« Macth d’impro » 2022 : Une 2e édition accueillie favorablement
L’espace Napam Beogo, Ouagadougou, a accueilli la deuxième édition du « Match d’impro », dans la soirée du 18 août 2022. Plusieurs danseurs se sont exprimés artistiquement en improvisant devant un public attentif.
Le « Match d’impro » est un concept du danseur chorégraphe burkinabè résidant à Bruxelles (Belgique), Tierema Levy Koama. Depuis l’année dernière, il a eu l’idée de proposer un cadre de rencontre et d’échange entre danseurs amateurs et professionnels. Il s’agit d’une scène ouverte à tout type de danseur, capable d’improviser en public. Le « Match d’impro », indique son promoteur « c’est questionner son univers artistique, c’est questionner son corps pour le mettre dans l’espace. Cela peut servir au danseur et lui permettre d’avoir des axes sur lesquels il pourra s’appuyer pour ces futures créations. Parce qu’il y a des danseurs qui n’osent pas. Ils sont timides de nature. Et cela pourrait peut-être les aider à pouvoir avancer dans leur propre recherche », a-t-il expliqué. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2022/08/11/danse-un-match-dimpro-pour-sexprimer-librement-et-repousser-ses-limites/
La deuxième édition a tenu toutes ses promesses. Huit danseurs se sont exprimés. Pendant une quarantaine de minutes, Jean Robert Koudogbo Kiki, Paul Kaboré, Olivier Gansonré, Ismaël Guira, Florent Nikièma, Levy Himself, entre autres, ont étalé un savoir-faire artistique de façon spontanée et improvisée. C’est-à-dire que les différentes représentations individuelles et/ou collectives n’ont pas été répétées au préalable. C’est d’ailleurs ce que confirme Florent Nikièma. Son intervention a été l’occasion de découvrir son style et son feeling à l’impro. « Ce que j’ai présenté, c’est mon identité, c’est qui est Florent Nikièma ? C’est qu’est-ce que Florent Nikièma fait ? C’est aussi qu’est-ce qu’il vit ? », a-t-il laissé entendre.
Si les autres intervenants dansaient au rythme de la musique, lui Florent, par contre, était indifférent au son. « La musique est la dernière des choses. Sinon, je pars d’un cri, d’un soupir, d’un hurlement intérieur afin de pouvoir extérioriser mon ressenti par les mouvements. En réalité, je n’entendais rien, je prêtais juste attention à tout ce qui se passait autour de moi ».
Le spectacle servi, n’a pas laissé certains spectateurs indifférents. C’est le cas de la comédienne-metteuse en scène, Odile Sankara. A l’en croire, le « Match d’impro » est d’abord la preuve qu’il y a de la potentialité artistique au Burkina Faso. « On perçoit les potentialités individuelles, les formations de chacun, les parcours, les écoles, etc. Il y a de la matière », a-t-elle apprécié. Elle a également perçu à travers les gestuelles des danseurs sur la scène des expressions qui dépeignent la situation actuelle du Burkina Faso. « Il y a des moments complètement, je vois mon pays, ce qu’il traverse. J’ai vu aussi une sorte d’universalité. J’avoue que j’ai passé un très bon moment », a-t-elle soutenu.
L’autre sommité de la danse chorégraphique au Burkina Faso était également présente. Il s’agit de Seydou Boro. Pour lui, le « Macth d’impro » est salutaire. Il permet aux spectateurs de voir le processus d’une création. « L’improvisation nous permet de pouvoir poser la danse comme un langage réfléchi. Et c’est bien que le spectateur se rende compte qu’il y a d’abord d’autres étapes avant d’être sur scène », a exprimé Seydou Boro. Et d’ajouter « quand on regarde tous ceux qui étaient sur le plateau, il y a du potentiel. Pour improviser, il faut que tu aies la capacité de savoir ce qui se passe autour de toi, connaître l’espace et quelle gestuelle proposée ».
L’initiateur du concept « Match d’impro » ambitionne un jour de proposer un tel cadre aux promoteurs de festivals. Mais avant, il donne rendez-vous à tous les adeptes de la danse, l’année prochaine pour la troisième édition.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré