Editorial : Il faut effrayer la peur 

Editorial : Il faut effrayer la peur 

L’industrie musicale se porte visiblement mieux dans certains pays du monde. La vie des stars fait rêver là-bas, loin de nous, comme aux Etats-Unis, au Nigéria, en France, etc. Les vedettes de la musique vivent dans un luxe que peu de gens peuvent se permettre. Appartements huppés, bolides hyper chers, coût des shopping qui donne des tournis… En tout cas c’est le paradis sur terre, d’être une star qui a la cote, le succès et la fortune. Seulement, tout le monde n’est pas une star dans la musique.

Au Burkina Faso, pays situé en Afrique de l’Ouest, il y a également des stars de la musique. Mais, nous ne pouvons pas avoir cette prétention de dire qu’elles ont une réputation internationale à l’image du roi de la pop américaine, feu Michaël Jackson. Non. Le moins qu’on puisse dire, nos stars sont stars chez nous, sur le territoire national. Elles triomphent dans un environnement uniquement local.

Vous n’ignorez pas que l’industrie musicale burkinabè est toujours au stade embryonnaire. Notre premier major, Seydoni Production qui semblait nous sortir de l’ornière a, en si bon chemin freiné nos espérances. Bref ! Nous sommes toujours à la traine au niveau sous régional, ouest-africain, quand on évoque industrie de la musique.

Le Mali, voisin, a Oumou Sangaré qui collabore avec des stars américaines. La Côte d’Ivoire, voisine, a Magic System qui joue dans la cour des grands en Europe et un peu partout dans le monde. Le Burkina Faso a son Kundé d’or (cérémonie prestigieuse de récompense des musiciens) qui tente depuis une vingtaine d’années de donner de la visibilité à son showbiz. Cet évènement, cependant semble être plus du miroir aux alouettes plutôt qu’un véritable tremplin de l’internationalisation de nos stars locales. La preuve, 20 ans après aucun des lauréats d’Or n’a pu conquérir ni le continent africain ni les autres continents. Il faut se remettre en cause.

Une nouvelle génération d’acteurs culturels entend changer la donne. Certains d’entre eux sont ambitieux. Cette ferme volonté de s’affirmer répond bien à des étapes. Le ton a été donné par Destiny Prod avec son produit Amzy, Propulsion Prod avec Kayawoto, Takoun Production avec Tanya et encore dernièrement, Focus Prod avec Duden’J. Jusque-là, il leur manque la manière adéquate et efficace pour percer le marché international et s’imposer en véritables maîtres.

Si ces jeunes ont au moins le mérite d’avoir révolutionné le marketing de la musique burkinabè (se vendre de plus en plus cher au niveau local; signer avec des grandes entreprises pour la publicité; faire du business musical en diversifiant les sources de revenus, oser des clips à des coûts faramineux, etc.) la véritable voie du succès international peine à se dessiner. Toutefois, il faut encourager ces efforts. Restons optimistes.

Peut-être le projet musical « Magic » du 10 décembre 2022 qui se profile à l’horizon va véritablement donner le ton. En effet, l’artiste-rappeur Duden J prévoit un spectcale à 100 000 Fcfa l’entrée. C’est pour lui, un rêve, non pas dans le sens de s’autoproclamer « premier artiste burkinabè à organiser un concert à 100 000 Fcfa le ticket d’entrée » mais, plutôt un engagement à faire changer les mentalités des Burkinabè et par ricochet insuffler une nouvelle dynamique au showbiz burkinabè.

Il le fallait. Il faut oser. Il faut dompter la peur. Oui, il faut effrayer la peur. Cette personnification, qui paraît si drôle doit être perçue comme une marque de rupture avec les vieilles habitudes du showbiz local. Autrement dit, il faut être utopique. L’utopie fait avancer le monde. Et ça, nous croyons que le rappeur et son staff ont compris. Organiser un spectacle musical à 100 000 Fcfa dans un contexte actuel du Burkina Faso, économiquement morose où le sponsoring n’existe presque plus, est un vrai courage, un signal fort de la musique burkinabè. 

Si Duden J et Kenzo Cash Liguidi le réussissent, il faut sans doute se dire qu’une nouvelle ère du showbiz va s’ouvrir. Par contre, s’ils échouent, c’est tout le showbiz musical qui va revivre la même galère encore pendant des années. Il est alors temps d’entrer dans la cour des grands. Il faut aussi respecter l’artiste et la création artistique des Burkinabè, il faut les soutenir. Et ça commence d’abord par toi qui nous lis.

La Rédaction

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