Situation nationale : La culture burkinabè et ses acteurs en péril
La culture burkinabè est-elle une éternelle victime des circonstances et des aléas sociopolitiques de notre pays? Tout porte à le croire, malheureusement.
Depuis un certain 15 janvier 2016, où le Burkina Faso a connu sa première attaque terroriste, la culture est devenue au fil des ans, le secteur le plus touché par le terrorisme ou du moins par ses dommages collatéraux, à cause de la difficulté à se rendre dans certaines parties du pays. Personne n’ignore que la restriction des mouvements pour donner du spectacle (par exemple) est un coup dur pour les professionnels qui vivent au quotidien des arts de la scène (musique, théâtre, danse, conte, etc.).
Alors que la culture et les arts tentaient de se sortir de l’eau en se contentant des localités qui échappaient jusque-là à l’influence terroriste, le secteur va à nouveau être éprouvée (et l’est toujours encore ?) par la pandémie du Coronavirus et ses effets non moins pervers (mesures barrières, confinement, fermeture des frontières, interdiction de réunion de plus de 50 personnes, etc.). Quel malheur nous tombe dessus! C’est très pénible.
C’est pourquoi 2022 sera perçue avec juste raison comme l’année de la relance, mieux de l’espoir et de la renaissance. Mais, cette lueur d’espoir va être légèrement assombrie par les récents événements politiques que connaît notre pays. En effet, comme on le sait, le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé le lundi 24 janvier dernier par des militaires réunis au sein du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Un couvre-feu est, dans la foulée, instauré. Ce qui n’est pas une nouveauté en pareille circonstance. Bien au contraire. Initialement prévu de 21 heures à 5h du matin, le couvre-feu est aujourd’hui passé de 24 heures à 4 heures du matin. Peu de gens l’auront sans doute remarqué, mais la culture venait d’être affectée pour la énième fois.
Il est de notoriété publique que la plupart des activités culturelles se déroulent presque toujours la nuit tombée. A-t-on jamais demandé pourquoi ? Des raisons objectives existent peut être : la majeur partie du public est généralement libre dans la soirée. Et c’est peut-être l’unique argument des défenseurs de cette thèse. En situation difficile pareille où la culture part en ruine et ses acteurs de plus en plus moribonds, ne serait-il pas ingénieux de s’adapter au contexte?
Organiser un concert ou une représentation théâtrale, ou disons un spectacle en journée ne relève donc pas de l’impossible. Tout ce qu’il nous faut, c’est un changement de paradigme et des actions et décisions courageuses. Il faut s’adapter au moment et continuer d’exister.
Quoi qu’il en soit la réflexion est lancée ! En attendant, les acteurs culturels burkinabè (nous insistons avec grand A) doivent travailler à jouer leur partition ou du moins à être entendus par nos autorités actuelles. Après avoir été les grands oubliés dans une nation post Thomas Sankara, les gens de la culture et des arts devraient donc mettre tout en œuvre pour ne plus être des laissés-pour-compte sous le régime du président du MPSR, avec comme figure de proue le lieutenant-colonel, Paul Henri Sandaogo Damiba.
Le nouvel homme fort du Burkina Faso est un littéraire donc un acteur culturel averti. Depuis sa prise de pouvoir, il initie des rencontres avec les différentes composantes de notre société afin de jeter les bases de la construction d’un Burkina nouveau. Les acteurs culturels burkinabè doivent être partie prenante de ce moment historique que vit notre pays. Plaise à Dieu que le « tombeur » de Roch Marc Christian Kaboré songe à les rencontrer aussi. Car, le temps est peut être venu de bâtir une «culture nouvelle ». Ce rendez-vous avec l’histoire ne doit aucunement être raté.
La culture est perceptiblement en péril en ce moment, et les acteurs de plus en plus vulnérables. Au risque d’enregistrer davantage de clochards dans ce secteur, il faut véritablement s’organiser et arracher sa place même dans un régime exceptionnel. Rencontrer le MPSR et exposer les difficultés actuelles du secteur, s’avère alors impératif.
La Rédaction