Reports des évènements culturels : Et pourtant « il faut aller vite » !
Après le coup d’Etat du 30 septembre 2022, nous avons craint que le secteur de la Culture ne soit à nouveau éprouvé. Hélas, nos craintes semblent désormais fondées. C’est-à-dire, la valse des reports d’évènements culturels est une réalité comme ce fut le cas lors de la survenue de la pandémie de la COVID 19.
Le top de départ de ces « reporté à une date ultérieure » a été donné par le promoteur des Rencontres musicales africaines (REMA). Il avait prévu tenir son évènement les 13, 14 et 15 octobre 2022, à Ouagadougou.
Et pendant qu’on s’y attendait le moins, c’est le secrétaire général du ministère du Développement Industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises, assurant l’expédition des affaires courantes, qui portera à la connaissance du public que la 16e édition du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), prévue du 28 octobre au 6 novembre 2022, est aussi reportée à une date ultérieure. La 25e édition des Galian, récompensant, chaque année, les meilleures productions journalistiques, qui devait avoir lieu, le 21 octobre 2022, connaîtra le même sort. Il en sera de même pour la 21e édition des Kundé.
Reste à espérer que la Semaine Nationale de la Culture (SNC), dans un mois, soit du 26 novembre au 03 décembre 2022 ne sera pas, elle aussi, reportée… En attendant, la question qui devrait être posée est celle-ci : A qui la faute ?
De prime abord, le coupable désigné est sans doute celui qui a perpétré le coup d’Etat, le 30 septembre 2022. Mais, à la décharge des nouvelles autorités, les secrétaires généraux ont été chargés de l’expédition des affaires courantes. Mieux, ils ont été autorisés à exécuter le budget de leur département respectif.
En d’autres termes, ils ont reçu les pleins pouvoirs pour délier le cordon de la bourse. Les REMA, les Kundé, le SIAO et les Galian pouvaient donc, à notre avis, se maintenir. Aucune justification valable ne pouvait persuader d’un report sauf cas ultime de force majeure.
Comme vous l’aurez constaté, Dieu merci, le coup d’État, a eu lieu sans effusion de sang. Du moins, c’est ce qui est officiel. Et les seules manifestations auxquelles nous avons assistées n’avaient que pour seul but d’exiger le maintien du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir. Il n’y a pas eu de guérilla urbaine (nous nous en tenons à la version officielle) ni affrontements ayant occasionné des morts d’hommes. Et sur la question de ces manifs, les choses sont rentrées visiblement dans l’ordre.
Quels dangers donc couraient les organisateurs des REMA, des Kundé, du SIAO ou encore des Galian ? Fermeture des frontières ? Restriction des mouvements? Il n’en est pourtant rien. Aux organisateurs seuls de ces évènements reportés, de nous le dire !
C’est pourtant dans ce même contexte que se tiendront sans aucun report la 12e édition des Récréâtrales (du 29 octobre au 5 novembre 2022), la 2e édition des Partages artistiques pour la jeunesse (PAJE) du 8 au 12 novembre 2022, la 2e édition de Kaïros (les 27, 28 et 29 octobre 2022), le concert de Dez Altino (29 octobre 2022) et bien d’autres manifestations culturelles.
Nous pensons qu’on pouvait maintenir les événements et même les placer sous le parrainage du nouveau chef d’Etat, Ibrahim Traoré qui veut aller vite : « au Burkina, tout est urgent…on va devoir aller vite…nous sommes en octobre, l’année est bientôt finie, mais supposez que ça commence. Dans les trois mois nous devons pouvoir faire ce que nous devrions faire dans les 12 mois ». Le message étant pourtant clair.
La peur, la frilosité, la fuite en avant, etc. sont sans doute pour quelque chose dans ces reports en cascade injustifiés. Malheureusement, c’est une perte d’énergie et d’argent. Et c’est fort dommage.
La Rédaction