Rencontres internationales de poésie de Côte-d’Ivoire : L’écrivaine burkinabè Sophie Heidi Kam parmi les grandes figures

Rencontres internationales de poésie de Côte-d’Ivoire : L’écrivaine burkinabè Sophie Heidi Kam parmi les grandes figures

Les rencontres internationales de poésie dénommées « Poéticales », qui étaient initialement prévues du 8 au 12 mai 2020, se tiennent finalement les 29 et 30 septembre 2021 à Abidjan en Côte-d’Ivoire. L’écrivaine burkinabè, Sophie Heidi Kam y prend part. Elle est intervenue en cette journée d’ouverture, pour une lecture poétique par visioconférence depuis Ouagadougou. 

Le festival « Poéticales » ou encore appelé les rencontres internationales de poésie de Côte-d’Ivoire est une initiative de Tanella Boni, professeure de philosophie, poétesse et écrivaine ivoirienne. Elle a voulu, à travers ce cadre créer des moments de partage et d’échange sur les arts et les lettres. L’esprit de la promotrice est d’arriver à promouvoir la poésie tout en convoquant ses différentes facettes. Les activités, au cours de ce rendez-vous des mots, s’articulent autour de colloque, de rencontres, des ateliers pratiques et surtout de lectures poétiques publiques, entre autres.

Sophie Heidi Kam

Plusieurs grandes figures de la poésie prennent part depuis le Canada, le Mali, le Sénégal, le Sri Lanka, etc. Le Burkina Faso n’est pas en reste. A travers la poétesse, dramaturge, romancière, scénariste burkinabè, Sophie Heidi Kam, le pays des Hommes intègres peut se féliciter d’avoir partagé une lecture parmi tant d’autres.

Alors, notre compatriote depuis sa résidence à Ouagadougou est intervenue par visioconférence pour une lecture poétique. Elle était suivie depuis un amphi de l’Université Felix Houphouët Boigny. Sa lecture poétique a porté sur son poème « A toi », extrait de son œuvre « Pour un asile » (poésie), Les Editions Découvertes du Burkina, Ouagadougou, octobre 2009.

« J’ai voulu un poème léger parce qu’au niveau des Poéticales, ils n’ont pas imposé de thème. C’était donc un poème au choix et avec une lecture d’environ trois minutes par poète. Et comme nous sommes dans des moments assez troubles et tristes à tout point de vue, j’ai voulu quelque chose de léger comme un poème d’amour, qui fait rêver et qui fait voyager », a expliqué Sophie Heidi Kam.

Désirée Aimée Ki-Zerbo (gauche), aussi poète aux côtés de sa collègue Sophie Heidi Kam pour marquer son soutien

C’est aux côtés d’autre grands noms de la poésie comme Lise Gauvin, Malick Diarra, Muriel Augry-Merlino, Indram Amirthanayagam, Alain Naud, Paul Dakeyo et Madeleine Monette, que la poétesse burkinabè a partagé ses vers avec émotions. Selon elle, c’est un honneur et une grande joie qui l’animent en ces circonstances merveilleuses. « Ça fait plaisir de retrouver des figures connues, parce qu’on a eu à se côtoyer soit aux rencontres poétiques de Dakar, soit à Trois-Rivières, soit dans d’autres circonstances. Même si c’est à distance, à travers un zoom, me voir ce visage, aussi de voir le grand Paul Dakeyo lire un texte, c’est très touchant. Ça m’a vraiment émue », a-t-elle manifesté. Ces rencontres de haut niveau, à l’en croire toujours, permettent de savoir qu’elle écrit aussi bien des textes forts, beaux et appréciés, tout ce qui lui permet de grandir.

Son souhait, c’est aussi de voir, un jour un tel cadre de rencontres internationales au Burkina Faso et avec de grandes figures mondiales de la poésie.

Pour ceux qui ne connaissent toujours pas Sophie Heidi Kam, il faut dire qu’elle est l’une des rares écrivaines à remporter huit fois le Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) à la Semaine nationale de la culture (SNC), en plus d’autres importantes distinctions. Elle a à son actif près d’une quinzaine de livres en poésie, théâtre, roman, etc. Plusieurs de ses œuvres sont exploitées en milieux scolaire et universitaire. L’amoureuse des belles lettres vit pleinement sa passion et partage son quotidien entre vie associative, expertise dans des colloques nationaux et internationaux, animations d’ateliers, formations, etc.

Pour tout ce parcours singulier, Sophie Heidi Kam a été élevée au rang de Chevalier de l’ordre national du mérite des arts, des lettres et de la communication, avec agrafe littérature écrite et orale en 2014 au Burkina Faso, puis Officier en 2019.

Malick SAAGA

Kulture Kibaré

Encadré 

Voici le poème de Sophie Heidi Kam qui a fait l’objet de lecture poétique au festival « Poéticales »

À toi

C’est jour de noces sur terre et dans les cieux !

Paré d’une étoffe bleue, le ciel ondule et ondule sans cesse

On dirait un ballet de vagues hautes, une danse de voilages sous le vent

Des anges y naviguent, calmes et doux, dans un froufrou d’ailes grandes comme des feuilles de palmier

Ô merveille des merveilles ! manne et cailles pour ma faim creusée par l’absence !

Longtemps, j’ai vécu prisonnière entre des murs au toit plombé

Ô ciel, gracieusement offert ! festin dans ton royaume, et je renais au seuil des portes entrouvertes

Beautés, noblesses et amplitudes surplombent mon âme séduite

Ta finesse a les traits de son visage d’homme, et ta prestance me rappelle à son souvenir

 

Ballet dans le ciel et mon cœur tressaille à ta pensée, ô toi, homme levé sous le soleil

Tu peuples mes rêves sur une couche de papier à la blancheur de coton

Mon cœur a humé ton haleine et mon ventre s’en est ému, et ma mémoire s’agite et s’agite, sous le ciel ivre de gaieté

Mes sourires célèbrent ton souvenir…

Tes mots, ton regard et tes silences ont trouvé loge et tu m’habites, ô chant ! géniteur de mon chant !

Homme césure dans mes vers, poésie dans mon cœur de femme

Choir en tes strophes ! m’enivrer et dire ta présence du haut de l’absence !

 

L’horizon est une pelouse de jasmins, et mon cœur palpite et palpite, écho à ton souffle, sur les marches du désir

Un bonheur nouveau engage mon âme au royaume où prince tu règnes, sur un trône de mots

Et je te consacre, chevalier dans la cour du poème !

Sur ton front scintille de mille feux, la couronne de mon cœur épris :   Diadème de poésies et vocalises pour ton âme en ces heures, pour la terre qui nous porte, et pour mon cœur reclus dans ses alvéoles creuses

Pour toi, je veux être belle

Alors, viens…

Rimons ce jour de cent mille poésies, en savourant du vin blanc dans des coupes de cristal

Jour de noces et je conte mon bonheur de femme, sur une toile où sommeillent tes yeux

Viens donc asseoir la chaleur de ton front à l’ombre de mon chant, ton chant !

Viens, et honore ta couche, bercée de nos essoufflements, ô douceur de laine sous l’empire de ton corps !

Viens, et sous la ceinture de tes bras, briser l’errance et sa soif !

Pour toi, je me ferai belle !

Viens, et cheville mes pas, au monde…

 

(in Pour un asile, Les Éditions Découvertes du Burkina, Ouagadougou, 2009, P.63-67)

Sophie Heidi Kam

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