Assises nationales : La culture, grande absente

Assises nationales : La culture, grande absente

Les Assisses nationales, tenues les 14 et 15 octobre 2022, ont vu la désignation du capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, pour diriger la Transition au Burkina Faso, pour les 21 prochains mois.

Cette rencontre cruciale a, comme on le sait, réuni les « forces vives » de la nation. Les différentes composantes à ce conclave continuent sans doute de faire débat. Qui est plus indispensable que qui dans cette entité ? Difficile ou peut-être facile à répondre. En tout cas, c’est la raison du plus roublard dans cette billebaude qui l’emporte.

Une chose est sûre, presque tous les maillons de notre société ont vu leurs organisations ou leurs individus les représenter. Cependant, l’absence d’Acteurs (avec grand A)  culturels représentants toutes les corporations de la culture, des arts et du tourisme sur la liste des participants ne passe inaperçue.

Nous avons certes constaté des leaders coutumiers. Mais, ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Ces leaders coutumiers ne peuvent en aucun cas représenter la culture et les arts. Et c’est ici qu’ont péché les personnes chargées de la composition de la liste des participants aux Assisses nationales.

Alors, comme cela est de coutume, la culture n’est importante que dans le discours politique. En ce qui concerne la réalité, les faits parlent d’eux-mêmes. Malheureusement, le secteur culturel et artistique semble ne pas avoir été pris en compte dans ce grand rendez-vous de l’histoire de notre pays.Le hic est qu’il s’agit, au risque de nous tromper, de la énième fois. Cela a été, en effet, le cas lors de l’adoption de la Charte de la transition après l’insurrection populaire (2015), et après le coup d’Etat du 24 janvier 2022. Or, à l’instar des autres composantes, le secteur culturel a aussi son mot à dire. C’est d’ailleurs son droit le plus légitime de se prononcer sur les affaires de notre pays. En quoi, par exemple, le secteur de l’économie informelle est-il plus habilité à prendre part aux Assises nationales que celui de la culture ?

D’aucuns estimeront qu’il serait laborieux et même difficile de prendre en compte tout le monde, mais il est tout de même impensable de tenir ce type de rencontre sans la note des acteurs de la culture et des arts. Personne n’est plus indispensable que personne. Nous devons garder en mémoire que tous s’équivalent.

En plus de son statut de pays culturel par excellence, ne perdons pas de vue que le Burkina Faso, c’est le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le Salon international et de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), la Semaine nationale de la Culture (SNC), ses grands Hommes de culture (morts ou vivants) qui ont marqué l’histoire et sa kyrielle d’évènements culturels et de festivals. La culture, les évènements culturels et même des artistes ont contribué amplement à persuader des partenaires techniques et financiers à l’international quant à l’investissement dans notre pays.

Qu’à cela ne tienne, il faut éviter de sombrer dans un pessimisme béat. La Transition est en marche. Et c’est tout le mal à souhaiter pour une conduite très apaisée des nouvelles autorités et les Burkinabè de manière générale.

Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ainsi, à la décharge des nouvelles autorités ou de toute autre personne morale ou physique chargée de l’élaboration ou de l’adoption de la Charte de la transition,   cette non implication des acteurs culturels dans le processus démocratique en cours dans notre pays ne doit pas aussi surprendre. Disons-nous la vérité, les organisations de la société civile culturelle, la plupart, sont des coquilles vides, des regroupements de personnes sans aucune vision fédératrice bâtie sur des intérêts collectifs clairs. Ceci explique peut-être cela. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2021/07/27/osc-culturelles-burkinabe-une-crise-va-eclater-si-jamais/

Que nous enseigne cette situation des Assises nationales sans l’invitation officielle d’un homme ou femme de culture et des arts à la table ? Ou qu’est-ce que cela révèle ? Le manque de sérieux, la désorganisation, les guéguerres  burlesques ou les querelles intestines ou encore l’absence d’union ? Les acteurs culturels ne peuvent, par conséquent, et c’est notre point de vue, que s’en prendre à eux-mêmes.

A quelque chose, malheur est bon, a-t-on coutume de dire. C’est donc l’occasion de taire les bagarres de chapelle qui ont pignon sur rue dans le milieu culturel et s’unir, ou du moins, fédérer les énergies, les intelligences et les actions de façon sincère et sérieuse pour se faire valoir. Le temps est venu d’avoir un ou des interlocuteurs crédibles, sérieux, transparents, neutres, rassembleurs et intègres dans le secteur de la culture, des arts et du tourisme, et auxquels peuvent s’adresser toute autorité. Est-ce impossible d’en trouver ? D’ores et déjà, il y a des noms ou des renégats  à bannir impérativement.

La Rédaction

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