Crise sécuritaire et pratique du théâtre au Burkina : La Fenatheb en conclave

Le président de la Fenatheb, Paul Zoungrana (débout) plante le décor avant de laisser le comédien et metteur en scène, Ildevert Meda présider le séminaire

C’est en prélude de la célébration de la Journée mondiale du théâtre, prévue le 27 mars prochain, que la Fédération nationale du théâtre au Burkina (Fenatheb), a initié ce séminaire. Il s’agit de réfléchir sur la situation du théâtre au Burkina Faso, les problèmes qui concernent ce métier et de proposer des solutions. « Cette année, nous nous préoccupons de la situation de la crise sécuritaire qui touche la plupart des régions de notre pays et qui touche intrinsèquement aussi le métier de notre théâtre dans son existence, dans sa pratique, etc. », a expliqué d’emblée le président de la Fenatheb, Paul Zoungrana. De son avis, célébrer ne veut pas nécessairement dire être festif. La situation sécuritaire qui prévaut au pays des Hommes intègres met en mal l’existence du théâtre dans six régions, et cela devient de plus en plus préoccupant pour les professionnels du 6e art. Un conclave pour repenser l’approche dans un tel environnement morose s’impose.

C’est pourquoi ces 48 heures de séminaire de réflexion vont se pencher sur le théâtre et son avenir. « Nous réunissons des personnes ressources sur les questions théâtrales et sécuritaires, des personnes qui peuvent nous accompagner à chercher des solutions pour que le métier puisse contribuer de façon résiliente à apaiser la situation dans notre pays », a soutenu Paul Zoungrana.

Au terme des travaux, les participants venus de plusieurs régions du pays dont l’Est, devraient faire des propositions d’actions concrètes qui permettraient aux acteurs des zones les plus touchées surtout de pouvoir continuer à exister.

Souleymane Sawadogo, représentant la section Fenatheb de Fada N’Gourma

Souleymane Sawadogo dit King Solo représente la région de l’Est. Ce séminaire est d’abord pour lui, un cadre pour s’exprimer et se faire entendre en tant qu’acteur du théâtre vivant dans une zone d’insécurité. C’est ensuite un espace pour proposer une forme de résilience. « Je crois qu’à l’issue de ce séminaire, nous allons produire un très bon rapport qui va nous permettre de relancer le théâtre dans ces zones touchées », a confié celui-ci. Il a, en perspective de proposer une autre forme de théâtre en l’occurrence le théâtre radiophonique, car le souci dans les zones rouges sont les attroupements. « A Fada N’Gourma ville, ça va un peu, mais à partir de 5 kilomètres de Fada, vous ne pouvez plus faire du théâtre », a informé King Solo.

Au-delà de la crise sécuritaire, il y a une autre crise qui secoue en ce moment la société civile culturelle. Il s’agit de la gouvernance de la culture et du comportement de certains acteurs culturels décriés par la Fenatheb à travers un communiqué du 12 mars 2022. Loin de s’inscrire dans la démarche arbitraire et partisane de la Confédération nationale de la culture (Cnc), la Fenatheb avait invité à « repenser les fondements de la gouvernance de notre culture ». Le sujet sera-t-il abordé pendant ce séminaire ? « On va plus se focaliser sur la situation nationale du théâtre dans cette crise sécuritaire », a clarifié le président de la Fenatheb.

Malick SAAGA

Kulture Kibaré