre hommage à des illustres personnalités qui s’investissent dans la promotion et la valorisation des langues nationales. C’est alors que le prince de Dagasso, sa Majesté Salia Sanou ; le PDG de Savane Médias, Sidnaaba Boubacar Zida et Benoît Ouoba, promoteur de la radio Tin Tua ont été couronnés en 2021, et Rasmané Compaoré dit Rasmane Bassam en 2022.

Nous sommes tous conscients que si nous en sommes là, c’est parce que notre système éducatif formel ne nous autorise même pas le dialogue en langues nationales dans nos classes d’école, le français étant la langue officielle privilégiée. N’est-ce pas là qu’il faut résoudre, en amont, ce problème à mille inconnus ?

Pourquoi s’étonner que le concours en langue nationale n’ait pas pu se tenir en raison de l’insuffisance de candidatures à la SNC 2023 ? Notre complexe d’infériorité ? Vous avez peut-être la réponse !

La Rédaction

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